Discours à l’occasion du second anniversaire de l’assassinat du général Soleimani et d’Abou Mahdi AlMouhandess
Au nom de Dieu
Comme chaque fois au début de chaque discours, j’estime de mon devoir moral de mentionner certains éléments liés aux condoléances et aux bénédictions avant d’entrer dans le sujet de circonstance. En ces jours, justement, les joies se mêlent à la tristesse. Je commence donc par présenter mes condoléances aux musulmans pour la mort de sayyeda Fatima AlZahraa et en même temps, je présente mes vœux aux chrétiens pour la naissance du Christ et en général pour le début de l’année selon le décompte chrétien, dans l’espoir qu’elle soit porteuse de bien être après toutes les difficultés que traverse actuellement notre région, notamment dans le cadre du COVID qui nous a fait perdre de nombreux êtres chers. Je ne peux pas les citer tous mais je voudrais mentionner le poète le cheikh Fadl al Moukhader, qui fait partie de la génération des fondateurs de notre parcours, celui du Hezbollah et de la résistance islamique. Parmi les pertes d’êtres chers, je voudrais aussi citer hajj Hassan Erlo qui a occupé les derniers temps, le poste d’ambassadeur de la République islamique au Yémen résistant à Sanaa. Il s’agit d’un ambassadeur particulier qui a dans sa première jeunesse intégré les Gardiens de la Révolution et il est venu au Liban dans les années 1982 et 1983 et il a été parmi les premiers à former les résistants dans la Békaa… Nous devons aussi nous arrêter devant la commémoration de la mort du cheikh Nemr el Nemr, tué injustement dans les prisons saoudiennes. Je réitère mes condoléances à leurs familles et à tout le peuple opprimé en Arabie et ailleurs. Je voudrais encore mentionner le premier anniversaire de la mort du cheikh philosophe Mosbah Yazdi qui n’a pas son égal dans notre époque.
J’en arrive à notre occasion du jour, celle de la seconde commémoration de la mort des chefs de la victoire, avec leurs frères nos chers moujahidines, je parle de haj Qassem Soleimani et d’Abou Mahdi al Mouhandess et de leurs compagnons iraniens et irakiens.
Je vais donc consacrer ce discours à parler des circonstances de leur martyre à la lumière des développements régionaux. Le temps ne me permettra pas d’évoquer la situation interne au Liban, mais j’espère lui consacrer bientôt un discours entier, car de nombreux points méritent d’être abordés en détails et avec franchise. Je me contenterai donc de rappeler notre attachement au dialogue entre les Libanais. Concernant tout ce qui a été dit et écrit sur la relation entre le Hezbollah et le CPL, je rappelle que nous tenons énormément à nos alliés et à nos amis et même à nos relations. Nous sommes attachés à l’entente avec le CPL et nous sommes prêts à la faire évoluer de manière à assurer l’intérêt national, tout en précisant que de nombreux points qui ont été dits et écrits, même certains qui figurent dans le discours du chef du CPL d’hier méritent d’être discutés en toute franchise. Cela suffit aujourd’hui dans le volet interne. Je rappelle que prochainement j’aurai un discours qui abordera en profondeur les questions libanaises, l’avenir du pays, sa sécurité, sa souveraineté et ses problèmes dans la perspective régionale.
Pour en revenir à la circonstance du jour, rappelons-nous comment le convoi des deux martyrs a quitté l’aéroport de Bagdad et il a été la cible d’un bombardement aérien américain clair et évident. Tous les frères sont morts. Après cela, les Américains ont ouvertement annoncé leur responsabilité. Autrement dit, il n’a pas été nécessaire de mener une enquête pour savoir qui a commandité le crime et qui l’a exécuté. Les choses étaient claires depuis le début. Cet événement a eu d’immenses répercussions, militaires, politiques et populaires en Iran, en Irak et dans toute la région. Tout le monde s’en souvient et ces répercussions se font sentir jusqu’aujourd’hui. Deux ans après, nous commémorons toujours ce moment et les images des chefs martyrs n’ont jamais quitté nos esprits, ainsi que leur parcours et leur jihad. La voix de la vengeance continue à se faire entendre dans les cœurs de tous ceux qui les ont aimés dans le monde entier. Cette commémoration célébrée en Irak et en Iran ainsi que dans de nombreux pays arabes et islamiques est la preuve de la reconnaissance de ce que ces martyrs ont donné aux populations de la région. Certains nient cet apport et protestent si ceux qui le reconnaissent souhaitent commémorer ce souvenir en brandissant les portraits des martyrs sur la route de l’aéroport de Bagdad et sur celle de l’aéroport de Beyrouth. C’est un indice de décadence morale. Commémorer ce souvenir est une façon de leur rendre hommage pour leur apport et leurs sacrifices en faveur de la dignité et la vie des peuples de notre région. C’est notre façon de les remercier et de leur montrer que nous poursuivrons la lutte sur le chemin qu’ils ont tracé avec leur sang. Nous continuerons à lutter en prenant exemple sur leur parcours pour faire face aux projets américano-sionistes dans notre région quelle que soit l’ampleur des sacrifices qu’il faudra faire pour cela.
