Remaniement du gouvernement: Macron se replie sur son camp
Par AlAhed avec sites web
Exit la société civile ! Les «ajustements ministériels» annoncés ce jeudi 20 avril en fin de journée par un communiqué de l'Élysée marquent le retour de la politique au gouvernement.
Après avoir fait la part belle à des figures spécialistes de leur domaine de compétence plus qu'à des personnalités issues du sérail politique ou de la haute administration, Emmanuel Macron change de braquet.
Des arrivées (8 nouvelles têtes parmi les 41 ministres) et des petits changements de poste.
L'urgentiste François Braun cède ainsi sa place au ministère de la Santé à Aurélien Rousseau, haut fonctionnaire, jusqu'ici directeur de cabinet de la Première ministre Élisabeth Borne.
À l'Éducation nationale, l'universitaire et intellectuel Pap Ndiaye doit quitter ses fonctions, remplacé par le très politique ministre Gabriel Attal, ex-porte-parole puis chargé du Budget à Bercy.
Au ministère des Solidarités, l'ex-dirigeant de la Croix-Rouge Jean-Christophe Combe se voit remercier au profit d'Aurore Bergé, l'une des principales figure de la majorité, 36 ans, dont 20 passés à militer, d'abord à l'UMP puis à En marche!.
À la Ville, la députée marseillaise Sabrina Agresti-Roubache, membre du premier cercle du couple Macron, succède à Olivier Klein, ex-maire de Clichy-sous-Bois.
«C'est la prime au copinage et aux zélateurs»
Autre enseignement de ce changement de têtes au sein de l'équipe gouvernementale: l'incapacité à élargir à droite ou à gauche, voire un rétrécissement du camp présidentiel sur sa propre base, seulement un an après la réélection d'Emmanuel Macron.
Gabriel Attal et Aurore Bergé, dans l'aventure depuis 2017, sont d'indéfectibles porte-voix du chef de l'État, ultra-loyaux et fidèles.
Non encarté, Aurélien Rousseau n'en est pas moins un proche du locataire de l'Élysée et de son bras droit Alexis Kohler.
Tout comme la députée marseillaise Sabrina Agresti-Roubache, qui succède à Olivier Klein à la Ville, une intime du couple Macron.
Le nouveau ministre des Comptes publics, Thomas Cazenave, était directeur de cabinet adjoint de l'ex-ministre de l'Économie… Un certain Emmanuel Macron.
«C'est la prime au copinage et aux zélateurs», griffe un député de la majorité. «Le cabinet est devenu gouvernement».
Les parlementaires ont appris les contours du nouveau casting alors qu'ils siégeaient dans l'Hémicycle.
Les premiers noms dévoilés ont eu l'effet d'une douche froide.
«Du foutage de gueule», se lamente l'un d'eux.
Le maire de Dunkerque Patrice Vergriete, ex-PS, est propulsé ministre du Logement.
Il avait publiquement rallié Emmanuel Macron quelques semaines avant la présidentielle de 2022.
La députée Prisca Thevenot, porte-parole Renaissance dévouée à la cause macronienne, devient secrétaire d'État à la Jeunesse, chargée du Service national universel.
La Première ministre, Élisabeth Borne, semble par ailleurs avoir obtenu d'Emmanuel Macron un remaniement plus large que ce qu'il souhaitait à l'origine.
Après avoir été confirmée du bout des lèvres lundi, la cheffe du gouvernement a visiblement pesé sur les arbitrages.
«Ils se sont empaillés pendant trois jours, mais elle a compris la fragilité du bonhomme», décrypte un habitué, selon qui l'ex-préfète aurait très bien pu poser sa démission, si ses préconisations n'étaient pas prises en compte, mettant ainsi en risque le locataire de l'Élysée.
Les émeutes ont de toute évidence fait voler en éclats le scénario des «100 Jours».
Le président a un temps été tenté de promouvoir Gérald Darmanin à Matignon, mais l'opération paraissait trop risquée et clivante pour la majorité.
Le chef de l'État devrait prendre la parole avant de s'envoler samedi soir pour une tournée en Océanie.
Ce jeu de chaises musicales et ces nominations ne suffiront pas, à l'évidence, à insuffler un nouvel élan au pouvoir.
«Aucun bougé d'ampleur, une anecdote géante. Ça laisse tout possible derrière», anticipe un conseiller, espérant, sans doute, un remaniement beaucoup plus significatif d'ici à l'hiver.