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Soudan: près de 100 civils tués, la communauté internationale appelle au calme

Soudan: près de 100 civils tués, la communauté internationale appelle au calme
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Par AlAhed avec AFP

Les combats se poursuivent au Soudan, entre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et la puissante force paramilitaire du général Mohamed Hamdane Daglo. Lundi 17 avril, près d'une centaine de civils ont déjà été tués, dans un pays où les tirs et les explosions secouent Khartoum sans discontinuer depuis trois jours.

Depuis des semaines, le conflit était latent entre les deux hommes, qui ont évincé ensemble les civils du pouvoir lors du putsch d'octobre 2021 avant de retourner leurs armes l'un contre l'autre samedi matin.

Depuis, les combats à l'arme lourde n'ont pas cessé et l'armée de l'air vise régulièrement, même en plein Khartoum, les QG des Forces de soutien rapide (FSR).

Ces ex-miliciens de la très meurtrière guerre du Darfour devenus les supplétifs officiels de l'armée sont, eux, partout en treillis et en armes, à lutter pied à pied pour prendre le contrôle des infrastructures militaires et politiques du pays.

Un état des lieux flou

Et les civils payent le prix fort de ce conflit pour le pouvoir.

Le syndicat officiel des médecins dénombre au moins 97 morts parmi eux: 56 le samedi et 41 le dimanche, la moitié environ dans la capitale.

Les médecins assurent également que des «dizaines» de combattants sont décédés, même si aucun des deux camps n'a annoncé de perte.

L'armée assurait dimanche soir que la situation était «extrêmement stable» et que les combats étaient «limités», tandis que les FSR se disaient, elles, «sur la voie de l'emporter définitivement».

Ce lundi, il est impossible, dans les faits, de savoir quelle force contrôle quoi.

Les FSR ont annoncé avoir pris l'aéroport samedi, ce que l'armée a nié.

Les paramilitaires disent aussi être entrés dans le palais présidentiel, mais l'armée dément et assure surtout tenir le QG de son état-major, l'un des principaux complexes du pouvoir à Khartoum.

Quant à la télévision d'État, les deux parties assurent aussi l'avoir prise. Mais les habitants des alentours font état de combats continus tandis qu'à l'antenne seuls des chants patriotiques sont diffusés, comme lors du putsch.

Une situation intenable pour la population

Alors qu'aucune trêve ou issue ne se dessine dans l'immédiat, médecins et humanitaires tirent la sonnette d'alarme: en temps normal déjà, les foyers ne sont alimentés en électricité que quelques heures par jour.

Dans certains quartiers de Khartoum, elle est totalement coupée depuis samedi, comme l'eau courante.

Et les rares épiceries qui ouvrent préviennent qu'elles ne tiendront que quelques jours si aucun camion de marchandises ne peut entrer dans la capitale.

En ligne, les médecins annoncent des coupures d'électricité dans des salles d'opération et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) rapporte que «plusieurs des neuf hôpitaux de Khartoum qui reçoivent des civils blessés n'ont plus de sang, d'équipement de transfusion, de fluides intraveineux et d'autres matériels vitaux».

Les patients, parfois des enfants, et leurs proches «n'ont plus ni à boire ni à manger», alerte un réseau de médecins prodémocratie, qui disent ne plus pouvoir laisser partir en sécurité les patients traités, ce qui crée «un engorgement qui empêche de s'occuper de tous».

Et les «couloirs humanitaires» de trois heures annoncés dimanche après-midi par les deux belligérants n'ont pas changé la donne: durant tout ce temps, explosions et tirs n'ont pas cessé à Khartoum.

La prise de pouvoir l'emporte sur le bien de la population

Alors que plus du tiers des 45 millions de Soudanais avaient besoin d'aide humanitaire avant la récente flambée de violence, le Programme alimentaire mondial (PAM) a suspendu, dimanche, son aide après la mort de trois de ses employés, tués dans les combats au Darfour, dans l'ouest, faisant redouter le pire dans un pays où la faim n'a cessé de progresser.

À Khartoum, baignée dans une odeur de poudre, les habitants sont toujours barricadés chez eux alors que des colonnes d'épaisse fumée noire continuent de monter du centre-ville, où siègent les institutions politiques et militaires.

«C'est la première fois de l'histoire du Soudan depuis l'indépendance [en 1956, NDLR] qu'il y a un tel niveau de violence dans le centre, à Khartoum», assure Kholood Khair, qui a fondé le centre de recherche Confluence Advisory dans la capitale.

«Khartoum est le centre historique du pouvoir et a toujours été l'endroit le plus sûr du Soudan pendant les guerres meurtrières contre des rebelles» lancées au Darfour et ailleurs dans les années 2000, poursuit la spécialiste.

«Aujourd'hui, les combats se déroulent partout dans la ville, les FSR sont implantées partout, et notamment dans des zones densément peuplées, car les belligérants ont cru que la possibilité d'un bilan civil élevé allait dissuader l'autre camp: maintenant, on sait que leur lutte de pouvoir à tout prix l'a emporté», poursuit-elle.

De multiples appels au cessez-le-feu

La communauté internationale multiplie depuis samedi les appels au cessez-le-feu: dimanche, la Ligue arabe et l'Union africaine se sont réunies en urgence pour demander la cessation des hostilités et le retour à une «solution politique», une option qui n'a jusqu'ici pas mené au retour à la transition démocratique au Soudan, sorti seulement en 2019 de trente années de dictature.

Ce lundi, Washington et Londres ont appelé à la «cessation immédiate» des violences.

«Tous nos partenaires sont fermement convaincus de la nécessité d'un cessez-le-feu immédiat et d'une reprise des pourparlers», a déclaré le secrétaire d'État américain Antony Blinken à l'issue d'un entretien avec le ministre britannique des Affaires étrangères, James Cleverly.

«Il y a une forte inquiétude partagée au sujet des combats, de la violence qui sévit au Soudan, de la menace que cela représente pour les civils, pour la nation soudanaise et même potentiellement pour la région», a-t-il poursuivi.

Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU, a, de son côté, appelé les deux belligérants ainsi que le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour réclamer «un arrêt immédiat de la violence».

Tout comme Moscou, Paris, Rome, Riyad, l'Union européenne ou l'ancien Premier ministre Abdallah Hamdok.

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