Ukraine: Biden «convaincu» que Poutine a décidé l’invasion, «mobilisation générale» au Donetsk
Par AlAhed avec AFP
Joe Biden s'est dit vendredi «convaincu» que le président russe Vladimir Poutine avait «pris la décision» d'envahir l'Ukraine, ajoutant cependant qu'il n'était «pas trop tard» pour la diplomatie.
«Nous avons des raisons de penser que les forces russes ont l'intention d'attaquer l'Ukraine (...) dans les prochains jours», a déclaré le président américain dans une allocution depuis la Maison Blanche. «Je suis convaincu qu'il a pris la décision. Nous avons des raisons de le penser».
«Nous pensons qu'ils prendront Kiev pour cible, une ville de 2,8 millions d'innocents», a-t-il ajouté.
Tant qu'une invasion ne s'est pas produite, «la diplomatie est toujours une possibilité», a-t-il ajouté, soulignant que le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken devait rencontrer son homologue russe Sergueï Lavrov jeudi en Europe.
Si la Russie envahit l'Ukraine d'ici là, elle aura «claqué la porte à la diplomatie», a-t-il prévenu.
Biden s'est par ailleurs demandé s'il serait «sage» pour le président Volodymyr Zelensky de quitter l'Ukraine actuellement pour se rendre à une conférence internationale, en estimant que c'était à lui de prendre cette décision.
«Dans une quête d'issue diplomatique, cela pourrait ne pas être, cela pourrait être l'option la plus sage, mais la décision lui revient», a-t-il déclaré sans trancher clairement, alors que se pose la question que Zelensky se rende à la Conférence sur la sécurité de Munich, qui rassemble jusqu'à dimanche de nombreux dirigeants internationaux.
Poutine accuse Kiev
Le président russe a lui accusé Kiev de nourrir le conflit et constaté une «aggravation de la situation dans le Donbass», région où l'armée ukrainienne affronte depuis huit ans les forces prorusses soutenues par Moscou.
«Tout ce que Kiev a à faire, c'est de se mettre à la table des négociations avec les représentants (des séparatistes) du Donbass et de s'entendre», a-t-il dit, recevant son homologue du Bélarus et allié, Alexandre Loukachenko.
Le président de la chambre basse du Parlement russe, Viatcheslav Volodine, a assuré que la Russie allait «défendre» les «citoyens russes» qui vivent dans les territoires séparatistes en Ukraine si leurs vies étaient «menacées». «Si la guerre commence, c'est l'Europe qui deviendra le théâtre des hostilités», a-t-il prévenu.
L'Occident unanime a promis à Moscou des sanctions économiques dévastatrices en cas d'invasion de l'Ukraine. Elles feraient de la Russie un «paria», a encore martelé vendredi un responsable américain.
Mais Vladimir Poutine a de nouveau balayé la menace: «les sanctions seront introduites quoi qu'il arrive. Qu'il y ait une raison ou pas, ils en trouveront une car leur but est de freiner le développement de la Russie».
«Mobilisation générale» au Donetsk
Toute la journée, les belligérants dans l'est de l'Ukraine se sont accusés de violer la trêve et d'user d'armes lourdes.
Les dirigeants séparatistes de la région de Donetsk et de la «république» voisine de Lougansk ont de leur côté annoncé une évacuation des civils vers la Russie -- mais pas des «hommes capables de tenir une arme».
Le dirigeant de Donetsk, en guerre contre l'Ukraine, a lui proclamé samedi la «mobilisation générale».
«J'appelle mes concitoyens réservistes à se présenter aux bureaux de conscription militaire. Aujourd'hui, j'ai signé le décret de mobilisation générale», a annoncé Denis Pouchiline dans une déclaration vidéo.
Et le président russe a ordonné le versement de 10.000 roubles (environ 114 euros) à chaque personne partant de ces zones. Les chaînes de télévision russes montraient des images d'évacuations d'enfants rassemblés dans la cour de leur orphelinat.
Alors que les tensions montent sur le terrain, la Russie a encore affirmé vendredi procéder au retrait d'unités militaires des abords de l'Ukraine, sans toutefois convaincre ses adversaires.
La Russie nie tout projet d'invasion mais réclame des garanties pour sa sécurité, comme le retrait de l'Otan d'Europe de l'Est, autant d'exigences rejetées par l'Occident.
40% des forces russes en position d'attaque
Parallèlement, Washington a accusé que plus de 40% des forces russes massées aux frontières de l'Ukraine sont désormais en position d'attaque, estimant que la phase de déstabilisation du pays menée par la Russie avait «commencé».
Les Etats-Unis, qui évaluent à plus de 150.000 le nombre de soldats russes désormais déployés au nord, à l'est et au sud de l'Ukraine, ont observé des «mouvements» de troupes russes vers la frontière depuis mercredi, a indiqué vendredi un responsable du Pentagone ayant requis l'anonymat.
«40 à 50% sont en position d'attaque. Ils se sont déployés sur des points de rassemblement tactique au cours des dernières 48 heures», a-t-il affirmé à quelques journalistes.
Les points de rassemblement tactique sont des zones proches de la ligne de front où une unité militaire se rassemble avant de lancer une offensive.
Le responsable a précisé que Moscou disposait vendredi de 125 bataillons de l'armée de terre à proximité des frontières ukrainiennes, contre 60 en temps normal et 80 début février.