Kevin McCarthy progresse dans sa quête de la présidence du Congrès américain
Par AFP
Le républicain Kevin McCarthy est parvenu vendredi 6 janvier à convaincre quelques trumpistes de soutenir sa candidature au poste de «speaker» du Congrès américain, pas suffisant toutefois pour lui dégager la route vers le perchoir.
Le Capitole, attaqué il y a exactement deux ans par des partisans de Donald Trump, est plongé dans un autre type de chaos, paralysé par la fronde d'élus très conservateurs. Favori pour remplacer Nancy Pelosi à la présidence de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy a pour la première fois fait des progrès significatifs dans sa candidature, au quatrième jour de négociations particulièrement poussives.
Seule une poignée d'irréductibles restaient fermement opposés à son élection et l'élu de Californie espérait les faire rentrer dans le rang d'ici à 22 heures (03H00 GMT samedi), quand les débats reprendront dans l'hémicycle. «J'ai compté les voix», a-t-il assuré vendredi après-midi à une foule de journalistes l'interrogeant sur la viabilité de sa candidature. Ce noyau dur d'élus très conservateurs profite de la très fine majorité républicaine décrochée aux élections de mi-mandat de novembre pour jouer les trouble-fête. Et campait encore sur cette position à l'issue de 13 votes, un scénario inédit en plus de 160 ans.
Sans «speaker», les élus ne peuvent pas voter de projet de loi
Cette paralysie du Congrès américain a des répercussions très concrètes: sans «speaker», troisième personnage le plus important de la politique américaine après le président et le vice-président, les élus ne peuvent pas prêter serment, ni donc voter de projet de loi. Impossible aussi de participer à des commissions parlementaires ou de recevoir des informations classées secret défense.
Les 434 membres de la Chambre des représentants, théâtre de ce singulier spectacle, continueront à voter jusqu'à ce qu'un président soit élu. Ce qui n'est généralement l'affaire que de quelques heures pourrait s'étendre sur plusieurs semaines: en 1856, les élus du Congrès ne s'étaient accordés qu'au bout de deux mois et 133 tours. Kevin McCarthy n'a toutefois pas de concurrent crédible. Seul le nom du chef de groupe Steve Scalise a circulé comme possible alternative, sans que ses chances ne semblent sérieuses.
L'agacement était palpable chez les membres du «Grand Old Party», qui soutiennent largement la candidature de Kevin McCarthy, donnant lieu à des débats très animés. Nombre d'entre eux ont d'ailleurs quitté l'hémicycle en signe de protestation durant le discours vendredi de Matt Gaetz, un des élus à la tête de la fronde.
Dans les rangs démocrates, où les élus se lèvent tous en bloc à chaque vote, comme pour souligner un peu plus les divisions républicaines, on s'occupe tant bien que mal. Le parti de Joe Biden a beau faire preuve d'unité autour de son chef Hakeem Jeffries, son camp ne dispose pas d'assez de voix pour mettre fin à cette paralysie.
Les démocrates ont aussi vivement dénoncé vendredi la mainmise des fidèles de Donald Trump - dont beaucoup refusent toujours de reconnaître la défaite en 2020 - sur le parti républicain, deux ans après l'attaque menée par ses partisans contre le siège du Congrès. «Le chaos qui règne à la Chambre des représentants n'est qu'une autre illustration de la façon dont une frange extrême (...) les empêche de gouverner», a assuré le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer. L'anniversaire de l'assaut du Capitole «devrait servir de signal au parti républicain pour qu'il rejette le trumpisme qui le conduit d'échec en échec», a-t-il estimé dans un communiqué.