La Chine lance son troisième porte-avions et renforce sa capacité de dissuasion
Par AFP
La Chine a lancé vendredi « Fujian », son troisième porte-avions. S’il est encore loin d’être opérationnel, il permettra à terme de renforcer la capacité de dissuasion et de projection de Pékin.
Une cérémonie de lancement du troisième porte-avions de la Chine, baptisé «Fujian» a été organisée en grande pompe vendredi dans un chantier naval de Shanghai. Deuxième porte-avions à être entièrement fabriqué par la Chine, il est bien plus avancé du point de vue technologique que ses prédécesseurs, avec notamment un système, nouveau, de catapultage.
Sa remise aux forces navales ne s’effectuera qu’à l’issue de nombreux tests en mer et devrait intervenir ces prochaines années.
Le porte-avions a été baptisé «Fujian», du nom d’une province chinoise, à l’instar de ses prédécesseurs «Liaoning» et «Shandong».
Tensions avec Taïwan
Cette cérémonie survient au milieu de vives tensions sino-américaines autour de Taïwan, l’île peuplée de 24 millions d’habitants que la Chine considère comme son territoire historique.
Ce nouveau navire devrait également être perçu avec méfiance par les pays riverains (Japon, Philippines, Vietnam notamment) avec lesquels le géant asiatique a des différends territoriaux en mer de Chine orientale ou méridionale.
«Avec trois porte-avions, au lieu d’une flotte symbolique d’un ou deux, elle en aura théoriquement au moins un d’opérationnel à un temps T, prêt à être déployé immédiatement selon les exigences des dirigeants chinois» souligne Collin Koh, spécialiste de l’armée chinoise à l’Université de technologie de Nanyang, à Singapour.
La Chine a des intérêts économiques croissants à l’étranger, qu’elle sera amenée à vouloir sécuriser. Avec un tel navire, elle envoie également un message de puissance aux États-Unis, aux autorités taïwanaises et aux riverains de la mer de Chine méridionale.
La marine chinoise a plusieurs fois fait passer ses porte-avions par le détroit de Taïwan, qui sépare le continent chinois de l’île.
Système de catapultage
Principale évolution sur ce troisième porte-avions chinois par rapport aux deux précédents : il sera bien plus grand et dispose d’un système de catapultage, selon Chine nouvelle, qui sera électromagnétique - une technique de pointe. Concrètement, il pourra propulser les appareils dans les airs grâce à une catapulte.
Avantage du catapultage : le Fujian «pourra non seulement embarquer davantage d’avions différents, mais les avions eux-mêmes auront la possibilité d’emporter des charges utiles bien plus importantes pour leurs sorties», notamment en matière d’armement, note M. Koh.
Selon Janes, l’agence de référence pour les informations militaires, les États-Unis sont de loin premiers en termes de porte-avions actuellement en service (11), devant la Chine (2), le Royaume-Uni (2), la Russie (1), la France (1), l’Italie (1), l’Inde (1) et la Thaïlande (1).
Le premier porte-avions chinois, le Liaoning, racheté à l’Ukraine et datant de l’ère soviétique, a été mis en service en 2012. Il a essentiellement servi de plate-forme d’entraînement. Les connaissances accumulées ont ensuite servi à la construction du Shandong, le premier porte-avions construit par la Chine, mis à l’eau en 2017 et mis en service fin 2019