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Des pages inédites sur la guerre de juillet 2006 (5)

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Traduction: Dina Chamseddine

Berri persuade Fadlallah de quitter Haret-Hreik pour Ein-Tineh
Un émissaire iranien secrètement à Beyrouth....Le roi saoudien à Larijani : nous sommes prêts à tout compromis
Feltman : prouvez votre sérieux en avançant une proposition globale pour un cessez-le-feu avant l'arrivée de Rice
Le ministre Français de AE ne cesse de nous rappeler la 1559

Le neuvième jour de la guerre (jeudi 20 juillet), la couverture internationale à l'agression israélienne demeurait toujours. Le Conseil de Sécurité s'est réuni sur fond d'une proposition pour la résolution du conflit, déclarée par le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan et qui comprenait : la remise des deux soldats israéliens aux autorités Libanaises, un cessez-le-feu, et le déploiement d'une force onusienne sur la partie Libanaise de la « ligne bleue ».

La proposition d'Annan renfermait de même l'appel à la tenue d'un congrès international pour établir un calendrier concernant l'application des résolutions du Conseil de Sécurité, notamment les 1559 et 1860, ce qui fournissait un nouvel délai international à "Israël" pour qu'elle poursuive sa guerre, appuyée par la position du délégué des Etats Unis à l'ONU John Bolton, refusant le cessez-le-feu et déterminé à provoquer un changement au Moyen Orient.

"Israël" a entamé des préparatifs suggérant qu'une invasion terrestre est prévue. J'ai communiqué avec hajj Hussein Khalil à ce propos et nous étions tous deux d'accord qu'une telle opération serait une occasion pour infliger de grandes pertes à l'armée israélienne et affecter son moral, surtout qu'elle comptait sur les armes aériennes, ce qui a limité ses dommages, aux dégâts résultant du pilonnage des territoires occupés.

En dépit de l'évolution des discours politiques internationaux, le président Berry a estimé qu'il valait mieux ne pas les commenter jusqu'au moment où l'attitude d'"Israël" serait clairement annoncée, notant que « le meilleur signe était la régression du discours sur le désarmement du Hezbollah, base sur laquelle nous devrons fonder nos prochaines démarches ».

Le Sayed Hassan Nasrallah s'est prononcé dans la soirée du même jour sur la chaine télévisée « el-Jazeera », et affirmé que « l'initiative est désormais dans les mains de la résistance, que le président Nabih Berry est le seul médiateur dans les négociations autour des captifs, alors que la résistance se prépare à la confrontation terrestre », propos qui haussèrent le moral du public.

La rencontre de Dar-el-Fatwa

Le vendredi 21/7/2011, et avec la chute du pont de Mdeirej (Saoufar), le plus haut pont au Moyen Orient, les réalités sur le terrain affirmaient qu'"Israël" a glissé dans un profond marécage grâce aux exploits des résistants à Maroun-el-Rass, lors des confrontations corps à corps avec les forces de l'élite de l'armée israélienne, une bataille à laquelle ont contribué les partisans du mouvement Amal , au moment où les raids aériens s'intensifiaient et atteignaient Baalbek, à la suite de l'expiration de la liste des cibles établies au Sud et dans la Banlieue sud, sans parvenir à atteindre aucun dirigeant de la résistance.

Ce même jour, les funérailles collectifs de 74 martyrs ont été organisés à Tyr, dont nous avons, avec le président Berry, suivi les détails compliqués pour en assurer le bon déroulement : c'était une scène affligeante que de se retrouver impuissant, sans pouvoir faire ses adieux aux martyrs, parmi lesquels plusieurs personnes que nous connaissons de près.

S'exprimant au nom des Etats Unis, la secrétaire d'Etat américaine des Affaires étrangères Condoleeza Rice parrainait les crimes, refusant toute allusion à un cessez-le-feu avant d'imposer des conditions précises, estimant que les évènements en cours étaient le prélude à la naissance du nouveau Moyen Orient. Elle a de même insisté sur la tenue du congrès de Rome, précédé par sa tournée dans la région à partir du lundi 24 juillet, et affirmé qu'elle rencontrera le premier ministre Libanais Fouad Siniora qu'elle a qualifié d'admirable.