Au cours de ces deux dernières années, il y a eu d’importantes confrontations et de grands sacrifices, la dernière en date a été la bataille de Seif al Qods à Gaza et en Palestine occupée. Il y a eu l’épopée de la résistance des Yéménites et toujours, le souvenir de ces héros est resté présent et vivace dans toutes les rencontres surtout celui de haj Qassem Soleimani et haj Abou Mahdi. Justement, au cours des deux dernières années, nous avons beaucoup parlé de ces deux martyrs, de leurs qualités exceptionnelles. Aujourd’hui, je voudrais tirer quelques leçons de cette expérience et de pousser les peuples de la région à préciser le tueur et la victime. Lorsque nous parlons de Karbala, il ne suffit pas de parler de Hussein et de Abbas, il faut aussi évoquer Yazid et de Obeidallah ben Ziad, sinon, le tableau restera tronqué. Entre le tueur et la victime, nos peuples, nos pays, nos gouvernements et nos patries doivent adopter une position déterminante, pas pour le martyr, mais pour eux. Pour leur éveil, leur vision, leur combat et leur avenir, pour savoir quelle position adopter et où se tenir. Commençons par l’Irak, la terre de jihad de haj Qassem et d’Abou Mahdi et la terre où ils sont tombés en martyrs. En Irak donc, les martyrs et les victimes sont haj Qassem et haj Abou Mahdi et leurs compagnons des Gardiens de la Révolution et du Hachd al Chaabi et l’assassin est l’Américain. Ce qu’il faut c’est donc une position claire irakienne et de tous les peuples de la région. Pour revenir à l’Irak, dans ce pays que les Américains ont envahi depuis 20 ans où ils ont tué des milliers de personnes de leur propre aveu, tout en pratiquant les pires tortures (tout le monde se souvient du scandale de la prison d’Abou Ghoreib), les Américains ont donc tué et torturé avant de réaliser l’assassinat de haj Qassem et d’Abou Mahdi. La résistance elle a réussi à chasser les forces militaires en 2011 et 2012. Mais en même temps, les Américains ont créé «Daech» en Irak et en Syrie, de l’aveu de Trump et de Pompeo et d’autres responsables militaires américains, pour pouvoir ramener ses troupes en Irak. Avec «Daech», les Américains ont placé l’Irak face à une menace existentielle réelle. Nous nous souvenons tous de la chute des provinces irakiennes entre les mains de «Daech» en quelques jours. Bagdad est devenue sous la menace ainsi que Karbala, ainsi que toutes les provinces irakiennes. Les Etats-Unis assument la responsabilité des crimes commis par «Daech» en Irak. «Daech» a été le prétexte créé par les Etats-Unis pour revenir en Irak dans le rôle du sauveur et du protecteur. C’est donc eux l’assassin qui n’a pas son pareil dans le monde. Quant au martyr, ce sont bien Qassem Soleimani et Abou Mahdi al Mouhandess, dans tout ce qu’ils représentent, il ne s’agit pas seulement de personnes qui ont combattu l’occupant américain en Irak. Haj Soleimani dans tout ce qu’il représente s’est tenu aux côtés des Irakiens dans leur lutte contre l’envahisseur américain. Il a contribué à fonder les factions de la résistance irakienne et il leur a donné de l’argent, des armes, de l’espoir, de la confiance et la volonté de se battre en croyant à la victoire, et de l’enthousiasme. Jusqu’à la grande victoire qui s’est concrétisée par le retrait des troupes américaines d’Irak grâce à une résistance qui a revêtu plusieurs formes dont la plus importante est la résistance armée. C’est alors que «Daech» a été créée en Irak pour permettre aux Etats-Unis d’y revenir. Parmi les premiers à s’être tenu aux côtés de l’Irak pour combattre «Daech» il y avait haj Qassem Soleimani et la République islamique d’Iran. Haj Qassem représentait l’ayatollah Khamenei et le régime iranien. Il représentait les forces armées iraniennes et les Gardiens de