«Des armes destinées à l’Ukraine se retrouvent sur notre continent», déplore le président burkinabé
Par AlAhed avec Sputnik
Les armes occidentales expédiées en Ukraine ne finissent pas toutes sur le front Est. Certaines d’entre elles se retrouvent en Afrique, où elles sont achetées par des terroristes, a révélé le président burkinabé de la Transition, Ibrahim Traoré.
Ces circuits parallèles, alimentés par des trafiquants d’armes, aggravent encore les troubles sécuritaires en Afrique, souligne le chef d’État.
Une situation particulièrement préjudiciable pour le Burkina Faso, qui mène sa propre guerre contre le terrorisme.
«J’ai vu dans les médias que le président ukrainien lui-même avait limogé une partie de ses proches pour des faits de corruption sur des équipements militaires livrés. Ça veut dire que ce n’est pas contrôlé et cela se retrouve sur le continent africain», explique-t-il.
«Les terroristes payent les équipements partout, surtout dans les zones de conflit, parce qu’il y a les trafiquants d’armes. Donc ça ne fait qu’aggraver l’ampleur aussi de nos conflits sur place. Nous trouvons donc très dangereux de déverser ces armes de manière incontrôlée, car elles se retrouvent aux mains des ennemis qui tuent nos peuples», ajoute M. Traoré.
Et de poursuivre: «Nous sommes en guerre contre le terrorisme et on s’occupe plus de notre guerre. Ce qu’on déplore seulement, c’est que des armes destinées à l’Ukraine, se retrouvent sur notre continent et continuent à activer notre guerre».
L’Afrique peut faire avancer la paix
Affectée indirectement par le conflit en Ukraine, l’Afrique a par ailleurs un rôle à jouer pour faire progresser la paix, estime Ibrahim Traoré.
Le continent est un acteur international majeur, comme l’a prouvé la tenue du Sommet Russie-Afrique, auquel le dirigeant burkinabé a participé.
À ce titre, la mission de paix africaine, qui a présenté ses propositions aux présidents ukrainien et russe, va donc dans le bon sens, souligne le chef d’État.
«Le continent africain est l’un des grands continents de ce monde. Et je pense que beaucoup d’États africains l’ont exprimé. Tout le monde souhaite que la guerre s’arrête, qu’on trouve des mécanismes pour l’arrêter et pour vivre en paix. Mais chacun aussi doit faire un effort de son côté pour qu’on puisse faire un pas», explique-t-il ainsi.
De nombreux observateurs ont déjà déploré que des armes livrées à Kiev finissent sur les marchés parallèles.
Dès fin 2022, l’ancien président nigérian Muhammadu Buhari avait dénoncé la multiplication d’armes dans le bassin du Tchad, en lien avec le conflit ukrainien.
Le Burkina Faso est particulièrement vulnérable à ces trafics, avait expliqué en juillet à Sputnik l’ambassadeur russe dans ce pays africain et en Côte d’Ivoire Alexeï Saltykov.