En Arabie, pays qu’il avait promis de traiter en «paria», Biden parle pétrole et «Israël»
Par AlAhed avec AFP
Le président américain, Joe Biden, en visite en Arabie saoudite, pétrole, normalisation avec «Israël» et répression avec le prince Mohammed ben Salmane, considéré par Washington comme le commanditaire de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.
Air Force One a atterri à Djeddah, dans l’ouest de l’Arabie saoudite, après un vol direct depuis l’Entité israélienne.
Il s’agit d’une première, alors que Washington cherche à normaliser les relations entre ses deux plus importants partenaires du Moyen-Orient.
Joe Biden a été accueilli au palais royal de Djeddah par Mohammed ben Salmane, surnommé «MBS», faisant un «check» du poing avec le jeune dirigeant de facto du royaume saoudien.
Il a aussi rencontré le roi Salmane, malade et âgé de 86 ans.
La rencontre entre Biden et ben Salmane est le point d’orgue de cette tournée au Moyen-Orient, car Washington cherche à convaincre le royaume d’ouvrir les vannes de sa production pétrolière.
L’enjeu: abaisser le prix du gallon d’essence à l’approche des élections de mi-mandat aux États-Unis.
«Paria»
Mais lorsqu’il était encore candidat, Joe Biden avait promis de traiter l’Arabie saoudite en «paria», en particulier à cause de l’assassinat en 2018 du journaliste Jamal Khashoggi.
Une fois élu, il avait déclassifié un rapport accablant sur la responsabilité de MBS dans ce meurtre.
À Djeddah, Joe Biden a déclaré avoir prévenu le prince héritier d’Arabie saoudite qu’une «réponse» de sa part viendrait si de nouvelles attaques contre des dissidents devaient se produire, qualifiant de «scandaleux» le meurtre de Khashoggi.
«Je leur ai juste fait comprendre que si une telle chose se reproduisait, ils [les dirigeants du pays] auraient cette réponse et bien plus encore», a-t-il déclaré devant des journalistes, disant avoir évoqué cette affaire «au tout début» de la réunion.
Les autorités saoudiennes ont toujours nié la responsabilité directe du prince héritier dans ce meurtre.
La visite de Joe Biden a été particulièrement critiquée par les défenseurs des droits de la personne, la puissante monarchie du Golfe étant accusée de graves violations, et d’une répression féroce de ses opposants.
Normalisation avec «Israël»
Loin de ces questions, parmi les objectifs de la tournée de Joe Biden figurent les tentatives de rapprochement entre Saoudiens et Israéliens.
Durant sa prise de parole à Djeddah, Joe Biden a annoncé que les forces internationales de maintien de la paix, y compris les troupes américaines, quitteront Tiran, un des deux ilots stratégiques (avec Sanafir) situés entre l’Égypte, la Palestine occupée et l’Arabie saoudite, en mer Rouge.
Le départ de cette force installée depuis 40 ans doit se produire «d’ici la fin de l’année», a précisé la Maison-Blanche dans un document, après qu’«Israël» a indiqué n’avoir «aucune objection» au transfert des deux îlots de l’Égypte à l’Arabie saoudite.
En même temps, Riyad a de son côté annoncé l’ouverture de son espace aérien à «tous les transporteurs», y compris israéliens — une décision «historique», selon Joe Biden.
L’annonce saoudienne est intervenue avant le vol direct inédit «Tel-Aviv»—Djeddah de Biden, le premier du genre d’«Israël» vers l’Arabie saoudite, qui ne reconnaît pas officiellement l’entité sioniste.
Ces deux initiatives pourraient, selon des analystes, ouvrir la voie à un éventuel rapprochement entre l’Arabie saoudite et «Israël», qui a notamment normalisé ses relations en 2020 avec deux autres pays du Golfe: les Émirats arabes unis et Bahreïn.