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Des pages inédites sur la guerre de juillet 2006, dévoilées par Berry et narrées par Ali Hassan Khalil (4)

Des pages inédites sur la guerre de juillet 2006, dévoilées par Berry et narrées par Ali Hassan Khalil (4)
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Traduction: Dina Chamseddine

Le lundi 17/7/2006: Avec le développement de l’activité des émissaires étrangers, les massacres perpétrés par "Israël" au Liban s’étaient multipliés et les attentats accentués, contre les postes de l’armée Libanaise, qui ont été ciblés dans les environs de Beyrouth. Un discours international unique fut adopté, auquel fut ajoutée l’idée du déploiement de forces internationales de dissuasion au Liban Sud, proposition soulignée par le Premier ministre Français Dominique de Villepin qui a rencontré son homologue Libanais Fouad Siniora et tenu une réunion « ministérielle » à laquelle ont assisté les ministres du mouvement « Amal », durant laquelle il a évoqué la résolution 1559, posé la formation d’une commission de surveillance et abordé rapidement la relaxation des soldats captifs, sans y insister.

Vers 10h du matin, hajj Hussein Khalil me contacta et m’envoya la réponse du Sayed Hassan Nasrallah au message du président Berri autour des dernières idées discutées avec l’émissaire du secrétaire général de l’ONU Terje Roed Larsen et la délégation onusienne.

Sayed Nasrallah dit dans sa lettre :
« Je remercie encore le président Berri pour ses positions et son soutien. Et comme nous nous sommes entendus sur le principe des concertations, nous ne refusons pas un cessez-le-feu conformément à sa proposition. C’est une carte qu’il peut jouer en toute tranquillité car la situation est bonne sur le terrain où nous détenons l’initiative, notamment au cœur de l’entité sioniste.

Deuxièmement : Quant à la proposition concernant la remise des deux captifs israéliens à l’Etat, elle est catégoriquement rejetée, comme vous l’aviez signalé, car nous sommes au courant, comme vous l’êtes d’ailleurs, de l’orientation du gouvernement et de Saad Hariri qui parcourt le Monde Arabe pour inciter contre nous, sans cesser de répéter : livrer les soldats…nous sommes battus. Supposons que nous atteignons la date limite d’un mois et qu’ils ne relaxent pas les détenus Libanais, nous enliserons nous dans une guerre interne ? Je préfère mille fois que la guerre perdure contre "Israël", plutôt que de tirer un coup de feu sur la scène interne. Pour cela, nous ne pouvons pas admettre l’hypothèse de remettre les deux soldats au gouvernement, mais nous acceptons que les négociations sur l’échange soient menées directement avec le gouvernement et non avec le parti, comme il a été le cas de pourparlers effectués via le président martyr Rafic Hariri, (les négociations indirectes menées à travers les Français et relatives à l’échange des dépouilles des soldats israéliens tués lors de l’opération d’Ansarieh-Liban Sud), de manière à ce que le gouvernement négocie en public mais en adoptant ce qui est convenu entre nous. Nous ne pouvons pas les mandater à notre insu au moment où vous remarquez vous-même comment Siniora gère et oriente les faits.

Je vous propose de transmettre à Siniora le conseil suivant : ne point annoncer d’initiative qui ne soit auparavant convenue avec nous, sinon cela engendrerait une tension politique interne, certainement pas dans l’intérêt du pays. Il ne peut pas nous embarrasser pour que nous adoptions des choix et des positions négatives ».

Le président Berri dit dans sa réplique aux propos du Sayed : « Je leur avais hier assuré que je refuse la proposition avant même de se concerter avec le « Hezbollah » et j’ai utilisé les mêmes propos en interrogeant : qu’adviendrait-t-il en cas de l’échec des négociations ? En tout état de cause, je leur ai proposé un cessez-le-feu d’un mois et des négociations autour de l’échange avec les Nations Unies ou à travers le gouvernement Allemand. J’ai tenté de les orienter vers ce qu’avait avancé Sayed Hassan dès le premier jour. J’estime en outre qu’ils ont besoin de communiquer avec nous. Nous verrons ce qu’ils décideront aujourd’hui à l’issue de leur entretien avec Siniora. Mais je sais d’avance que les dispositions ne seront pas modifiées. L’attitude de la délégation onusienne et de Larsen reflète un climat américain plutôt qu’international ».