la Révolution, ainsi que le peuple iranien fier et noble. Il est venu en Irak avec ses frères dès les premiers jours difficiles. L’Iran a eu beaucoup de martyrs en Irak. De son côté, Abou Ma hdi a immédiatement décidé de résister et il a été, avec ses compagnons, le premier à répondre à l’appel de l’autorité religieuse au jihad. C’est cela le martyr, qui a vécu pendant des années dans les lignes de combat, sur les barricades, dormant à même le sol en regardant vers le ciel. Ces martyrs ont vécu avec les combattants, partageant leurs souffrances et leurs espoirs, leurs joies et leurs peines, leur faim et leur soif. Ce sont les martyrs qui ont préservé l’Irak et qui se sont battus pour lui. Si l’Irak bénéficie aujourd’hui d’un certain niveau de stabilité et de prospérité, c’est grâce en partie à ces martyrs qui ont contribué à écarter la terrible menace qui pesait sur l’Irak. C’est donc cela le martyr et cela l’assassin. Y a-t-il un homme en Irak qui peut mettre l’assassin et le martyr sur le même plan ? Peut-on mettre à pied d’égalité les Etats-Unis qui ont occupé, tué, emprisonné, pillé, détruit et créé «Daech» et la République islamique d’Iran qui a appuyé, protégé et consenti des sacrifices… La justice en Irak peut-elle consister à dire que les Etats-Unis sont des alliés et les Iran aussi ? Le pire est encore que certains en Irak considèrent les Etats-Unis comme des alliés et les Iraniens comme des ennemis et pour eux, Qassem Soleimani et Abou Mahdi al Mohandess sont les assassins. C’est une catastrophe au niveau de la vision et de la pensée, de la morale et de la conscience des faits. Certes, cette approche est fabriquée par les Etats-Unis, les médias, les réseaux sociaux, les armées électroniques pas seulement en Irak mais aussi dans l’ensemble de la région. Je reviendrai sur ce sujet à la fin de ce discours. Ils déforment l’image du résistant et du moujahed, mais ceux qui commettent les crimes les plus atroces, des crimes contre l’humanité, des massacres en plein jour, qui torturent et attaquent les femmes dans les prisons, ces Américains, ils sont qualifiés d’amis civilisés et de civils. Là, nous avons besoin de faire une distinction claire entre l’assassin et le martyr. Ce qui est valable en Irak l’est aussi dans d’autres pays. Permettez-moi de nommer les choses par leur nom en Irak mais pas dans d’autres pays. C’est donc aussi valable pour d’autres pays comme l’Arabie saoudite. En Irak, nous trouvons ainsi des gens qui disent que l’Arabie saoudite est un ami et un frère et l’Iran aussi. Parlons donc un peu de l’assassin et du martyr. De 2003 jusqu’à la fin de «Daech» au minimum, nous nous souvenons des milliers d’attaques suicides qui ont eu lieu en Irak, contre les églises, les husseyniyés, les mosquées, les souks et les écoles, dans lesquelles des milliers d’Irakiens ont trouvé la mort, leurs corps ont été déchiquetés et remplissaient les rues. L’émir Nayef ben Abdelaziz qui était à l’époque l’héritier du trône saoudien et qui est présent sur les réseaux sociaux -nous n’inventons pas un personnage et nous ne lui faisons pas porter la keffieh- comme ils l’ont fait il y a quelques jours sans prendre la peine de veiller à ce qu’il ait au moins un accent libanais- et ils ont cherché à nous faire croire qu’il appartient au Hezbollah, alors qu’il n’a rien de commun avec nous ni les termes qu’il utilise, ni le langage etc, ils sont tellement ridicules-cet émir dit donc dans un cercle privé qu’il y a eu des milliers de Saoudiens qui se sont rendus en Irak pour y exécuter des attaques suicides. Les Services de renseignements irakiens savent aussi au cours des 20 dernières années que les SR saoudiens envoyaient des voitures piégées en Irak et dirigeaient l’envoi de kamikazes en Irak.
