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Afghanistan: après une enquête fouillée du NYT, l’armée US reconnaît une bavure «tragique» à Kaboul

Afghanistan: après une enquête fouillée du NYT, l’armée US reconnaît une bavure «tragique» à Kaboul
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Par AlAhed avec AFP

L'armée américaine a reconnu vendredi avoir tué dix civils afghans innocents dans une bavure «tragique», lors des opérations de retrait chaotique des Etats-Unis fin août à Kaboul, en frappant par erreur un véhicule qu'elle croyait rempli d'explosifs.

«Dix civils, dont jusqu'à sept enfants, ont été tragiquement tués dans cette frappe» par drone, a déclaré à la presse le général Kenneth McKenzie, chef du commandement central de l'armée américaine. «Il est improbable que le véhicule et ceux qui sont morts aient été liés à l'EI-K (le groupe terroriste «Etat islamique-Khorasan»), ou qu'ils aient représenté une menace directe pour les forces américaines».

En d'autres mots, contrairement aux affirmations initiales de l'armée, les «explosifs» n'étaient vraisemblablement que d'inoffensifs bidons d'eau et le conducteur du véhicule, un paisible père de famille, n'avait rien d'un terroriste.

«Notre enquête conclut désormais que cette frappe était une erreur tragique», a ajouté le général McKenzie, assurant assumer «l'entière responsabilité» de cette bavure.

Les Etats-Unis avaient détruit le 29 août, dans une frappe aérienne par drone, ce véhicule à Kaboul, affirmant qu'il était «chargé d'explosifs» et assurant avoir déjoué une tentative d'attentat de «l'EI-K». Mais le lendemain, la famille du conducteur du véhicule, Ezmarai Ahmadi, avait affirmé qu'il était employé par une ONG et que dix personnes, dont une majorité d'enfants, avaient été tuées.

«Mon frère et ses quatre enfants ont été tués. J'ai perdu ma petite fille, des neveux et des nièces», avait raconté à l'AFP Aimal Ahmadi, le frère d'Ezmarai.

Toyota blanche

Le général McKenzie, qui dirigeait les forces américaines en Afghanistan avant leur retrait du pays, a expliqué comment dans le chaos des évacuations de milliers de civils afghans et étrangers de Kaboul, ses services avaient reçu le 29 août des informations sur une «menace imminente» contre l'aéroport, venant d'une Toyota Corolla Blanche. Or une voiture de ce modèle s'est garée ce matin-là à proximité d'un bâtiment qui était déjà considéré comme un «repaire de l'EI-K».

Les militaires américains ont alors surveillé étroitement tous les mouvements du véhicule pendant plus de huit heures, par des drones de surveillance et des images satellites. Seuls deux, parfois trois hommes montaient ou descendaient du véhicule chaque fois qu'il se déplaçait.

Ce n'est qu'en fin d'après-midi, lorsque le véhicule s'est approché de l'aéroport de Kaboul, s'immobilisant à moins de 3 km des pistes, que l'armée américaine a décidé de le détruire par un missile Hellfire, réglé pour exploser à l'intérieur du véhicule. Le missile a bien atteint sa cible, et il a été suivi d'une deuxième explosion qui a laissé croire aux militaires qu'il était bien piégé.

Or, a admis vendredi le général McKenzie, «la cause la plus probable» de cette deuxième explosion est «une bonbonne de gaz propane qui se trouvait juste derrière la voiture».

Il a par ailleurs reconnu que les informations sur la Corolla blanche étaient «clairement erronées».

Excuses

Le ministre américain de la Défense Lloyd Austin a présenté vendredi ses «excuses» pour cette bavure.

«Je présente mes plus sincères condoléances aux proches encore en vie de ceux qui ont été tués», a-t-il déclaré dans un communiqué, reconnaissant que l'homme pris pour cible était «juste une victime innocente, comme les autres personnes tragiquement tuées».

«Nous présentons nos excuses, et nous efforcerons de tirer les leçons de cette horrible erreur», a-t-il ajouté.

Ken Roth, directeur exécutif de l'ONG Human Rights Watch (HRW), s'est demandé si le Pentagone aurait admis sa bavure sans l'existence d'une enquête fouillée à Kaboul du New York Times, mettant fortement en cause la version initiale des militaires.

Plus de 71.000 civils afghans et pakistanais ont été tués durant les 20 ans de la guerre en Afghanistan, et selon une étude publiée en avril par la Brown University, le nombre des victimes civiles a fortement augmenté depuis 2017, lorsque l'administration de Donald Trump a adopté des règles d'engagement plus permissives, facilitant l'usage de la force par les militaires.

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