France: procès antiterroriste requis pour 16 membres d’un groupe anti-musulmans
Par AlAhed avec AFP
Le parquet national antiterroriste (Pnat) a requis mardi un procès devant le tribunal correctionnel pour treize hommes et trois femmes soupçonnés d’avoir préparé entre 2017 et 2018 des actions violentes visant les musulmans en France, a appris l’AFP vendredi de sources proches du dossier.
Dans ses réquisitions, le Pnat propose une requalification des faits, initialement considérés comme criminels, en délits, et un procès devant le tribunal correctionnel.
La peine encourue serait donc moins importante, et ce, «en dépit de la gravité des projets proposés» évoquée par le ministère public.
La décision finale sur ce dossier appartient à un juge d’instruction antiterroriste saisi du dossier.
Ces seize membres du groupe clandestin «Action des forces opérationnelles» (AFO), tous sous contrôle judiciaire, sont principalement soupçonnés d’association de malfaiteurs terroriste.
Il leur est reproché d’avoir, à des degrés divers, cherché des armes, fabriqué des explosifs, fait des repérages sur des mosquées en vue d’attaques ou planifié d’utiliser les femmes du groupe, dissimulées sous des niqabs, pour empoisonner de la nourriture halal en supermarché avec un composant de la mort-aux-rats.
Parmi les nombreuses cibles évoquées, dans des projets parfois à peine déclaratifs: «tuer 200 imams radicalisés», le rappeur Médine ou encore le conférencier et prédicateur Tariq Ramadan.
Nombre des mis en cause ont un passé militaire ou ont décrit un attrait pour l’armée.
Un groupe structuré
Au gré des professions actuelles ou passées déclinées par ces personnes âgées de 37 à 74 ans, on retrouve un antiquaire, un diplomate en poste à l’ambassade de France au Salvador, un téléopérateur de nuit auprès des taxis G7, un consultant en ressources humaines, un restaurateur, une comptable, un chômeur, un enseignant en lycée…
Guy S., 69 ans, policier à la retraite, est considéré comme le fondateur et chef d’état-major d’AFO.
Des armes à feu et des milliers de munitions avaient été retrouvées lors de perquisitions chez des suspects, y compris des éléments entrant dans la fabrication d’explosif de type TATP.
Les mis en cause ont «largement contesté avoir eu personnellement l’intention de mener des actions violentes», note le Pnat.
Mais pour le parquet antiterroriste, ce «groupement structuré, hiérarchisé, clandestin» avait pour «finalités réelles […] de préparer ses membres à l’affrontement avec une communauté d’origine arabo-musulmane conçue comme un ennemi mettant en jeu la survie de la culture et l’intégrité de la population française, et d’autre part de préparer des attaques de nature terroriste à l’encontre de symboles ou membres de cette population», les musulmans étant «désignés comme cibles».