«Daech» et son idéologie sont venus d’Arabie. Cela a été dit dans les médias et sur les chaînes de télévision. Même l’émir Mohammed ben Selmane l’a lui-même reconnu, disant que les Etats-Unis ont demandé au cours des dernières décennies de chercher à répandre la pensée wahabite dans le monde musulman et dans le monde en général. Il a aussi dit que le royaume saoudien a exécuté la demande américaine. C’est cela la position saoudienne. Plus que cela, nous nous souvenons des applaudissements en Arabie lorsque «Daech» a contrôlé une grande partie des provinces irakiennes. C’est donc cela l’Arabie en Irak. Elle a envoyé ses jeunes pour tuer des femmes, des enfants et des hommes irakiens à Bagdad, Karbala et dans toutes les provinces du pays.
Comment peut-on mettre à pied d’égalité l’assassin et le martyr ? Comment est-ce possible ? De quelle humanité et de quelle morale s’agit-il là ? De quel éveil s’agit-il là ? Selon quelle pensée peut-on réfléchir ainsi ? Sans parler de ceux qui croient que l’Arabie est l’amie et l’Iran l’ennemi.
C’est une partie des leçons qui peuvent être tirées de ce qui s’est passé en des jours comme ceux-là sur la route de l’aéroport à Bagdad. Les Irakiens qui sont descendus dans les rues pour commémorer cet événement ont exprimé leur conscience des faits et des leçons à en tirer.
Quittons un peu l’Irak et venons au Liban. Dans notre pays, il y a actuellement un grand débat sur les politiques économiques et financières. Mais nous avons aussi un problème à définir l’ami et l’ennemi. Je voudrais rappeler par exemple qu’en 1948, la Palestine et le Liban ont souffert et ont vécu des tragédies. Aujourd’hui, la Palestine est occupée par les sionistes depuis des dizaines d’années. Cette occupation provoque les pires tragédies et injustices. Elle provoque la mort, l’emprisonnement, effectue la torture, entraîne l’exode et pousse des milliers de Palestiniens à vivre en réfugiés dans les camps. Cette occupation met des résistants en prison qui continuent de résister d’une façon héroïque, le dernier en date de ces héros c’est Hicham Abou Hawache. Lui et ses compagnons ont accompli des actes héroïques pendant ces derniers mois. De même, cette occupation a achevé il y a quelques semaines le mur qui encercle Gaza pour compléter le blocus qui dure depuis 15 ans. Deux millions de personnes sont encerclées depuis 15 ans. Et avec cela on parle de droits de l’homme, de moralité, de valeurs, de messages divins, de dialogue des civilisations… 2 millions de Palestiniens sont encerclés à Gaza, des millions vivent dans les camps de réfugiés, en Cisjordanie et sur les territoires de 48, les vexations et l’oppression se poursuivent…Qui accomplit tout cela ? L’Israélien. Qui est-il ? Un simple soldat chez les Américains. C’est un instrument entre les mains des Américains. Les Etats-Unis sont responsables de tous les crimes commis par les Israéliens en Palestine et dans la région.
Tout ce qu’a fait «Israël» et tout ce qu’il continue de faire ce sont les Américains qui en sont responsables. Car ce sont eux qui financent et qui appuient, qui arment et qui protègent. Ce sont eux qui imposent aux pays du monde d’établir des relations avec «Israël», qu’il reconnaisse cette entité et normalise ses relations avec elle. Ce sont eux qui ont aussi terrorisé la plupart des Etats arabes et leurs armées pour qu’ils ne combattent plus «Israël».