Berri à Siniora : Gare au piège israélien
A 11h45 de la matinée du 17 juillet, le premier ministre Siniora suspendit son entretien avec Larsen et la délégation onusienne qui l’attendait en son bureau, arriva chez le président Berri et lui dit que la situation prenait  une tournure plus compliquée et que la délégation étrangère devait communiquer à l’israélien des idées sérieuses pour pouvoir les discuter avec eux. « Je pense que c’est une opportunité pour que nous réglions la question par le biais des Nations Unies et pour cette fin je propose le suivant :
1-Débuter par la remise des deux soldats  israéliens au gouvernement Libanais, annoncer dans le même instant un cessez-le-feu et nous pourrions y ajouter la levée du blocus, (affaire pas encore tranchée avec la délégation onusienne).
2-Négociations avec le gouvernement libanais par le biais des Nations Unies pour libérer les détenus Libanais.
3- Retrait du « Hezbollah militaire » vers le nord, au-delà du fleuve Litani.
4- Retrait des Israéliens des hameaux de Chebaa et des collines de Kfarchouba.
5- L’armée Libanaise pénètre dans la région où les forces onusiennes seront renforcées.
6- Retour à l’accord de la trêve.

Le président Berri de répondre : « Je comprends ta tentative Fouad pour parvenir à un compromis, mais les données nous imposent d’agir calmement. Nous avons payé le prix et la conjoncture est désormais meilleure et  dans notre intérêt. L’idée de remettre les soldats au gouvernement est dangereuse et ouvre la voie à un problème interne et s’il n’y avait pas de litige interne, "Israël" œuvrera pour le provoquer. Comment alors s’il détenait une carte et qu’il pouvait entraver l’entente. Si les soldats sont remis au gouvernement, "Israël" renforcera ses conditions, atermoiera et de nouveaux facteurs de pressions internationaux seront mis en œuvre contre le gouvernement qu’il ne pourra confronter, ce qui le placera devant un dilemme. »
Et de poursuivre : « Quant aux détails, tu as en premier lieu dit qu’ils ne se sont pas engagés à la levée du blocus et puis tu as avancé à nouveau le retrait du Hezbollah au-delà du Litani, affaire large et vague que je ne comprends pas comment vous aviez abordez. En as-tu discuté les détails ? »
Siniora : Non mais j’ai une vision à ce propos.
Berri : « L’engagement au retrait des fermes de Chebaa et de Kfarchouba est l’unique bon signal. Mais comment se ferait-il ? La question devrait être minutieusement vérifiée. Sur le plan de l’activation du rôle de la force onusienne, je ne vois personnellement aucun problème dans son mandat actuel s’il règlerait le problème, ses effectifs comptaient-ils 5000 ou 3000 soldats, la base étant la mission et le rôle.
Siniora quitta Ein-Tineh sans engagement ou accord sur une version, mais il avait nettement entendu le point de vue du président Berri, avant de poursuivre son entretien avec la délégation onusienne au Grand-Sérail.

Le texte intégral de la proposition internationale piégée          
La délégation internationale arriva vers 15h chez le président Berri qui constata que la version transmise auparavant par le premier ministre Siniora n’était pas exacte, mais qu’elle renfermait de même les points suivants :
1-Le déploiement de l’armée au Sud du Litani, avant le retrait israélien des hameaux de Chebaa et des collines de Kfarchouba.
2-Des propos relatifs à la formation d’une commission de surveillance, conformément à décision du G8, réuni à Saint-Pétersbourg.
3-L’organisation d’un congrès syro-palestino-libanais autour des hameaux de Chebaa, zone de laquelle la notion du retrait israélien n’est pas établi.
4-Approbation de l’accord qui en résulte par les Nations Unies.

Le président Berri dit que l’entretien a soulevé ses craintes, notamment au niveau de la méthode de Siniora dans la gestion des faits, car ce qu’il  lui avait transmis le matin du même jour, s’opposait dans le fond à la version posée par la délégation. « J’ai senti que par les observations que je lui avais avancées, j’ai évité un malentendu qui aurait pu compliquer la situation davantage. Tous ces faits m’ont incité à demander à la délégation de visiter "Israël", y parvenir à une conception claire et consistante et de regagner Beyrouth pour me la soumettre afin que je mène les négociations sur des bases claires et nettes » a-t-il conclu. Sur ce, la délégation quitta Beyrouth pour "Israël".

