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Des pages inédites sur la guerre de Juillet (9)

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Traduction: Dina Chamseddine

Les tournées des émissaires étrangers se sont multipliées, ainsi que les coups de fil proposant des solutions, dont le contact du ministre Allemand de la Sécurité qui a abordé une médiation pour l’opération d’échange des otages, une démarche qui déclenchera un long processus visant à révéler le destin des détenus disparus depuis de longues années en "Israël".
  
Il semblait évident que le massacre de Qana a semé la confusion dans les attitudes des Etats Unis et d’"Israël" et que la communauté internationale est devenue sujette à la pression de l’effusion du sang, non dissimulée par les tentatives israéliennes effrontées pour s’en dérober.

Condoleeza Rice, mise au courant de la position libanaise refusant de la recevoir, a tenté de restreindre le délai accordé à l’offensive israélienne, tout en liant le cessez-le-feu à la stabilité permanente.
Le lundi 31 juillet, la ruse israélienne relative à la cessation des raids aériens a été dévoilée et des dizaines de victimes sont tombées tout au long des territoires libanais, jusqu’à la Békaa.
Ce même jour, nous avons tous suivi les images des Tanks israéliens « Merkava » détruits brulés sur le front est, dans le voisinage du village Kfarkila.

A Ein-Tineh, le président Berry discutait le projet soumis par le ministre français des AE Philipe Doust-Blazy, arrivé à Beyrouth, et estimait que le projet était alors inconvenable et douteux et similaire dans le fond à la position américaine.

Le président Berry a par la suite reçu le représentant du secrétaire général des Nations Unies qui a transmis les remerciements de Koffy Annan pour la prise de position du président Berry et sa contribution à la retenue de l’attaque contre le siège de l’ESCWA, ainsi que ses condoléances pour les martyrs du massacre perpétré à Qana, affirmant que l’ONU oeuvrait sérieusement pour la mise en œuvre du cessez-le-feu. Ce fut une opportunité que le président a saisi pour mettre en garde contre les dangers résultant de la soi-disant trêve d’un jour, véhiculée par "Israël", afin d’incendier le Liban sud et d’imposer ses conditions au Conseil de Sécurité.

J’ai pris part en ce moment à la réunion du Conseil islamique chiite supérieur sous la présidence du cheikh Abdul Amir Kabalan, à l’issue de laquelle un communiqué a appelé à soutenir les positions du président de la Chambre et du Premier ministre, en ce qui concerne la priorité de la cessation de l’offensive et du cessez-le-feu.

De retour à Ein-Tineh, le président Berry avait rencontré le ministre des AE français qui après avoir condamné le massacre de Qana, a exposé le projet français comprenant :
- Une Cessation immédiate des opérations militaires.
- La libération des détenus libanais et israéliens.
- L’application de l’accord de Taëf, notamment en ce qui concerne étendre le pouvoir du gouvernement sur tout le territoire libanais.
- Le règlement de l’affaire des fermes de Chébaa et les placer sous le mandat des Nations Unies.
- La formation d’une force multinationale pour établir la stabilité et contribuer à la résolution politique du conflit.

Berry de répliquer : « Tout en appréciant la tentative française, je m’abstiens de discuter votre projet dans le fond et j’insiste sur ce que j’ai déclaré hier, en compagnie du premier ministre Siniora : le cessez-le-feu est la condition pour tout débat.
Doust-Blazy : « Le Hezbollah cessera-t-il le lancement des missiles sur Israël ? »
Berry : « Bien sûr, si le cessez-le-feu est convenu ».
Doust-Blazy : « L’Iran influe-t-il sur le déroulement des évènements ? »
Berry : «L’identité de la résistance est libanaise…mais le rôle iranien est nécessaire et suffisant ».
Doust-Blazy : « quelle est la position officielle du gouvernement ? »
Berry : Nous sommes d’accord, et vous pouvez l’y interroger. Je n’aborderais pas les détails en ce moment.
Doust-Blazy : Qu’en est-il de la force multinationale ?
Berry : J’ai affirmé que je ne discuterais aucune proposition avant le cessez-le-feu, mais nous sommes pour un rôle de la France que nous voulons notre porte vers l’Europe. Et je vous confie, en dépit de la douleur que je ressens, que je ne suis pas gêné par le fait que l’agression israélienne soit centrée sur des régions précises et qu’elle vise notamment les chiites, car ce fait, nous l’exploiterons dans l’avenir, pour traduire en justice Ehud Olmert et son gouvernement pour génocide raciste commis contre une population civile, ce qui serait la meilleure riposte à leurs allégations sur l’injustice dont ils disent en avoir souffert, lors de la prétendue persécution des Juifs en Europe.
Et de poursuivre : Monsieur le ministre, j’ai beaucoup estimé l’appel téléphonique du président Jack Chirac, mais pour votre temps, aidez-nous à établir un cessez-le-feu et puis toutes les questions politiques sont discutables.
Doust-Blazy : Quand est-il de l’échange des captifs ?
Berry : J’ai annoncé que les conditions relatives à l’échange ont désormais changé.
Doust-Blazy : Mais quels sont les cartes que vous me donnez pour que j’exerce des pressions sur les américains ?
Berry : Les corps des enfants de Qana sont les meilleurs moyens de pression.