Le plus grand et véritable protecteur d’«Israël» dans la région, ce sont les Etats-Unis. Par conséquent, ce sont eux les responsables de tous les crimes commis par «Israël» en Palestine et par tous ceux commis par «Israël» au Liban. Ce n’est pas une mince affaire. Au Liban, nous parlons d’«Israël» et de la résistance en deux phrases et nous passons à autre chose, notamment vers les questions internes et les détails. Pourtant, il s’agit d’une question liée à l’existence à la survie et aux ressources du Liban. Elle est aussi liée à l’avenir et à la dignité et à la souveraineté du Liban, au sang de notre peuple et à notre honneur.
Depuis 1948, il y a aussi un discours au Liban entre l’assassin et le martyr. En Palestine, le martyr est Palestinien et l’assassin américain. Le martyr aux côtés du Palestinien c’est Qassem Soleimani et tout ce qu’il représente. Mais au Liban, il y a aussi ceux qui considèrent les Américains comme des amis. Il y a donc un conflit fondamental à ce sujet. Il ne s’agit pas d’une question marginale et secondaire. Elle est plus profonde que les débats stratégiques. Tout ce qu’a accompli «Israël» au Liban, les attaques, les guerres, les massacres, les emprisonnements, les vols des ressources, les tentatives de discorde tout cela a été accompli avec l’aval des Américains et sous leurs directives.
Il est étrange de voir comment nous savons qui a tué nos enfants, détruit notre infrastructure, mené des attaques, emprisonné, terrorisé etc., mais les Etats-Unis qui l’appuient, nous les considérons comme des amis. L’exécutant est un ennemi mais celui qui l’utilise et le dirige est un ami ? C’est une catastrophe au niveau de la pensée, de la vision, de la conscience, de la morale et du diagnostic. Car si on les considère comme des amis, on a recours à eux, alors qu’ils sont en réalité le véritable ennemi, la tête et le cerveau, la source de la haine, de la vindicte, du complot, de l’injustice et de l’occupation. C’est cela en Palestine et au Liban.
Nous arrivons à la Syrie. Dix années de guerre, des centaines de milliers de personnes en ont été les victimes, qu’il s’agisse de martyrs, de blessés, de réfugiés. Qui est derrière cette guerre ? On me dit «Daech» et «Nosra» ou tel Etat arabe, asiatique ou du Golfe. Moi je dis que tous ceux-là sont des instruments, de l’aveu-même de responsables arabes sur les chaînes de télévision. Puisque nous donnons des noms, je citerai Hamad ben Jassem qui était Premier ministre du Qatar. Il a déclaré que celui qui dirigeait cette guerre, donnait l’argent et distribuait les rôles dans la guerre en Syrie, c’était l’ambassadeur des Etats-Unis dans ce pays qui s’était établi en Turquie.
Les Etats-Unis sont donc les responsables de la guerre qui a éclaté en Syrie.
Cela doit rester présent dans l’esprit des Syriens et dans le nôtre. Ceux qui ont entraîné la Syrie vers la guerre, qui ont détruit ce pays et y ont provoqué une guerre universelle, ce sont les administrations américaines successives. Les Etats-Unis ont été défaits en Syrie, comme ils l’ont été en Irak. Mais l’agression américaine contre la Syrie se poursuit sous différentes formes et le plus dur qu’affronte aujourd’hui la Syrie, c’est la situation économique et quotidienne.
Une des principales causes de cette situation économique désastreuse, ce sont le blocus, les sanctions et la loi César qui interdit à quiconque dans le monde de venir en Syrie et d’y investir, de participer à la reconstruction ou de faire du commerce avec ce pays. Ils laissent donc la Syrie mourir d’une mort lente et souffrir au quotidien. Qui exerce cette cruauté en Syrie ? Les Etats-Unis qui ont tué hajj Qassem et Abou Mahdi. Cela doit rester présent dans les esprits. Ceux qui occupent une partie du territoire syrien à l’Est de l’Euphrate, avec tout ce que cette région renferme de ressources gazières et pétrolières qui pourraient changer la situation économique du pays, ce sont les forces américaines. Les forces américaines contrôlent aussi une base dite Al Tanaf, amènent «Daech» du camp al Hol jusqu’à Al Tanaf et elle contrôle une zone d’un rayon de 50 kilomètres interdisant à quiconque de s’en approcher. Ceux qui osent le faire sont immédiatement la cible de bombardements aériens américains. Les Américains ont transformé la région en base pour Daech, pour que cette organisation puisse revenir dans le désert syrien et aux alentours de la capitale Damas. C’est cela les Etats-Unis.
