Turquie: un gouvernement rénové et un économiste pour rassurer
Par AlAhed avec AFP
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a présenté samedi soir un nouveau gouvernement presque entièrement rénové.
Le chef de l'État a prêté serment samedi après-midi après sa réélection à la tête de la Turquie pour un troisième mandat.
Le cabinet, qui compte au total dix-sept ministres, se réunira pour la première fois mardi.
Un économiste pour rassurer
Mehmet Simsek, 56 ans, dont le nom circulait avec insistance depuis plusieurs jours, prend le ministère de l'Économie, a annoncé le chef d'État depuis le palais de Cankaya à Ankara, qu'avait choisi le fondateur de la République turque, Mustafa Kemal Atatürk en 1923.
Déjà ministre des Finances (2009-2015) puis vice-premier ministre chargé de l'Économie (jusqu'en 2018), M. Simsek, ancien économiste de la banque américaine Merrill Lynch, aura pour tâche de rétablir un peu d'orthodoxie dans la politique financière du pays afin de ramener la confiance des investisseurs.
Son arrivée doit aussi rassurer les marchés financiers qui l'espéraient.
Il doit notamment mettre fin à la politique des taux d'intérêt à la baisse défendue par le président - à rebours des théories classiques - pour encourager la production, mais qui a surtout fait flamber l'inflation de 73% en moyenne sur l'année 2022 et jusqu'à 85% à l'automne dernier.
Un ancien chef des renseignements aux Affaires étrangères
Parmi les entrants remarquables, Hakan Fidan, ancien chef du MIT, le service des renseignements turcs, prend la tête des Affaires étrangères en remplacement de Mevlut Cavusoglu.
Celui qui dirigeait les «services» depuis mai 2010, est un fidèle du président Erdogan dont il fut déjà le conseiller diplomatique pendant trois ans.
«C'est le gardien de mes secrets, le gardien des secrets de l'État», confiait ainsi en 2012 le président, en décrivant Hakan Fidan comme un «fonctionnaire très bien formé».
Selon une source diplomatique occidentale, Hakan Fidan est «son homme de confiance depuis des années» et aussi celui qui mène les tractations avec le monde arabe, l'Egypte, les Emirats, la Libye et aussi la Syrie avec laquelle le président Erdogan tente de renouer par l'intermédiaire de Moscou.
A la Défense, le chef d'état-major des Armées
Enfin, à la Défense, Yasar Güler, le chef d'état-major des Armées, succède à Hulusi Akar, lui-même ancien chef d'état-major qui occupait ce poste depuis juillet 2018.
M. Akar était considéré comme l'artisan de la résistance au putsch raté de juillet 2016.
Au pouvoir depuis vingt ans, d'abord comme Premier ministre, M. Erdogan a également nommé un nouveau vice-président, Cevdet Yilmaz, un fidèle membre de son parti de l'AKP, député de Diyarbakir (sud-est) et déjà plusieurs fois ministre.