Pakistan : Huit morts dans des manifestations après l’arrestation de l’ex-Premier ministre Imran Khan
Par AlAhed avec AFP
L'ancien Premier ministre pakistanais Imran Khan a été placé mercredi 10 mai en détention provisoire pour une «affaire de corruption», au lendemain de son arrestation qui a déclenché des protestations provoquant l'envoi de soldats dans le Pendjab.
«Le tribunal a approuvé la mise en détention provisoire d'Imran Khan pour une durée de huit jours», a déclaré Ali Bukhari, l'un de ses avocats, à l'issue de l'audience à huis clos.
De violents heurts ont éclaté entre les partisans du Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), le parti de Imran Khan, et la police à l'annonce de l'arrestation de l'ex-Premier ministre. Huit personnes sont mortes dans des incidents liés aux manifestations, a précisé mercredi la police et les hôpitaux. Des protestataires ont fait irruption dans la résidence du commandant militaire de Lahore, ville à l'est du pays, et ont bloqué les grilles d'entrée du quartier général de l'armée à Rawalpindi, près d'Islamabad.
Le gouvernement a donné son feu vert au déploiement de soldats dans la province du Pendjab, la plus peuplée du pays, où près de 1 000 manifestants ont été arrêtés et 130 policiers blessés depuis le début des manifestations mardi. Les écoles ont par ailleurs été fermées mercredi dans tout le pays et l'accès aux réseaux sociaux tels que Twitter et Facebook a été retreint par les autorités. Vers midi, les manifestants avaient bloqué certaines routes menant à Islamabad. D'importantes forces de sécurité ont été mobilisées, dans la capitale, à l'extérieur du bâtiment de la police où le tribunal spécial s'est réuni pour juger de nouveau l'ancien Premier ministre.
A l’opposé des choix américains
Imran Khan avait été destitué de ses fonctions de chef du gouvernement en avril 2022, après avoir perdu le soutien de l'armée et le vote d'une motion de censure à son encontre. Avant d’être évincé du pouvoir, Imran Khan a clairement désigné les auteurs : les Etats-Unis.
L’ancien Premier ministre pakistanais était souvent à l’opposé des choix américains en politique étrangère. Il a ainsi refusé de faire partie de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen, s’est abstenu de contribuer à l’isolement de l’Iran et s’est tenu à l’écart du processus de normalisation des relations avec «Israël», entamé par des pays arabes avec l’encouragement des Etats-Unis. Il a en outre préservé une bonne relation de son pays avec la Russie.
Le mécontentement américain s’était manifesté par le refus du président Joe Biden d’avoir une conversation téléphonique avec le Premier ministre pakistanais, depuis son entrée à la Maison Blanche.