L’assassin est donc les Etats-Unis et le martyr tous ceux qui se sont battus en Syrie pour la protéger, en tête le commandement syrien, l’armée syrienne et le peuple syrien. Il y a aussi haj Qassem et haj Abou Mahdi et leurs compagnons et d’autres. Il faut donc toujours faire une distinction entre l’ennemi et l’ami, l’assassin et le martyr. Si nous allons au Yémen, c’est la même histoire. Les Yéménites parlent eux-mêmes d’une agression américano-saoudienne. La guerre au Yémen est une guerre américaine exécutée par les Saoudiens. Depuis sept ans, l’agression contre le Yémen n’a rien laissé debout, elle a tué, détruit, affamé, attaqué les installations civiles pour cacher l’échec militaire sur les fronts. Qui assume la responsabilité de cette guerre d’une rare barbarie ? En premier lieu les Etats-Unis. Les Saoudiens sont les exécutants, l’instrument. Qui peut croire que si les Américains disent : il faut que cette guerre finisse, les Saoudiens la poursuivront ? Lorsque les Américains ont dit aux Etats du Golfe de lever leur blocus sur le Qatar, ceux-ci se sont exécutés.
Nous avions dit à l’époque que la crise dans les Etats du Golfe est un jeu américain. Ils décident, utilisent les uns, exploitent les autres, pillent ici et là. Lorsque le jeu doit se terminer, ils donnent le signal. Et les gens se retrouvent et s’embrassent. La décision de l’amour est prise par eux comme celle du conflit. Tout cela est le jeu des Américains. Ils créent les guerres, pillent les ressources et donnent le signal de la fin de la partie. C’est l’assassin américain, partout dans le monde, d’Afghanistan, où les forces américaines ont accompli des crimes atroces, où des gens ont été tués par erreur soi-disant, alors qu’ils célébraient des mariages… Il y a quelques jours, vous avez lu dans certains médias américains comment des dizaines de milliers d’Afghans et d’Irakiens ont été tués par erreur, face à l’inertie du Pentagone qui n'a aucun problème à ce sujet. L’assassin américain impose aussi un blocus mortel à 90 ou 85 millions d’Iraniens, déjà soumis à des sanctions en pleine pandémie du COVID et en pleine crise économique.
Partout, l’assassin est donc les Etats-Unis et partout, haj Qassem Soleimani était présent, avant de devenir le martyr. Il était présent avec tout ce qu’il représente. Il était présent et fabriquait les victoires. Il construisait les éléments de force et infligeait les défaites à l’assassin. Il était présent et changeait les équations. Et en fin de compte, il a donné son sang, car l’assassin a compris qu’il était l’une des principales raisons de ses défaites. C’est la description que j’ai voulu faire avant de passer aux résultats.
Dans les résultats, l’assassinat qui a eu lieu il y a deux ans a jeté les bases d’une nouvelle conscience de la bataille contre l’ennemi principal et a assuré la pleine identification de celui-ci tout en définissant la bataille principale à deux niveaux.
Le premier niveau c’est ceux qui ont tué, ceux qui ont donné l’ordre de tuer et ceux qui l’ont exécuté. Ils sont connus et ils connaîtront leur sort dans ce monde et dans l’autre si Dieu le veut. C’est la promesse des révolutionnaires, des nobles, des libres dans le monde et pas seulement celle des Iraniens et des Irakiens.