Feltman : Le Hezbollah a captivé les deux soldats afin de perturber le TSL !
Le président Berri avait rencontré les deux ambassadeurs, de l’Iran, Mohammad Reza Chibani et des Etats Unis, Jeffrey Feltman, qui a entamé son discours par une nouvelle analyse accusant le « Hezbollah » d’avoir mené l’opération de la prise  d’otages pour que l’opinion publique oublie l’assassinat du premier ministre martyr Rafik Hariri et la possibilité de l’accusation de la Syrie dans l’affaire et par la suite, perturber l’activité du Tribunal Spécial pour le Liban.

Berri l’interrompit étonné: “Cela ne ressemble pas à l’analyse de l’ambassadeur d’un Etat puissant, mais plutôt à celle de certains Libanais. Ne poursuivez pas votre analyse, cessez-le-feu et j’affirme que le dialogue national sera poursuivi dans une semaine, ainsi que le débat autour du TSL, conformément à nos accords aux séances du dialogue ».

Le président Berri nous dit à l’issue de son entretien avec Feltman que ce dernier ne s’était pas empressé de discuter du cessez-le-feu, contrairement à ce qu’il avait fait auparavant, et qu’il s’était excusé d’accepter la formule qu’il lui a soumis.

Le bloc parlementaire « Futur » a tenu à ce moment une réunion et publié un communiqué renfermant une allusion directe à ce que « le Hezbollah n’exploite pas la bataille pour assurer des bénéfices politiques », appelant par contre à exercer des pressions pour l’adoption des solutions posées par Siniora, ce qui a représenté une escalade politique visant à imposer ce qui a été refusé pour plusieurs causes.
Etranges étaient de même les prises de positions contradictoires du député Saad Hariri qui avait appelé à « demander des comptes aux aventuriers qui avaient fait basculé le Liban dans la crise » et puis avait considéré que la priorité est accordée à la position unanime et au refus de l’agression.

Dans la nuit du 17 juillet, nous suivîmes la situation sur le front où trois membres du mouvement Amal et des scouts « El-Rissala islamiah »  ont été tombés en martyre. Des mesures furent prises pour renforcer la situation des membres du mouvement au Liban sud. Il y eut de même plusieurs commentaires sur la position américaine révélée à la suite d’une erreur dans le fonctionnement du haut-parleur à Saint-Pétersbourg lors d’une discussion entre Tony Blair et George Bush, qui avait élevé une objection contre le désir de Ban Ki Moon d’établir un cessez-le-feu en ajoutant que la Syrie devrait empêcher «le Hezbollah» de poursuivre ce qu’il a qualifié « d’ordure », alors que Blair lui a répondu qu’il fallait exercer des pressions pour le faire tout en assurant une présence internationale dans cette région.

18 juillet : Geagea et Hariri adoptent un ton différent
Le 18 juillet 2006, les massacres commis par "Israël" redoublèrent de violence et fut démasquée l’ampleur de la prise pour cible de l’armée Libanaise qui perdit encore plus de martyrs. En ce climat, ajouté aux développements sur le front, certains ont tenté, même si en public, de rectifier leurs positions politiques ; Le député Saad Hariri a annoncé que la priorité est accordée au cessez-le-feu, et puis à déterminer les responsabilités, et le chef des « Forces Libanaises » Samir Geagea a modifié ses déclarations faites le matin et dit que le temps n’est pas convenable pour évaluer les calculs mais plutôt pour l’unité de la position Libanaise.
Ces faits coïncidèrent avec un début de changement dans la situation israélienne interne où il s’est avéré que les tirs de roquettes et le pilonnage intensif des villes israéliennes avaient abouti à ce que le discours sur l’élimination de la résistance, soit remplacé par un autre, appelant à l’affaiblir.

Dans la matinée du même jour (18 juillet), le président Berri a reçu l’appel téléphonique du premier ministre irakien qui a proposé son aide et puis l’appel du président yéménite Ali Abdallah Saleh qui l’a informé avoir convoqué un sommet arabe urgent, en solidarité avec le Liban.

Le président Berri lui affirma que les Arabes n’accepteront pas de tenir un sommet avant une semaine, afin de fournir aux israéliens l’opportunité de poursuivre l’opération de la destruction du Liban. Le président Saleh ne répliqua pas à l’allusion de Berri et dit : « « Nous attendrons jusqu’au samedi, sinon, je mettrai les potentiels du Yémen à la disposition du Liban ».
L’important est que le sommet n’a pas été tenu, renforçant la conviction du président Berri qu’il ne le sera jamais en telle conjoncture.

