L’OTAN déploie des forces supplémentaires au Kosovo après des heurts
Par Alahed avec agences
L’OTAN a annoncé mardi l’envoi de nouvelles forces dans le nord du Kosovo, où des protestataires serbes se sont rassemblés devant une mairie, théâtre la veille de heurts ayant fait une trentaine de blessés parmi des soldats internationaux et une cinquantaine parmi les protestataires.
«Le déploiement de forces supplémentaires de l’OTAN au Kosovo est une mesure de prudence pour s’assurer que la KFOR (la force emmenée par l’Alliance dans l’ex-province serbe) dispose des capacités dont elle a besoin pour maintenir la sécurité», a déclaré l’amiral Stuart B. Munsch dans un communiqué publié à Naples, en Italie.
Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg a condamné des attaques «inacceptables» lors d’une conférence de presse à Oslo.
L’Union européenne, qui fait office de médiateur entre les deux anciens ennemis depuis plus d’une décennie, a appelé Serbes et Kosovars à «désamorcer les tensions immédiatement et sans condition».
Confrontation à Zvecan
La situation est volatile depuis plusieurs jours dans le nord du Kovoso, où vit une importante minorité serbe.
Les centaines de manifestants serbes qui s’étaient rassemblés mardi devant la mairie de Zvecan ont quitté les lieux, mais ont promis d’y revenir dès le lendemain matin, rapporte une correspondante de l’AFP.
Après les violents heurts de lundi, des soldats de la KFOR en tenue antiémeutes avaient placé une barrière métallique autour du bâtiment municipal pour empêcher les manifestants d’y accéder.
Trois véhicules blindés de la police kosovare, dont la présence suscite toujours l’ire des Serbes majoritaires dans quatre localités du nord du Kosovo, étaient également sur place.
Les Serbes ont boycotté les municipales d’avril dans ces villes, ce qui a abouti à l’élection de maires albanais avec une participation de moins de 3,5 %.
Ces édiles ont été intronisés la semaine dernière par le gouvernement d’Albin Kurti, le premier ministre de ce territoire en très large majorité peuplé d’Albanais, malgré les appels à la retenue lancés par l’UE et les États-Unis.
La Serbie n’a jamais reconnu l’indépendance proclamée en 2008 par son ex-province, une décennie après une guerre meurtrière entre forces serbes et rebelles indépendantistes albanais. Les relations entre Belgrade et Pristina vont de crise en crise.
Quelque 120 000 Serbes vivent au Kosovo, sur 1,8 million d’habitants. Environ un tiers d’entre eux habitent dans le nord du Kosovo.
Les manifestants réclament le départ des maires albanais jugés «illégitimes» tout comme celui de la police kosovare. Ils demandent aussi la libération de deux manifestants arrêtés par les forces de l’ordre kosovares.
Plus de 80 blessés de part et d’autre
Dix-neuf soldats hongrois et 11 italiens ont été blessés dans ces heurts, a annoncé la KFOR dans un communiqué, précisant qu’ils souffraient notamment de « fractures et des brûlures causées par des engins explosifs incendiaires improvisés ».
«Trois soldats hongrois ont été blessés par des armes à feu», selon la même source.
Au moins 52 personnes ont été blessées dans les rangs des manifestants serbes, dont trois grièvement, a dit le président serbe Aleksandar Vucic.
Belgrade a ordonné à l’armée serbe de se placer en état d’alerte maximale, comme cela a été régulièrement le cas ces dernières années.
La police kosovare a décrit la situation comme étant «fragile mais calme» et appelé les habitants «à ne pas tomber dans le piège des appels aux manifestations violentes et aux provocations».
Le président serbe a rencontré mardi à Belgrade les ambassadeurs de la Quinte, cinq puissances membres de l’OTAN qui observent de près les Balkans occidentaux, mais annoncé qu’il allait aussi s’entretenir avec les représentants de la Russie et de la Chine.
En attendant, Moscou a appelé l’Occident à «enfin mettre fin à sa propagande mensongère et à arrêter de rejeter la responsabilité des incidents au Kosovo sur les Serbes poussés au désespoir».
Après sa rencontre avec les diplomates occidentaux, Aleksandar Vucic a appelé les cinq puissances à faire pression sur Pristina pour lui faire accepter ce qu’il a qualifié de «petite condition».
«Je ne peux pas croire que les pays occidentaux les plus puissants ne parviennent pas la faire remplir», a-t-il dit dans une vidéo sur Instagram, citant «le retrait du nord du Kosovo des forces spéciales policières de Pristina et la mise à l’écart de faux maires qui ne représentent vraiment personne».