Chers frères et sœurs, ce sang pur nous dit : Tant que les Etats-Unis continueront à imposer leur hégémonie sur la région et que vous continuerez à les considérer comme des amis , l’injustice et le despotisme, l’occupation et les lignes rouges qui empêchent la libération de nos pays, de nos symboles sacrés et de nos ressources et richesses se poursuivront. Dans cette bataille, une grande partie doit être consacrée à la conscience et aux médias. Aux réseaux sociaux aussi. J’en ai parlé au début de ce discours et j’avais dit que j’y reviendrai à la fin. Ne prenez pas à la légère cette bataille qui transforme le résistant moujahed noble en terroriste ou voyou, en corrompu, voleur et trafiquant de drogues. Ils le font même s’ils n’ont aucun indice. Ils n’ont aucun problème à continuer à mentir sur la base suivante : «mentez ; mentez, il en restera toujours quelque chose». Dans les médias et sur les réseaux sociaux, l’ambassadeur des Etats-Unis à Bagdad devient ainsi une colombe de la paix, un conciliateur et un protecteur de l’unité en Irak, alors que Qassem Soleimani devient un criminel et un assassin dont il faut brûler le portrait. Certes, cela est resté très limité et le fait des enfants de l’ambassade. Ce n’est pas la volonté du peuple irakien qui s’est exprimé après le martyr des chefs et de leurs compagnons. Et même au cours des deux dernières années et ces derniers jours précisément. Mais en fin de compte, il existe des armées électroniques qui sont là pour semer la confusion dans les esprits. Il ne faut donc pas croire tout ce qui se dit, même s’ils vous poussent à réagir car c’est leur objectif. Tout ce qu’il y a sur les réseaux sociaux ne représente pas l’opinion de la population. Beaucoup de ce qui se dit dans des soi-disant sondages sont des mensonges et fait partie de la guerre psychologique. Il s’agit d’un plan pour désinformer, tromper et affaiblir la détermination et la clarté de vision. Même si des gens sont influencés par ces moyens, il faut rester vigilant. Cela fait partie de la bataille que nous devons mener sur le plan médiatique mais aussi sur le plan politique et au niveau de l’économie et sur les fronts sécuritaires et militaires. C’est la vraie bataille qui nous a été imposée par l’assassinat et le martyre de ces héros.
Aujourd’hui, certains viennent nous dire : vous, le Hezbollah, vous êtes en train de détruire les relations arabes et internationales du Liban. Je ne voulais pas parler des affaires internes, mais ce sujet s’intègre dans ce développement. Je demande donc à ceux qui disent cela : les relations avec qui ? Je viens de parler des Etats-Unis, et les crimes qu’ils ont commis contre le Liban sont encore visibles aujourd’hui. Et je ne parle pas du passé. C’est avec cet ennemi que vous nous accusez de détériorer nos relations ? Je voudrais m’adresser aux Libanais ou en tout cas à la grande majorité d’entre eux : tous savent que «Daech» était une menace terrible pour le Liban. Si «Daech» (et les groupes takfiristes) avait contrôlé la Syrie, la menace sur le Liban aurait été encore plus grave. Certains font des fanfaronnades et disent : si «Daech» était venue au Liban, nous l’aurions combattue. Moi je dis, heureusement que cela n’a pas été le cas pour qu’ils ne soient pas obligés de passer par cette expérience. Mais il y a quelque part un grand consensus sur le fait qu’il y a une menace existentielle sur le Liban, pour son avenir, ses gens, ses symboles, ses églises, ses mosquées etc. Mais qui se tient derrière «Daech» en Syrie et en Irak ? Seulement les Etats-Unis ? Et l’Arabie ? Certains vont immédiatement m’accuser de vouloir détruire les relations du Liban avec l’Arabie. Mais ce n’est pas le cas. Je me contente de décrire la situation. Il faut que les Libanais se disent la vérité et traitent entre eux sur cette base. Si on me dit : oui, il a participé à me tuer, à m’encercler et à me détruire mais je suis obligé de traiter avec lui, c’est une autre affaire. Mais ne me dites pas qu’il s’agit d’un frère, d’un ami et d’un aimant… Soyez francs avec vous-mêmes d’abord.
Pendant dix ans, en Syrie, dans le jurd de Ersal et de la Békaa, la résistance et l’armée ont combattu les groupes takfiristes. Mais qui se tenait derrière eux ? S’ils avaient gagné, que serait-il advenu du Liban ? En tête de ceux qui les appuient, il y a l’Arabie. Nous autres, nous n’avons pas attaqué l’Arabie. Ce sont eux qui ont été partenaires dans le grand complot et dans la guerre universelle qui devait détruire la région. Nous avons eu l’honneur de faire face à ces comploteurs et à ces tueurs contre notre pays et nos populations. Nous avons protégé le sang des hommes et des femmes libanais et on nous accuse malgré cela de détruire les relations ? Qui a commencé l’agression ? Qui a commencé la guerre ? Qui a comploté. Ce sont eux.