A la sortie du ministre français, hajj Wafik Safa, responsable de l’unité de liaison et de coordination au Hezbollah, m’a contacté pour m’informer que le ministre allemand de la sécurité a envoyé un émissaire à Beyrouth pour discuter le dossier de l’échange des captifs et que le sayed Hassan Nasrallah l’a déféré au président Berry, qui a répliqué que cette affaire sera discutée après le cessez-le-feu.

Mohammad Chatah délégué de Siniora : la force multinationale !

M.Mohammad Sammak, délégué de Dar-el-Fatwa est venu à Ein-Tineh pour discuter de la tenue d’un sommet spirituel à Bkerké et nous a mis au courant du brouillon d’un communiqué renfermant une clause saluant la résistance et ses martyrs, approuvé par Bkerké. Mais lorsque le président Berry a reçu dans la soirée le brouillon final, il n’a trouvé aucune allusion à la résistance et s’est aperçu que le premier ministre Siniora a été à l’origine des modifications survenues sur le texte. Il a alors insisté pour que le communiqué cite le nom du «  Hezbollah » et en a informé le cheikh Abdul Amir Kabalan, qui a souligné l’importance de cette démarche.
Hajj Hussein Khalil est arrivé à Ein-Tineh où nous avons discuté avec le président Berry le climat de son entretien avec Doust-Blazy,  le brouillon du communiqué du sommet spirituel, notamment la clause relative à la résistance et les tiraillements qu’elle a provoqués, au moment où le président Siniora a demandé un rendez-vous pour son conseiller Mohammad Chatah, portant un message de sa part.

Mohammad Chatah a rapporté que le premier ministre Siniora a contacté son homologue britannique Tony Blair, qui l’a interrogé sur la possibilité du déploiement de l’armée libanaise jusqu’aux frontières pour que le cessez-le-feu soit déclaré.

Berry : Que les Israéliens se retirent au-delà de la ligne bleue  et puis le déploiement de l’armée libanaise ne posera aucun problème.
Chatah : Et si le Hezbollah le refuse ?
Berry : J’irai moi-même au sud en tête de l’armée et j’en assume la responsabilité.
Chatah citant Siniora : Nous posons trois questions :

1-Si l’armée libanaise est déployée, assistée par la Finul, le Hezbollah serait-il prêt à remettre ses armes ?
Le président Berry étonné, a répliqué après quelques instants de silence : Avancez-vous que les armes soient invisibles dans la région ? Et quelle serait la limite de la zone démilitarisée ?
Chatah : Une zone de 10km de profondeur.
Le président Berry a riposté : Ce serait avant ou après le retrait des fermes de Chébaa ! Ecoutez Dr.Chatah, je discute le fait que les armes soient visibles ou invisibles et non le principe de la remise des armes, c’est ce que j’entends.
Chatah : Le ministre français a dit que c’est une histoire de confiance.
Berry : Et qui nous garantira la libération de la terre et la dissuasion d’Israël ?
Chatah a posé la seconde question, citant toujours Siniora :

2-Le français conçoit  une force multinationale, dont la majorité serait formée de français.
Berry : N’utilisez pas le terme « force multinationale », car telle force devrait se déployer sur la partie israélienne des frontières, et peu nous importe alors ses origines. Mais si vous laissez entendre l’augmentation des effectifs de la Finul, selon son mandat actuel, j’en garantirais personnellement l’approbation et j’en assume la responsabilité.
Chatah : Puisque nous n’avons pas tranché cette affaire, qu’en dites-vous de la tenue d’une réunion commune qui vous regroupe avec le premier ministre Siniora et le ministre français ?
Berry : Je n’empièterai pas sur  le sang des enfants de Qana et je  ne discuterai aucune proposition, avant le cessez-le-feu. J’accepte de mener des tractations internes pour établir une position unie, mais non avec l’extérieur.

Chatah a de nouveau évoqué la question des armes au sud du Litani, mais le président Berry lui a affirmé : Nous les traitons tout comme les armes existant dans la capitale et les régions libanaises, celles visibles sont interdites par l’armée, mais nous n’admettrons point les descentes. En tout cas ce n’est pas le moment opportun pour en discuter.

L’ambassadeur d’Iran Mohammad Rida  Chibani s’est enquis dans la soirée sur les développements politiques de la journée au moment où il préparait un entretien  entre les ministres des AE de la France et de l’Iran, autour du projet français et durant lequel le ministre iranien a rapporté nos points de vue.
Le Conseil de Sécurité a émis dans la nuit un communiqué dans lequel il a exprimé ses regrets pour le massacre perpétré à Qana, sans toutefois oser braver la position américaine s’opposant à la condamnation et sans aborder le cessez-le-feu.

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