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Nouvelle plainte en France contre un responsable émirati candidat à la tête d’Interpol

Nouvelle plainte en France contre un responsable émirati candidat à la tête d’Interpol
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Par AlAhed avec AFP

Une nouvelle plainte pour «tortures» a été déposée jeudi en France contre un haut responsable policier des Émirats arabes unis candidat déclaré à la présidence d’Interpol en novembre.

Cette plainte pénale a été déposée devant le pôle spécialisé dans la lutte contre les crimes contre l’humanité au parquet de Paris par Matthew Hedges et Ali Issa Ahmad, a annoncé vendredi leur avocat Rodney Dixon lors d’une conférence de presse à Lyon.

La plainte, qui fait suite à des procédures similaires infructueuses en Grande-Bretagne, vise le général Nasser Ahmed Nasser Al-Raisi, chargé des forces de sécurité émiraties et candidat déclaré à la présidence de l’agence de coopération policière basée à Lyon, qui doit tenir son assemblée générale fin novembre à Istanbul, en Turquie.

Tortures et violences

M. Hedges a raconté à la presse avoir été détenu et torturé entre mai et novembre 2018 aux Émirats arabes unis, après avoir été arrêté pour de fausses accusations d’espionnage alors qu’il effectuait un voyage d’études.

M. Ahmad a quant à lui rapporté avoir été battu à plusieurs reprises lors d’un séjour d’un mois passé en détention début 2019, pour selon lui avoir supporté trop ostensiblement l’équipe de football de l’émirat rival du Qatar pendant un match de la coupe d’Asie.

Délégué au comité exécutif d’Interpol, M. Al-Raisi est déjà visé depuis la mi-juin en France par une plainte pour «tortures» à l’encontre de l’opposant Ahmed Mansoor, détenu à l’isolement depuis plus de quatre ans, déposée par l’ONG Gulf Centre for Human rights (GCHR).

Silence des autorités françaises

Le député ex-LREM du Rhône, Hubert Julien-Laferrière, signataire en juin d’une tribune protestant contre «l’affront» que constituerait une telle nomination, a rappelé vendredi devant la presse avoir écrit avec d’autres parlementaires à Emmanuel Macron pour demander que Paris s’oppose à cette candidature. Mais sans obtenir de réponse.

«Les ventes d’armes de la France aux Émirats arabes unis expliquent certainement en grande partie le silence des autorités françaises», a estimé M. Julien-Laferrière, craignant que les Émirats arabes unis parviennent à leurs fins en tant que «deuxième contributeur d’Interpol».

En janvier 2020, le ministère émirati des Affaires étrangères avait estimé que les affirmations des ONG étaient «sans fondement».

«Droits fondamentaux violés»

L’espoir des avocats ayant déposé ces deux plaintes en France réside dans la possibilité désormais ouverte d’une interpellation de M. Al-Raisi au nom de la justice universelle, et en dépit de l’immunité dont il pourrait bénéficier. «L’immunité doit céder quand les droits fondamentaux sont gravement violés», a soutenu Me William Bourdon, avocat de GCHR.

Le président d’Interpol, élu par les états membres, a un rôle essentiellement honorifique, rappelle l’organisation, qui refuse de commenter les accusations visant M. Al-Raisi. «Tout commentaire du secrétaire général (d’Interpol) sur un candidat en lice pour ce poste serait inapproprié», indique un porte-parole.

Seuls deux candidats à l’élection prévue le 25 novembre sont aujourd’hui déclarés: M. Al-Raisi et la Tchèque Sarka Havrankova, selon Interpol.

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