Afghanistan: défilé militaire des talibans après des manifestations dans le Nord-Ouest
Par AlAhed avec AFP
Les talibans ont fait étalage de leur force militaire en faisant défiler dimanche des dizaines de leurs combattants lourdement armés à Maymana (nord-ouest), où des heurts avec la population locale d'ethnie ouzbèke avaient eu lieu en fin de semaine passée.
Des manifestations avaient été déclenchées dans la ville, capitale de la province de Faryab, par l'arrestation d'un commandant taliban d'origine ouzbèke, pour son implication présumée dans un enlèvement.
L'incident a suscité la crainte de tensions entre les populations civiles pachtoune et ouzbèke, et avec les talibans, eux-mêmes dans leur immense majorité d'origine pachtoune.
Des informations non confirmées ont fait état de la mort de membres des deux communautés dans des incidents isolés.
«Nous avons déployé des centaines de combattants venus des provinces alentour et la situation est maintenant sous contrôle», a assuré à l'AFP, au cours du week-end, Latifullah Hakimi, un haut responsable du ministère afghan de la Défense.
3000 talibans exclus dans un «processus de filtrage»
Des colonnes de combattants talibans masqués, habillés d'un shalwar kameez - la tunique traditionnelle afghane - blanc, d'une veste de treillis militaire et d'un foulard portant en inscription la profession de foi musulmane ont défilé dimanche.
Des dizaines d'autres, plus lourdement armés, étaient sur des pick-up ou des véhicules blindés, de l'armement saisi aux forces de l'ex-gouvernement et de l'armée américaine lors de la fulgurante prise du pouvoir par les talibans en août.
La population locale a assisté dans le calme au défilé.
«Il y a deux jours, la situation n'était pas bonne à cause des manifestations, mais maintenant elle est normale», a déclaré à l'AFP Rohullah, un commerçant de 20 ans.
«Notre seul problème c'est que les gens n'ont pas de boulot (...) Mais nous sommes très satisfaits de la sécurité», a-t-il ajouté.
Les talibans éprouvent des difficultés à se transformer d'un mouvement insurrectionnel en une administration capable de diriger un pays au bord de l'effondrement économique et où plus de la moitié de la population est menacée par la famine.
Ils ont du mal à préserver la discipline de leurs troupes, en particulier dans les régions les plus isolées, des commandants locaux n'hésitant pas à ignorer les ordres venus de Kaboul et à imposer leur propre loi.
Ils ont ainsi annoncé samedi avoir exclu de leurs rangs 3000 de leurs membres, accusés de pratiques illégales, dans le cadre d'un vaste «processus de filtrage».