Birmanie: la crise politique au menu de la réunion de l’ASEAN
Par AlAhed avec AFP
Les ministres des Affaires étrangères de l'ASEAN sont réunis mardi 11 juillet en Indonésie pour des discussions dominées par la crise en Birmanie, sur fond de divisions entre ses membres sur l'opportunité de réengager le dialogue avec la junte birmane.
La rencontre de deux jours de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (ASEAN) sera suivie par des rencontres avec Pékin, Washington et d'autres puissances, au cours desquelles le secrétaire d'État américain Antony Blinken cherchera à tempérer les assurances chinoises en mer de Chine méridionale.
Divisions
L'ASEAN reste divisée sur les tentatives diplomatiques à adopter pour résoudre la crise birmane.
Le pays est ravagé par des violences meurtrières depuis qu'un coup d'État militaire a renversé le gouvernement d'Aung San Suu Kyi, il y a plus de deux ans, et a déclenché une répression sanglante contre les dissidents.
Ces fractures ont été mises à nu dans un projet de communiqué commun vu par l'AFP, où une section sur la Birmanie a été laissée en blanc, les membres de l'ASEAN n'ayant à ce stade pas réussi à se mettre d'accord sur une position unifiée.
«Le paragraphe est encore en cours de discussion... Les pays membres prennent encore du temps pour proposer leur contribution», a déclaré à l'AFP un diplomate de l'Asie du Sud-Est.
La seule fois où l'ASEAN n'a pas réussi à publier un communiqué commun était en 2012, en raison d'un différend linguistique sur la mer de Chine méridionale.
Des «efforts supplémentaires» ont été entrepris les jours précédant la réunion de l'ASEAN, prélude au sommet de ses dirigeants en septembre, pour unir le groupe autour de la question birmane, a déclaré à l'AFP un diplomate d'Asie du Sud-Est.
Manque d’optimisme
Mais ce diplomate n'est «pas très optimiste» sur l'issue des discussions, soulignant que «quelques membres ont des points de vue différents sur la manière d'aborder le problème».
La Birmanie, membre de l'ASEAN, a été exclue des réunions de haut niveau en raison de l'incapacité de son régime militaire à mettre en œuvre un plan convenu il y a deux ans pour mettre fin aux violences et reprendre les négociations en vue de résoudre la crise.
Les efforts de l'ASEAN pour relancer l'exécution du plan en cinq points sont restés vains, la junte ignorant les critiques internationales et refusant de dialoguer avec ses opposants.
Le mois dernier, la Thaïlande a accueilli le ministre birman des Affaires étrangères pour des «discussions informelles» controversées, ce qui a accentué les divisions entre les membres de l'Association ayant participé à la réunion et ceux qui s'en sont abstenus.
Le Cambodge avait envoyé un jeune diplomate tandis que l'Indonésie et la Malaisie avaient snobé la rencontre.
Les initiatives de l'organisation sont limitées par les principes de consensus et de non-ingérence figurant dans sa charte.
«Il y a un espoir de voir un plan plus clair sur ce que l'ASEAN fera à l'avenir», a déclaré à l'AFP Lina Alexandra, du Centre pour les études stratégiques et internationales basé à Jakarta.
A l'ouverture de la réunion, l'ONG Human Rights Watch a exhorté l'Indonésie, qui préside l'ASEAN, les membres du bloc et leurs alliés à «créer une coalition de gouvernements préoccupés pour [...] faire pression sur la junte» sur les violations des droits humains.