Séisme: visite de «solidarité» du chef de la diplomatie arménienne en Turquie
Par AlAhed avec AFP
Le chef de la diplomatie arménienne s'est rendu mercredi en Turquie pour une rare visite dans ce pays endeuillé par un séisme qui y a fait plus de 35.000 morts, Ankara saluant la «solidarité» d'Erevan «en ces jours difficiles».
«L'Arménie a tendu une main amicale à notre peuple en ces jours difficiles», a salué le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu lors d'une conférence de presse conjointe à Ankara avec son homologue arménien Ararat Mirzoïan.
Cette visite s'inscrit dans la lignée des efforts fournis ces derniers mois par Ankara et Erevan pour normaliser leurs relations empoisonnées notamment par la question du génocide des Arméniens sous l'Empire ottoman, que nie la Turquie.
Après le séisme qui a ravagé le sud de la Turquie et le nord de la Syrie voisine le 6 février, l'Arménie a envoyé des secouristes et de l'aide humanitaire à Ankara, notamment via un point de passage frontalier fermé depuis 35 ans.
L'ouverture de ce point de passage est «historique», a déclaré Ararat Mirzoïan, dont la précédente visite en Turquie remontait à mars 2022.
Débat sur le «génocide»
Nombre d'experts évoquent une «diplomatie du séisme», qui consiste à aider un pays voisin frappé par une catastrophe naturelle, malgré les tensions.
Ainsi, Ankara avait aidé Erevan après un séisme qui l'avait frappé en 1988.
Mevlüt Cavusoglu a aussi remercié les secouristes arméniens qui «ont sauvé une petite fille et une femme» à Adiyaman, l'une des villes frappées par le séisme. «Nous avons vu à quel point ils étaient heureux en sauvant nos habitants».
Il a ajouté que les deux pays étaient d'accord pour «accélérer» la rénovation de routes et des ponts permettant de relier la Turquie et l'Arménie.
Ce déplacement d’Ararat Mirzoïan intervient aussi alors qu'Erevan accuse l'Azerbaïdjan, l'un des plus proches alliés de la Turquie, d'orchestrer le «blocus» d'une enclave majoritairement peuplée d'Arméniens dans la région disputée du Nagorny Karabakh.
Les relations entre la Turquie et l'Arménie restent empoisonnées par le souvenir du génocide des Arméniens entre 1915 et 1917.
De nombreux historiens qualifient les massacres systématiques d'Arméniens par les troupes de l'Empire ottoman de génocide, évoquant entre 600.000 et 1,5 millions de morts. Mais la Turquie, héritière de l'Empire ottoman, réfute le terme de génocide et soutient que des centaines de milliers d'Arméniens et de Turcs sont morts lors d'une guerre civile doublée d'une famine.
Les deux pays ont cependant entamé l'an dernier un processus de normalisation, avec notamment la nomination d'envoyés spéciaux qui se sont rencontrés plusieurs fois et la reprise de vols commerciaux.