Les développements des derniers jours ont encouragé à la tenue d'une rencontre islamique, prévue préalablement pour annoncer une position islamique unie sur les évènements en Irak et discuter de la possibilité de la tenue d'un congrès à Beyrouth, regroupant les leaders irakiens. Il a été convenu que les deux présidents Berry et Siniora, le mufti cheikh Mohammad Rachid Kabbani et le cheikh Abdul Amir Kabalan prennent part à la rencontre.

Les tractations ont abouti à l'élaboration d'un communiqué qui devrait être publié vendredi, avalisé par le président Berry et contesté par Siniora qui a demandé d'occulter certains passages, ce qui a reflété les orientations prévalant en ce moment, qui tentaient d'écarter toute allusion à la résistance et à son droit à la défense. Des propos relatifs au soutien du gouvernement ont été de même ajoutés, mais le débat qui s'en suivit aboutit à une formule approuvée à l'unanimité et notamment par Siniora qui fit des déclarations favorables à la solidarité en face de l'agression, précédé par le président Berri qui avait affirmé qu'Israël ne pourra point empiéter sur la résistance, ni sur le bouclier sudiste, consolidé par l'union nationale.

Ce même jour, le ministre français des Affaires étrangères Philipe Doust-Blazy est arrivé à Beyrouth et reçu par le président Berry, qui nous a informés que « les Français ne sont point concernés par la résolution de la crise « et qu'ils « communiquent uniquement des souhaits, tout en réitérant les propos de John Bolton au Conseil de Sécurité ». J'en ai déduit que les Américains refusaient le cessez-le-feu immédiat, insistant sur un accord global, alors que les Français examinaient la question d'un passage maritime sécurisé, pour acheminer les aides humanitaires. Le président Berry a ajouté que Doust-Blazy n'a pas omis de nous rappeler la résolution 1559 et qu'il s'est abstenu de commenter la proposition de Kofy Annan, avant la mise en place d'un cessez-le-feu.

L'ancien premier ministre Sélim Hoss avise Siniora

Au moment où le ministre français des AE Doust-Blazy poursuivait sa visite à Beyrouth, le député Saad Hariri a rencontré le président Jack Chirac, entretien à l'issue duquel il a fait une déclaration insistant sur l'unité des Libanais, et appelant à ne pas responsabiliser aucun libanais à propos de la guerre. Mais la teneur politique de sa déclaration a renfermé encore une fois, la remise des soldats israéliens au gouvernement libanais.
Le président Berry s'est entretenu avec l'ancien premier ministre Sélim Hoss qui a déclaré que la pire des choses était de confronter la communauté internationale par deux positions, l'une prônée par le gouvernement et l'autre par la résistance. Il a de même informé son hôte qu'il avait conseillé au président Siniora de communiquer avec le Hezbollah, avec Berry comme médiateur. Ce dernier lui a répondu : « C'est précisément ce que je fais et je considère que la priorité est accordée à l'image de l'union ».

Feltman à la recherche d'un rôle

Le samedi 22 juillet, les batailles du village Maroun-el-Rass avaient causé une grande confusion pour l'ennemi sur le terrain, après la domination de son aviation militaire sur le combat ; Un des villages frontaliers a pu entraver l'incursion d'une force de l'élite de l'armée israélienne, et le mouvement Amal y a perdu l'un de ses résistants, le martyr Hani Aalawieh, dont le martyr nous a tous affligés.

Le président Berry m'a convoqué à son bureau où il tenait une réunion avec l'ambassadeur des Etats Unis Jeffrey Feltman et m'a demandé d'exposer la violence et la sauvagerie des raids israéliens au Liban sud, notamment au village Khiam. Le visiteur a regardé distraitement les photos qu'on lui affichait (comme à tous les émissaires étrangers) et a tenté d'orienter le débat vers la visite de la secrétaire d'Etat américaine Condoleeza Rice qui selon lui, devrait arriver à lundi à Beyrouth. « Il serait profitable de lui proposer de nouvelles idées qu'elle communiquerait à Israël, car discuter un cessez-le-feu sans éléments nouveaux serait une défaite par rapport à Israël, que Rice n'admettrait point. En d'autres termes si vous êtes sérieux, avancez une proposition globale »a-t-il dit.

