États-Unis: une photo de migrants traqués par des gardes-frontières à cheval suscite l’indignation
Par AlAhed avec AFP
Des photos montrant des gardes-frontières à cheval en train de repousser des migrants près de Del Rio au Texas, suscitaient lundi une forte émotion aux États-Unis, où le gouvernement du président Joe Biden a annoncé l'ouverture d'une enquête pour faire toute la lumière sur les faits.
Sur un cliché pris par un photographe employé par l'AFP, un agent à cheval attrape un homme par son t-shirt. Sur une autre, il tient un groupe à distance en faisant tourner ses rênes, dans une posture menaçante.
Ces images «de mauvais traitements de migrants haïtiens le long de la frontière sont horribles et très dérangeantes», a estimé dans un communiqué l'élu démocrate Bennie Thompson, qui préside la commission sur la Sécurité intérieure à la Chambre des représentants.
«C'est horrible à regarder», a reconnu la porte-parole de la Maison-Blanche Jen Psaki lors d'un point presse, ajoutant: «Je ne connais pas le contexte, mais je ne vois pas dans quel cadre ce serait approprié».
200.000 migrants arrêtés en août, autant en juillet
Des patrouilles équestres ont été déployées dimanche près du fleuve Rio Grande, où des milliers de migrants, dont une majorité d'Haïtiens, campent depuis plusieurs jours dans l'espoir d'être admis aux États-Unis, a expliqué à la presse le chef des gardes-frontières Raul Ortiz.
«Je leur ai demandé de chercher si des individus étaient en détresse et de rassembler des renseignements sur des passeurs», a-t-il ajouté, en soulignant que «contrôler un cheval dans un fleuve est difficile».
Il semble que, dans ce cadre, certains aient utilisé des longues rênes, a ajouté le ministre de la Sécurité intérieure Alejandro Mayorkas.
«Nous allons mener une enquête pour être sûrs que la situation est bien celle-là, dans le cas contraire, nous agirons en conséquence», a-t-il assuré.
La scène s'est produite alors que des migrants se lavaient dans le Rio Grande ou traversaient le fleuve pour aller chercher de la nourriture au Mexique et la rapporter à leur famille restée sur le sol américain, selon l'auteur des photos, Paul Ratje.
Subitement, cinq ou six agents à cheval sont arrivés et leur ont demandé de retourner au Mexique.
«La situation était tendue, et les migrants ont commencé à courir pour les contourner», rapporte-t-il. «Un des agents a attrapé l'homme de la photo par le t-shirt. Je ne crois pas qu'il ait été blessé».
«Je n'ai pas vu de coups de fouet, mais les agents ont fait tournoyer leurs rênes», a-t-il encore raconté.
La tension est ensuite retombée, et les gardes-frontières ont laissé ces migrants rejoindre le camp de fortune.
Pour le deuxième mois consécutif, plus de 200.000 migrants ont été interpellés au mois d'août à la frontière entre les États-Unis et le Mexique.
Un chiffre au plus haut depuis 21 ans.
Dans ce contexte, Jen Psaki a martelé ce message lundi en conférence de presse: «Notre message est toujours le même: ce n'est pas le bon moment pour venir aux États-Unis».
Washington avait suspendu les expulsions de migrants haïtiens en situation irrégulière suite au séisme qui avait ravagé la moitié sud de l'île, le 14 août, mais le regroupement en quelques jours de plus de 15.000 migrants, dont une majorité d'Haïtiens, sous un pont au Texas a changé la donne.
En moins de deux heures, dimanche, trois vols partis du Texas ont atterri sur le tarmac de Port-au-Prince: un afflux comme jamais les autorités migratoires haïtiennes n'avaient eu à gérer.