Enfants de terroristes français en Syrie: une enquête bientôt ouverte et confiée à un juge d’instruction
Par AlAhed avec AFP
C'est une nouvelle étape dans le combat des familles pour rapatrier les enfants des terroristes français retenus dans des camps kurdes en Syrie.
Selon des informations du Journal du Dimanche, une information judiciaire va bientôt être ouverte en France pour «non-intervention d'un dépositaire de l'autorité publique pour détention illégale» concernant le cas d'une Française et ses trois enfants détenus dans un camp au Kurdistan syrien depuis janvier 2017.
L'ouverture d'une enquête, confiée à un juge d'instruction, fait suite à un arrêt de la Chambre de l'instruction datant du 17 mars 2022, concernant Estelle Kabaoui et ses trois enfants, retenus au camp de Roj.
La mère de celle-ci, représentée par les avocats Vincent Brengarth et William Bourdon, multiplie depuis cinq ans les recours pour les rapatrier.
Dans un premier temps, la justice française a estimé qu'il y avait une «absence d'infraction», puis s'est déclarée incompétente territorialement, avant un ultime revirement par un appel devant la Chambre de l'instruction qui lui a donné raison.
«On va enfin comprendre pourquoi la France ne rapatrie pas les femmes et les enfants retenus sans droit ni titre dans les camps du Nord-Est syrien», s'est félicité Me Brengarth auprès du JDD.
200 enfants français dans les camps kurdes
Quelque 80 femmes françaises, qui avaient rejoint «Daech», et 200 enfants sont détenus dans les camps kurdes syriens d'Al-Hol et de Roj.
En 2021, le premier a été le théâtre de tentatives d'évasion et d'attaques, 74 enfants y sont morts, dont huit ont été tués, selon l'ONG Save the Children.
Jusqu'à présent, Paris a maintenu une politique de retour au cas par cas pour ces enfants - 35, majoritairement des orphelins, ont été rapatriés jusqu'ici - et considère que les adultes devraient être jugés sur place.
En février, le Comité des droits de l'enfant de l'ONU, chargé d'examiner des requêtes concernant 49 enfants français a déclaré que la France violait les droits des enfants français.
«Le refus de la France de rapatrier des enfants français détenus dans des camps syriens dans des conditions mettant leur vie en danger depuis des années viole leur droit à la vie, ainsi que leur droit à ne pas subir de traitements inhumains et dégradants», a déploré cette instance chargée de surveiller la mise en œuvre de la Convention relative aux droits de l'enfant.