La journée est passée sans aucun progrès sur le plan politique, en attendant le retour de la délégation onusienne de Tel-Aviv, alors que la réunion du Conseil des ministres, tenue sous la présidence de Siniora dans une atmosphère posée, s’était axée sur la prise pour cible de l’armée, sans divergences dans les points de vue.
Le président Berri s’est entretenu ce jour avec le général Michel Aoun, qui avait annoncé une position en faveur de la résistance et de son droit, affirmant qu’il était impossible d’anéantir un peuple qu’elle représente. Alors que le députe  Walid Joumblat avait déclaré : « Que le Sayed Nasrallah me permette de dire qu’il ne peut s’approprier la décision de guerre et de paix », niant qu’il y ait de différence entre l’accord de Taëf et la résolution 1559.

La journée fut clôturée par des raids aériens, du sang coulé et des commentaires de flagellation des victimes, ce qui incita le président Berri à dire : « Si seulement les politiciens s’abstiennent de faire des déclarations sceptiques, ce qui pourrait être le meilleur service en ce moment ».

19 juillet : la délégation internationale ne sera pas de retour
Le mercredi 19 juillet, huitième jour de la guerre, le président Berri a publié un communiqué dans lequel il a lancé une attaque virulente contre le Conseil de sécurité et son alignement avec "Israël".
Hajj Hussein Khalil m’informa que le colonel Wissam el-Hassan (chef de la section de renseignements des FSI), s’était entretenu avec lui de formules visant à résoudre la crise et qu’il lui a répondu que tout débat politique, devrait se faire avec le président Berri qui revient à lui de discuter et de donner l’avis sur les idées avancées.

Selon hajj Hussein, le colonel el-Hassan a ajouté que le député Hariri avait soumis de nouvelles propositions au président Berri. Hajj Hussein répondit : « Nous avons abordé avec le président Berri les idées proposées par la délégation internationale et nous ne sommes point pressés, puisque l’israélien ne l’est pas, et donc nous attendons ce que dira la délégation dès son retour d’Israël, au président Berri ».
Le commandant en chef de l’armée Michel Sleiman visita Ein-Tineh, exposa les agressions contre les postes de l’armée et souligna la nécessité de communiquer avec le « Hezbollah » pour neutraliser la région de Choueifat afin d’éviter toute tension avec la région druze.

Vers 14h, le président de la Chambre a été informé que la délégation onusienne en visite à "Israël" pour transmettre le point de vue du Liban ne sera pas de retour, ce qui était un indice clair sur l’échec de sa mission ou une couverture à l’intensification de la guerre israélienne. Nous avons de même appris que des coups de feu ont eu lieu lors du passage de la délégation, mais sans que cela ne soit annoncé dans les médias.
Le premier ministre Siniora contacta le président Berri et l’interrogea à propos de la délégation et n’ayant pas reçu de réponse, il s’adressa à Geir Pedersen qui lui répondit : « La délégation internationale ne sera pas de retour à Beyrouth puisque Israël, certain de remporter la guerre, refuse le cessez-le-feu et réclame que le (Hezbollah) soit dépouillé de ses armes dans une zone de 20 Km, le déploiement de l’armée Libanaise au Liban Sud, tout en rejetant de discuter en ce moment l’affaire des détenus Libanais, mais en admettant la poursuite des tractations durant la guerre ».

Ces propos reflétaient la position de la délégation onusienne avant même sa visite en Israël, ce qui nous confirma que nous étions en face d’un front au sein duquel se conjuguaient les rôles locaux, Arabes et internationaux, ce qui exigeait encore plus de méfiance.

Le Sayed mandate le président Berri
Hajj Hussein Khalil me demanda de le rejoindre à Ein-Tineh, où il exposa de nouvelles données militaires qui assurent que la résistance infligeait des pertes à l’israélien et le déroutait tout en ayant le morale haut. Il transmit un message de la part du Sayed Nasrallah, encore plus tranquille qu’il ne l’était depuis le début de la guerre et dit : Le Sayed vous informe que plusieurs contacts lui sont parvenus à propos des négociations, qu’il vous les réfère, en vous mandatant de s’exprimer et de s’engager en son nom, mission confiée une fois dans le passé au président défunt Hafez Assad (en avril 1996). Hajj Hussein ajouta que le Sayed ferait prochainement une déclaration.
Le président Berri remercia le Sayed et exposa les résultats des tractations du 19 juillet, ainsi que l’évaluation négative des négociations en cours, compensées uniquement par les importants développements militaires, favorables à la résistance.

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