Les donateurs bien moins généreux qu’espéré, les ONG s’indignent
Par AlAhed avec agences
Les pays donateurs ont promis 1,2 milliard de dollars pour secourir la population du Yémen, affamée et appauvrie par la guerre, au grand dam des organisations d'aide humanitaire qui en demandaient plus de quatre milliards.
«La communauté internationale a montré qu'elle avait abandonné le Yémen», a immédiatement accusé Erin Hutchinson, la responsable pour le Yémen de la très respectée ONG Norwegian Refugee Council. Cela démontre, selon elle, que «certains humains ont moins de valeur que d'autres».
Une claire allusion à la mobilisation massive des alliés de l'Ukraine, qui sont aussi, très souvent, les principaux pays donateurs d'aide humanitaire.
Les Nations unies - épaulées par la Suisse et la Suède - organisaient lundi à Genève (Suisse) la 7e conférence des donateurs pour le Yémen, en proie à un conflit dévastateur depuis 2014. «Nous avons eu 31 promesses de don aujourd'hui et elles se montent à 1,2 milliard de dollars», a déclaré Martin Griffiths, qui gère les situations d'urgence à l'ONU. Et d'ajouter : «Si on pouvait atteindre les deux milliards d'ici à ce week-end, ce serait super». Il a rappelé qu'au cours de la précédente conférence de donateurs, l'année dernière, le montant promis initialement avait été à peu près le même et que finalement, devant la gravité de la situation, les pays avaient donné aux alentours de 2,2 milliards.
Avec seulement la moitié des fonds espérés, les agences d'aide humanitaire avaient dû réduire les rations alimentaires. Mais elles avaient aussi pu ramener le nombre des personnes au bord de la famine de plus de 150.000 à presque zéro.
Pour la trentaine d'ONG internationales actives au Yémen et signataires d'un communiqué commun, «sans les fonds nécessaires, il sera impossible d'apporter une aide vitale pour ceux qui en ont le plus besoin.»
Les organisations d'aide espèrent toucher 17 millions de personnes cette année, sur les 21,7 millions qui ont besoin d'assistance au Yémen. Une aide qui, selon les ONG, est d'autant plus indispensable qu'elle vient «à un moment charnière» pour le pays.
«Nous avons cette année une réelle opportunité de changer la trajectoire du Yémen et d'avancer vers la paix», a estimé le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui avait fait le déplacement sur le bord du lac Léman.
Martin Griffiths a quant à lui espéré que cette conférence serait la dernière. «Le fait est que la crise yéménite dure depuis trop longtemps, punissant des millions d'innocents qui n'en voulaient pas et qui méritent tellement mieux», a-t-il souligné.