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Afghanistan: un grand conseil de milliers de participants pour légitimer le régime taliban

Afghanistan: un grand conseil de milliers de participants pour légitimer le régime taliban
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Par AlAhed avec agences

Des milliers d'érudits religieux et d'ainés tribaux venus de toutes les régions d'Afghanistan participent à partir de jeudi 30 juin dans la capitale Kaboul à un grand conseil, qui devrait légitimer le régime fondamentaliste islamiste des talibans.

Les autorités n'ont fourni que très peu de détails sur ce rassemblement convoqué par les talibans et réservé uniquement aux hommes. Les médias n'ont pas été autorisés à y assister. Il est décrit comme une «jirga», une assemblée traditionnelle d'anciens au sein de laquelle les divergences doivent normalement être réglées par consensus. Cet événement intervient une semaine après que le sud-est du pays a été frappé par un séisme ayant fait plus de 1000 morts et des dizaines de milliers de sans-abri. Des responsables américains devaient discuter jeudi au Qatar avec de hauts représentants talibans d'un mécanisme pour débloquer des fonds afghans, Washington cherchant à s'assurer qu'ils sont utilisés à des fins humanitaires.

Les femmes, pas autorisées à la «jirga»

Avant même le séisme, les talibans ont eu du mal à faire la transition d'une force insurrectionnelle qui a combattu pendant 20 ans les forces américaines, lesquelles ont quitté le pays fin août 2021, en administration civile. Depuis leur retour au pouvoir, à la mi-août, l'Afghanistan est plongé dans une profonde crise économique et humanitaire, la communauté internationale ayant fermé les vannes de l'aide financière qui portait le pays à bout de bras depuis deux décennies.

Une source talibane a affirmé à l'AFP que les participants au conseil seraient autorisés à critiquer le pouvoir en place et que des sujets épineux, tels que l'éducation des filles - qui fait l'objet de débat au sein même du mouvement -, seraient au programme de la «jirga», qui doit durer trois jours. Les femmes ne sont pas autorisées à y assister. Le vice-premier ministre, Abdul Salam Hanafi, a estimé mercredi sur la chaîne de télévision publique RTA que cela n'était pas nécessaire, car elles seront représentées par des parents masculins.

Droits des femmes restreints

«Les femmes sont nos mères et nos sœurs nous les respectons beaucoup», et «lorsque leurs fils sont dans le rassemblement, cela signifie qu'elles sont également impliquées», a-t-il dit. Les talibans assurent avoir le soutien d'une très large majorité de la population. Mais ils sont revenus à l'interprétation ultra-rigoriste de l'islam qui avait marqué leur premier passage au pouvoir, entre 1996 et 2001, restreignant très fortement les droits des femmes. Ils les ont largement exclues des emplois publics, ont restreint leur droit à se déplacer et ont interdit l'accès des filles au collège et au lycée. Les femmes se sont aussi vues imposer le port du voile intégral, couvrant le visage, pour toute sortie en public.

Une lettre émanant du bureau du premier ministre et consultée par l'AFP indique que chacun des plus de 400 districts du pays devait envoyer trois délégués. Les villes, les groupes religieux et d'autres organisations devaient envoyer également des représentants, portant le nombre de participants à ce conseil à plus de 3000 personnes, soit le plus grand rassemblement de personnalités influentes depuis le retour au pouvoir des talibans.

Les médias afghans spéculent aussi sur l'éventuelle présence du chef suprême des talibans et du pays, Hibatullah Akhundzada, lequel n'a jamais été filmé ou photographié en public depuis leur arrivée au pouvoir. Seuls des enregistrements audio de M. Akhundzada, qui vit reclus à Kandahar, le centre spirituel des talibans, ont été rendus public, sans qu'ils aient pu être authentifiés de source indépendante.

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