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Soudan: les civils refusent de collaborer avec l’armée, appellent à plus de manifestations

Soudan: les civils refusent de collaborer avec l’armée, appellent à plus de manifestations
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Par AlAhed avec AFP

Le principal bloc civil du Soudan a rejeté mardi 5 juillet la proposition du général putschiste Abdel Fattah al-Burhane de laisser la place à un gouvernement civil, dénonçant un «retrait tactique» destiné à maintenir l'influence de l'armée dans le pays.

Les Forces pour la liberté et le changement (FLC), colonne vertébrale du gouvernement civil limogé lors du putsch mené par le chef de l'armée le 25 octobre 2021, ont appelé à «poursuivre la mobilisation» contre le pouvoir militaire au sixième jour de sit-in anti-putsch dans la capitale et ses banlieues.

Lors de la «révolution» qui a renversé en 2019 un autre militaire, le dictateur Omar el-Béchir, les manifestants avaient maintenu leurs sit-in huit mois durant.

Ils avaient alors obtenu de l'armée qu'elle partage le pouvoir avec les civils des FLC pour mener le pays vers ses premières élections démocratiques.

Le putsch du général Burhane a brutalement changé la donne en octobre.

Son annonce de laisser la place à un gouvernement civil – de fait un retour au statu quo d'avant son coup de force – n'a pas convaincu la rue, qui a monté de nouvelles barricades juste après son discours lundi soir.

Le bloc civil, lui, a dénoncé «une trahison» et un moyen pour l'armée – aux commandes du Soudan quasiment sans interruption depuis l'indépendance en 1956 – de garder la haute main sur la politique et l'économie. Car le général Burhane a annoncé qu'aux côtés du gouvernement civil siégerait un Conseil suprême des forces armées dont il n'a pas défini les prérogatives.

Pour Kholood Khair, spécialiste du Soudan pour Insight Strategy partners, «Burhane déplace désormais la pression sur les civils», alors que le pays est privé de l'aide internationale depuis le putsch et pris entre dévaluation exponentielle et inflation à plus de 200%.

Et surtout, ajoute-t-elle, son Conseil suprême lui «permettra de maintenir les privilèges économiques» des militaires et paramilitaires dans un pays où 80% des ressources échappent au contrôle du ministère des Finances.

On ignore quelle est la part des militaires dans l'économie, mais ils tiennent de nombreuses entreprises allant de l'élevage de volailles au BTP.

La rue, elle, veut la justice pour les 114 morts et les milliers de blessés de la répression du mouvement pro-démocratie, selon des médecins.

Or, décrypte Kholood Khair, le général Burhane «n'évoque pas la question de la responsabilité juridique ou financière» pour les victimes de la répression.

«On veut que (Burhane) soit jugé pour tous ceux qui ont été tués depuis le putsch», expliquait une manifestante, Oumeïma Hussein, à l'AFP dans la nuit.

Comme des centaines d'autres manifestants, elle est restée dans la rue malgré des tentatives de dispersion des forces de l'ordre, ont rapporté des médecins prodémocratie.

«On ne fait pas confiance à (Burhane), on veut seulement qu'il parte une fois pour toutes», affirme de son côté à l'AFP Mohannad Othmane, juché sur l'une des barricades à Khartoum.

Les capitales étrangères poussent depuis des mois civils et militaires à négocier un retour vers la transition démocratique, lancée en 2019 et interrompue par le putsch.

Mais mardi, elles n'avaient toujours pas commenté l'annonce du général Burhane ni la réponse des civils.

Le général Burhane, lui, s'est rendu à Nairobi pour «une réunion urgente» des chefs d'État de l'Igad, l'organisation régionale de l'Afrique de l'Est.

Il y a discuté avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed après un nouvel incident frontalier entre les deux pays qu'opposent plusieurs contentieux.

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