La Corée du Nord affirme avoir lancé un missile depuis un sous-marin
Par AlAhed avec AFP
La Corée du Nord a affirmé mercredi avoir lancé un missile balistique depuis un sous-marin ce qui, si l'information était confirmée, permettrait à ce pays doté de l'arme nucléaire d'avoir une capacité de seconde frappe.
Ce test pourrait constituer une avancée technologique considérable au moment où les deux Corées, toujours techniquement en guerre, semblent lancées dans une course à l'armement et que le dialogue Washington-Pyongyang est à l'arrêt.
L'agence officielle nord-coréenne KCNA a annoncé mercredi que la Corée du Nord avait testé la veille avec succès un «nouveau type» de missile balistique lancé par un sous-marin.
L'arme est dotée de «nombreuses technologies avancées de contrôle et de guidage», selon KCNA.
Des images publiées par le quotidien Rodong Sinmun ont montré le missile jaillissant d'une mer calme ainsi qu'un sous-marin en train de faire surface.
KCNA a précisé que le missile a été tiré depuis le même sous-marin, le «8.24 Yongung», que celui utilisé par le pays lors de son premier essai de missile balistique stratégique mer-sol (SLBM) en 2016, ce qui suggère que les progrès de la Corée du Nord en matière de capacités de lancement n'ont guère évolué depuis.
Selon une analyse publiée en 2018 par l'institut de recherches américain Nuclear Threat Initiative, le «8.24 Yongung» est un sous-marin expérimental «capable de lancer un unique missile balistique», mais qui doit faire surface au bout de quelques jours, ce qui limite ses capacités opérationnelles.
Réunion du Conseil de sécurité de l'Onu
Le Pentagone avait pour sa part estimé que le précédent essai de SLBM, en 2019, avait été réalisé depuis une plate-forme immergée.
Un lancement depuis un sous-marin en activité marquerait une nouvelle étape pour l'arsenal nord-coréen, avec la possibilité d'un déploiement au-delà de la péninsule coréenne et une capacité de seconde frappe en cas d'attaque sur ses bases militaires.
Le Conseil de sécurité de l'Onu prévoit de se réunir en urgence à huis clos mercredi après-midi à la demande du Royaume-Uni et des États-Unis, ont indiqué des diplomates à l'AFP.
La Maison Blanche a souligné que le nouveau lancement était une «menace» qui ne faisait que souligner le besoin «urgent» de dialogue avec Pyongyang, mais aussi son engagement «inébranlable» à aider à défendre la Corée du Sud et le Japon.
La Corée du Nord est frappée d'une série de sanctions par l'Onu car elle poursuit le développement d'armes nucléaires et de missiles balistiques en contravention avec ses résolutions.
La Corée du Nord «veut une dissuasion nucléaire plus résistante capable de faire chanter ses voisins et les États-Unis», estime Leif-Eric Easley, professeur d'études internationales à l'Université Ewha de Séoul.
«Le SLBM nord-coréen est probablement loin d'être déployé de manière opérationnelle avec une tête nucléaire», pense-t-il, mais «Kim (Jong Un, le dirigeant nord-coréen ndlr) ne peut se permettre politiquement de sembler distancé dans une course aux armements régionale».
«Nous avons assisté à cinq lancements de missiles par la Corée du Nord ces deux derniers mois», notamment un missile à longue portée, une arme tirée depuis un train et un missile présenté comme hypersonique, a rappelé Soo Kim, analyste chez RAND Corporation.
«Chaque essai a montré quelque chose de différent dans les capacités de Pyongyang en matière de missiles. Le régime ajoute de nouveaux outils de provocation, ce qui n'est pas vraiment une bonne nouvelle pour les États-Unis, la Corée du Sud et le Japon», a-t-elle ajouté.
En septembre, la Corée du Sud avait testé son premier SLBM, devenant l'un des rares pays dotés de cette technologie avancée, et a dévoilé un missile de croisière hypersonique.
La semaine dernière, une exposition consacrée à la défense a été l'occasion de présenter l'armement du pays, notamment un énorme missile balistique intercontinental (ICBM), dévoilé l'an passé lors d'un défilé militaire.
Lors de cette exposition, Kim Jong Un a accusé les États-Unis, avec qui le dialogue est au point mort depuis 2019, d'être la «cause profonde» de l'instabilité dans la péninsule.
Pyongyang affirme avoir besoin d'un tel arsenal pour se défendre contre une éventuelle invasion américaine.