Le président Berry nous a affirmé qu'il n'avait pas longuement discuté avec Feltman car ce dernier ne disposait pas de données et qu'il voulait jouer un rôle dans l'élaboration de solutions avant l'arrivée de Rice. Mais à l'issue de l'entretien durant lequel aucune condition n'a été avancée, le président Berry a pressenti que de nouveaux faits sont survenus en notre faveur.

Le président Berry a eu ce même jour plusieurs rencontres diplomatiques, dont un entretien avec l'ambassadeur d'Italie Franco Mastrita qui l'a mis au courant des préparatifs relatifs au congrès de Rome qui devrait avoir lieu mercredi 26 août, autour duquel il n'existait pas encore de vision claire, même au conseil des ministres réuni en ce jour sans l'évoquer.

Il a ensuite conféré avec le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband, en présence de l'ambassadeur UK James Watt, et puis avec l'ambassadeur de l'Irak qui lui a transmis un message du président Jalal Talbani exprimant des réserves sur une déclaration faite par Berry, ayant qualifié certaines forces irakiennes armées de résistance, position alors hors contexte.

Il a enfin tenu une rencontre élargie avec une délégation iranienne relevant du secteur de la Santé, durant laquelle ont été évoquées des informations iraniennes sur la prédisposition des Etats Unis à discuter d'un cessez-le-feu, ce qui incita le président Berry à élaborer un nouveau projet, qui pourrait aider à instaurer un cessez-le-feu.

A l'arrivée de Hajj Hussein Khalil à Ein-Tineh, il transmit au président Berry les informations du Sayed Hassan Nasrallah à propos de la situation sur le front et des prémices de la bataille terrestre qui coutera cher à l'israélien par rapport à ses pertes jusqu'alors. Nous avons en outre évoqué le missile « Seisme » (Zelzal), qui a été retrouvé dans un camion à Bchamoun et les équipements militaires qui atteignaient les régions du sud à l'apogée de la guerre, les réseaux d'espionnage arrêtés dans les régions ciblées dans la Banlieue sud et la présence des réfugiés dans les alentours de Ein-Tineh...

Le président Berry a dit : « Nous avons besoin de penser à voix haute, de poser des scénarios de solutions, sans que nous les adoptons complètement ». On s'est concerté sur les limites acceptées de toute opération d'échange de captifs, devrait-elle se limiter aux captifs Libanais ou englober des palestiniens ou des Arabes et sur les profits qui découleraient de la remise de l'un des deux soldats à l'armée libanaise en retour des corps de résistants, et puis du passage aux négociations durant un délai précis d'une semaine.

Nos concertations ont été axées sur l'analyse de tous les choix possibles afin de préserver nos intérêts dans un cessez-le-feu, censé représenter un besoin à la partie adverse et puis esquisser les étapes à suivre.
Hajj Hussein Khalil m'envoya dimanche matin une lettre, renfermant la réponse du Sayed Nasrallah sur les idées discutées la veille : Le président Berry peut adopter la position qu'il estime adéquate selon le développement des négociations, à partir de la vision commune convenue entre nous et qui sert les objectifs auxquels nous aspirons.

El-Faysal à Washington, précédant la visite de Condoleeza Rice

"Israël" renforçait ses forces terrestres, dans une tentative d'incursion afin de reprendre l'initiative, au moment où le ministre saoudien des Affaires étrangères précédait la visite de son homologue américaine à Beyrouth, par une rencontre avec le président américain George Bush, lui avançant des idées communes avec l'Egypte, sur un règlement global de la situation au Moyen Orient.

L'émissaire allemand Peter Wettig, accompagné de l'ambassadeur Marius Huss s'est entretenu avec le président Berry de la situation humanitaire, notamment des réfugiés et des conditions de leur hébergement.(Il est à noter que le premier ministre Siniora avait proposé de mettre sur place des camps pour héberger les réfugiés, ce qu'a catégoriquement refusé par le président Berry, considérant que cette idée suggérait que le problème perdurera et que les réfugiés y demeureront après la fin de la guerre, ce qui est un indice négatif).