Dans son dernier discours, qualifié de très important, car il s’agit d’un discours annuel et à une période importante, le roi Salmane a demandé aux Libanais et à leurs dirigeants de se dresser contre l’hégémonie du Hezbollah, le terroriste. Il a dit que certains ont peur d’ouvrir leur bouche au Liban. Nous autres, nous n’avons pas peur et nous avons notre dignité, votre majesté. Le terroriste c’est celui qui a exporté la pensée wahhabite daechiste dans le monde. C’est vous. Le terroriste c’est celui qui a envoyé des milliers de Saoudiens exécuter des attaques suicides en Irak et en Syrie. C’est vous. Le terroriste c’est celui qui mène une guerre qui dure depuis 7 ans sur le peuple injustement traité du Yémen, qui tue les femmes et les enfants et détruit tout. C’est vous. Le terroriste c’est celui qui se tient aux côtés des Etats-Unis dans toutes leurs guerres et leur ouvre sa terre et ses bases militaires pour qu’il puisse accomplir ses crimes contre l’humanité. C’est vous. Le terroriste c’est celui qui finance les groupes de la discorde et de la guerre civile au Liban et dans la région. C’est vous. Mais le Hezbollah, lui, n’est pas terroriste. C’est un parti résistant qui défend son pays. Il est national et humain. Il cherche à défendre le pays, mais aussi la oumma, ses gens et les symboles sacrés. Le Hezbollah est le camarade de Qassem Soleimani qui a fait les victoires contre les terroristes. C’est cela le Hezbollah. Je sais que demain, un tollé s’élèvera contre moi en m’accusant de vouloir nuire aux relations entre le Liban et l’Arabie. Mais écoutez-moi, vous les Libanais. Le terroriste c’est celui qui retient les Libanais présents sur son territoire et dans les pays du Golfe (je ne connais pas le chiffre exact, on parle de dizaines ou de centaines de milliers) en otages pour menacer à travers eux l’Etat libanais et le Liban en général chaque jour. «Si vous ouvrez la bouche, je vous expulse ou je vous mets en prison». Est-ce ou non du terrorisme ? Dites-moi en toute franchise, est-ce ainsi qu’on se comporte à la lumière des religions et des lois internationales ou locales ? Même les règles tribales ne prévoient pas un tel comportement, même dans la première période de la Jahiliyé. C’est cela le terrorisme. Ce n’est d’ailleurs pas nouveau. Revenez aux médias des années soixante. Chaque jour, l’Arabie se comportait ainsi avec le Liban. Si certains croient qu’en faisant pression sur un ministre pour qu’il démissionne et s’il se tait, accepte l’insulte et fait la sourde oreille, cela va changer l’attitude et la position saoudienne à l’égard du Liban, il se trompe. Quel est le problème de l’Arabie avec le Liban ? Il est avec ceux qui ont empêché le Liban de se transformer en émirat saoudien après 2005, il est avec ceux qui se sont réellement opposés au deal du siècle dont les trois axes étaient Donald Trump, Benjamin Netanyahu et Mohammad ben Salmane. Son problème est avec ceux qui ont infligé une défaite à son projet en Syrie et en Irak qui, s’il avait réussi aurait détruit le Liban et égorgé les Libanais… C’est un problème qui existe toujours et il ne peut pas être réglé par des éloges, des propos positifs ou même le silence. Soyons réalistes.
En tout cas, nous, au Hezbollah, pour la seconde commémoration de l’assassinat des chefs de la résistance, de ceux qui ont fait les victoires, haj Qassem et haj Abou Mahdi, nous réitérons notre engagement à préserver notre vision, notre conscience de la justesse de cette voie. Ce que nous demandons aux peuples et à nos gens ce n’est pas de rejoindre tel ou tel autre axe, mais au moins de connaître l’ennemi et de le considérer comme tel et de ne pas hésiter à définir l’ami et de ne pas le poignarder dans le dos et comploter contre lui. C’est le message de ce jour. Ce sang versé continuera à résonner en nous, à courir dans nos veines et dans celles de nos enfants et petits enfants jusqu’à la libération totale de notre terre, de la Palestine et de la région, de l’occupation américaine et israélienne. Inchallah.