Yémen: report du premier vol commercial partant de Sanaa depuis 2016
Par AlAhed avec AFP
Le premier vol commercial depuis six ans prévu dimanche au départ de la capitale yéménite Sanaa a été ajourné faute d'autorisation de la coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite et qui mène une guerre contre le Yémen.
Les autorités yéménites ont reproché à la coalition de maintenir les Yéménites «dans une large prison» et de «violer» la trêve de deux mois renouvelable entrée en vigueur le 2 avril.
Rare répit pour une population durement éprouvée par plus de sept ans de guerre, cette trêve prévoit entre autres la réouverture partielle de l'aéroport de Sanaa.
L'avion devait décoller dimanche matin d'Aden, grande ville du Sud où siège provisoirement le gouvernement démissionnaire, avec un arrêt à Sanaa pour transporter à Amman, en Jordanie, des passagers ayant besoin d'un traitement médical.
Mais avant l'aube, la compagnie aérienne Yemenia a annoncé que «l'autorisation nécessaire de la coalition (qui contrôle l'espace aérien du Yémen, NDLR) n'est pas arrivée».
«Nous avons été surpris», a dit à l'AFP une femme qui devait accompagner son père pour une opération lundi en Jordanie. «Mon père n'a pas supporté la nouvelle et a fondu en larmes», a-t-elle ajouté sous couvert de l'anonymat.
«Bénéficier aux civils»
L'envoyé spécial de l'ONU au Yémen, Hans Grundberg, a «exhorté les parties à travailler de manière constructive avec (lui) et (son) bureau pour trouver une solution qui permettrait aux vols de reprendre comme prévu».
«Le but de la trêve est de bénéficier aux civils en réduisant la violence, en fournissant du carburant et en améliorant leur liberté de mouvement vers, depuis et à l'intérieur de leur pays», a-t-il tweeté, sans pointer du doigt la coalition qui a elle violé la trêve.
Le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) a exprimé sa déception. «Cela aurait été un premier pas, petit mais important, vers une stabilité durable au Yémen. C'est également un moyen de sauver la vie de dizaines de milliers de patients qui ont désespérément besoin d'un traitement urgent à l'étranger», a déclaré Erin Hutchinson, directrice de NRC au Yémen.
Le directeur adjoint de l'aviation civile, Raëd Talib Jabal, a dénoncé une «violation de la trêve».
«La coalition cherche délibérément à augmenter la souffrance du peuple yéménite (...)», a-t-il insisté.
Des milliers de malades
L'aéroport de Sanaa est fermé aux vols commerciaux depuis août 2016 après des raids aériens de la coalition.
Seuls les vols humanitaires sont depuis autorisés avec des interruptions périodiques, un blocus dénoncé par le mouvement yéménite Ansarullah.
L'arrêt des vols commerciaux a empêché «des milliers de civils malades» de se soigner à l'étranger, selon des ONG en août.
Pays le plus pauvre de la péninsule arabique, le Yémen est le théâtre depuis 2014 d'une guerre qui a causé la mort de près de 380.000 personnes, dont une majorité de décès liés à la faim, aux maladies et au manque d'eau potable, selon l'ONU. Des millions d'autres ont été déplacées.