Le président Berry a encouragé les Allemands à jouer le rôle de médiateur, vu leur expertise dans la gestion des négociations autour des captifs et leurs relations avec les différentes parties. Et comme la délégation n'avait pas de vision à ce propos, le président Berri fit une analyse de la situation et exposa sa conception sur la résolution de la crise qui débute, selon lui, par le cessez-le-feu et puis la discussion des autres affaires.
A l'initiative du président Berry, j'ai en ce jour visité le Sayed Mohammad Hussein Fadallah résident alors à Ein-Tineh, en compagnie de hajj Abdallah Berri. Nous lui avons fait un exposé détaillé sur les tractations en cours et il parut satisfait et confiant de la victoire.

L'ambassadeur de L'Iran Mohammad Reza Chibani a rapporté que le premier ministre italien Romano Broudy œuvrait pour un cessez-le-feu et que le Sayed Nasrallah lui a demandé d'en informer le président Berry, qui prit plus tard l'initiative de soumettre une proposition, coïncidant avec le congrès de Rome.
Le dimanche a été fécond en tractations effectuées par le président Berry, au moment où, en dépit des circonstances pénibles sur le terrain, les évènements prenaient une tournure en notre faveur, sur le plan politique.

Larijani rencontre le roi Abdallah

A minuit, j'ai rencontré Hajj Hussein Khalil dans la région de Bir-Hassan, en présence d'une personnalité iranienne qui visitait Beyrouth secrètement pour communiquer les résultats des entretiens tenus entre Ali Larijani et le roi saoudien Abdallah Ben Abdel Aziz à Riyad. Selon l'émissaire iranien, le roi s'est dit disposé à discuter le dossier libanais, à examiner une formule aidant à régler la crise, mais qu'il était insatisfait de la position du Hezbollah, notamment du Sayed Hassan Nasrallah. Il a ajouté que la rencontre des deux responsables s'est de même axée sur les moyens visant à organiser des relations qui n'engendreraient pas une nouvelle réalité dans la région et un éloignement entre les Arabes et l'Iran.

Nous nous sommes en outre entretenus de la situation sur le terrain, des contacts en cours, de la coordination étroite entre le Hezbollah et le mouvement Amal, et des préparatifs à la guerre terrestre qui rend l'arsenal du Hezbollah, arme de confrontation, plutôt que de dissuasion.

Berry ajourne le dialogue national

Le lundi 24 juillet 2006, journée bien chargée, a été un début pour l'échange des idées sur le congrès de Rome, dont la tenue a été confirmée. Il s'est avéré par ailleurs que les débats y passeront outre le volet humanitaire de la crise, pour envisager le volet politique, ce qui exigeait des préparatifs exceptionnels. Alors que la secrétaire d'Etat américaine est arrivée à Beyrouth, en essayant de faire de manière que c'était elle qui gérait les faits et qui en déterminait les orientations, les données sur le terrain affirmaient que les conditions israéliennes qu'elle est venue véhiculer, ont été dépassées.

Le président Berry a entamé sa journée en donnant lecture à un communiqué, dans lequel il annonce le report de la séance du dialogue national prévue mardi, les signes de l'émotion visibles sur son visage, car la scène du dialogue aurait représenté la meilleure réplique à l'ennemi, dont le projet était voué à l'échec. Mais les divergences dans les points de vue sur l'agression avaient avorté cette opportunité, ce qui a incité le président Berry à éviter la tenue de réunions publiques avec des forces et des courants, pour ne pas susciter le clivage.
Dans ce contexte, il a reçu l'ambassadeur de l'Arabie saoudite Abdel Aziz Khoja et lui a dit : nos opinions peuvent être divergentes à propos de la guerre, mais sans que cela ne nuise à nos relations conviviales et indispensables.

L'ambassadeur répondit : la position saoudienne est claire : le refus et la condamnation de l'agression contre le Liban.
Berry : ce qui m'importe le plus en ce moment, c'est de ne pas tomber dans le piège des classifications d'ordre sectaire, comme si les points de vue des communautés étaient contradictoires. Que notre différend préserve son aspect politique, d'ailleurs vous avez un important rôle à jouer dans ce contexte, vu le pouvoir du royaume au Liban et au sein du Monde Arabe.
Le président Berry réalisait parfaitement les impacts de telle rencontre sur le climat islamique général.

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