Après un an d’impasse, l’Irak a enfin un gouvernement
Par AlAhed avec AFP
Après un an d'épreuves de force parfois sanglantes, l'Irak a désormais un gouvernement après que le Parlement a accordé sa confiance à l'équipe du nouveau Premier ministre Mohamed Chia al-Soudani, qui fait face à d'immenses défis politiques et économiques.
Ce scrutin marque une étape décisive dans la lente sortie de l'impasse politique où l'Irak, pays rongé par la corruption et l'instabilité, s'était fourvoyé il y a un an.
Depuis les législatives anticipées d'octobre 2021, les responsables politiques n'arrivaient pas à s'entendre sur un nouveau président, ni à désigner un Premier ministre.
Finalement, le 13 octobre, les députés sont parvenus à élire le Kurde Abdel Latif Rachid à la présidence de la République.
Ce dernier a dans la foulée chargé Mohamed Chia al-Soudani, un chiite comme le veut la tradition, de former un gouvernement.
Jeudi soir, selon le bureau de M. Soudani, le gouvernement composé de 21 ministres «a obtenu la confiance de l'Assemblée nationale», lors d'un vote à main levée auquel la presse n'a pas été conviée.
M. Soudani, 52 ans, succède à Moustafa al-Kazimi, en poste depuis mai 2020.
Il est porté par les partis du Cadre de coordination qui dominent l'Assemblée.
Conformément à son refus de participer au gouvernement, le leader chiite sayyed Moqtada Sadr n'est pas représenté dans ce cabinet.
«Moment critique»
Dans un Irak multiethnique et multiconfessionnel, les ministères sont répartis entre les partis issus des différentes communautés chiite, sunnite et kurde. Majoritaires en Irak, les chiites obtiennent un plus grand nombre de portefeuilles au gouvernement.
Sur les 21 ministères pourvus, 12 reviennent à des chiites soutenus par le Cadre de coordination, six à des responsables sunnites (dont la Défense), deux à des Kurdes (dont les Affaires étrangères) et un dernier à une chrétienne. Trois ministères seront occupés par des femmes.
«Notre équipe ministérielle va endosser sa responsabilité en ce moment critique où le monde est témoin d'énormes changements et conflits», a déclaré Mohamed Chia al-Soudani lors de son discours avant le vote des députés.
La mission de l'ONU en Irak a «salué» l'issue du scrutin.
Dans son programme, M. Soudani s'engage à organiser «des élections anticipées dans un délai d'un an», répondant, sur le papier, à l'une des demandes de sayyed Moqtada Sadr.
Mais les Irakiens attendent surtout de leur nouveau gouvernement qu'il réponde à la grave crise sociale et économique.
Dans ce pays riche en hydrocarbures, les délestages électriques sont quotidiens, près de quatre jeunes sur dix sont au chômage et un tiers de la population vit dans la pauvreté.
Le chef du gouvernement devra aussi s'atteler au budget 2022, qui n'a toujours pas été adopté, et répartir les 87 milliards de dollars de devises étrangères issus des exportations pétrolières qui dorment à la Banque centrale dans l'attente du nouveau gouvernement.