Discours du secrétaire général du Hezbollah à l’occasion de la commémoration de Achoura le 19-8-2021
Bismillah al rahmane al rahim,
En ce dixième jour de Mouharram, je commence mon discours, comme c’est le cas à cette occasion en présentant mes condoléances à tous ceux qui sont concernés par cette circonstance, d’abord le Prophète et tous les autres (…) jusqu’à l’imam Khamenei et à tous les ulémas de la oumma, à tous les musulmans et à tous ceux qui ont la noblesse du cœur… Comme chaque année à cette occasion, j’essaie de résumer autant que possible les positions pour conclure en réitérant notre allégeance, notre loyauté et notre fidélité au sayed des martyrs.
Le premier point : je commence par la tête des priorités dans notre parcours qui consiste à affronter l’entité sioniste qui a violé la Palestine et d’autres terres arabes au Liban et en Syrie. Le message de Achoura à tous les musulmans et les êtres nobles dans le monde, c’est de se tenir aux côtés du peuple palestinien injustement spolié de ses droits, aux côtés de la bande de Gaza et de la Cisjordanie, des territoires de 1948 menacés et du peuple palestinien dispersé dans les camps et dans la diaspora, aux côtés des milliers de prisonniers de ce peuple dans les prisons, qu’ils soient des hommes, des femmes ou des enfants… Les musulmans et les êtres nobles doivent se tenir aux côtés de ce peuple résistant et injustement spolié de ses droits, reconnaissant son droit à retrouver sa terre de la mer au fleuve, entièrement. A l’occasion de Achoura, je rappelle que notre position est claire et définitive et elle ne peut en aucun cas être modifiée, quelles que soient les difficultés et les menaces, quelles que soient aussi la lâcheté, les concessions et les normalisations… c’est d’autant plus vrai que nous aspirons plus que jamais au jour où les envahisseurs sionistes qui occupent la Palestine s’en retireront, car c’est là le sort de toutes les occupations et de tous les envahisseurs. Ce jour-là arrivera inévitablement. Ils le voient lointain, mais nous le voyons proche, surtout après la bataille héroïque et historique menée par le peuple palestinien, sa résistance à Gaza et son peuple rebelle en Cisjordanie et à l’intérieur des territoires occupés, après la bataille de «Sayf al Qods» et l’appui de la oumma à ce choix.
Aujourd’hui, face aux menaces auxquelles fait face la Ville sainte d’AlQods et les symboles sacrés musulmans et chrétiens qu’elle abrite, en tête la mosquée AlAqsa, nous réitérons notre appel à adopter l’équation régionale qui est en mesure de les protéger. Il faut que la protection de la Ville sainte et des symboles sacrés ne soit pas de la seule responsabilité des Palestiniens, mais celle de toute la oumma. En réitérant cet appel, je m’adresse aussi à nos frères des organisations de la résistance irakienne pour les remercier après l’annonce qu’ils ont faite au début de Mouharram dans laquelle ils disent être une partie intégrante de l’équation régionale dans l’axe de la résistance, dans la bataille pour la protection d’AlQods, de la mosquée AlAqsa et de la Ville sainte. C’est une annonce très importante. Car les sionistes ont une crainte particulière pour la position de l’Irak dans les équations de lutte contre «Israël». Dans leur culture religieuse, ils ont une grande crainte de tout rôle irakien dans une grande guerre et cela remonte à des faits qui se sont passés dans l’Histoire. Le temps manque pour m’étendre sur ce sujet. La seule mention suffit. Je voudrais aussi réitérer mes remerciements à nos chers frères du mouvement Ansarullah au Yémen qui ont déjà annoncé qu’ils font partie de l’équation régionale pour protéger AlQods et la mosquée AlAqsa. De même, l’évolution et la coopération ainsi que les liens étroits entre les forces de la résistance dans notre région, aux côtés des mouvements de la résistance palestinienne et de tous ceux qui appartiennent à l’axe de la résistance rendent l’espoir dans la libération de la Palestine de plus en plus grand et le jour de cette libération de plus en plus proche.
Deuxièmement, à Achoura, il est normal que nous soyons en position de refus et de confrontation avec le projet d’hégémonie américaine sur nos pays et nos peuples, sur nos choix et notre région, dont le Liban fait partie. L’administration américaine et les gouvernements américains qui se sont succédé constituent la tête du despotisme, de l’injustice, de la corruption et de l’arrogance contre ce monde où Al Hussein en un jour comme celui-ci a levé la bannière de la confrontation sanglante. L’Amérique représente toutes les significations hypocrites et laides de notre monde contemporain. Il faut que la souveraineté dans cette région soit entre les mains des peuples qui y vivent et des Etats. De même, les ressources de cette région, les capacités de ses fils et les richesses, notamment l’eau, le pétrole, le gaz et les ressources naturelles, tout ce qui s’y trouve, doit revenir uniquement à ses peuples et leurs gouvernements, loin de toute forme d’hégémonie, d’autoritarisme et de pillage, américains ou autres.
Mes frères et sœurs, après la défaite américaine en Afghanistan au bout de 20 ans d’occupation et tout ce que cela signifie comme je l’ai dit avant-hier sur les plans stratégique et historique, ainsi que ses conséquences importantes sur la région et dans le monde, les yeux se tournent au cours des prochains mois vers le sort de l’occupation américaine en Irak et en Syrie, à l’Est de l’Euphrate et à Tanaf.
En Irak, grâce au martyre des deux chefs loyaux et purs, fidèles à la cause et prêts à mourir pour elle, hajj Qassem Soleimani et Abou Mahdi al Mouhandess qui ont suivi jusqu’au bout l’exemple donné par Abou Fadl al Abbas et après que le sang des martyrs iraniens et irakiens se soit mélangé, après le refus irakien de l’occupation américaine qui s’est traduit par la manifestation regroupant des millions de personnes à Bagdad et après la décision du Parlement irakien qui estime que les forces américaines doivent se retirer d’Irak ainsi qu’après les opérations répétées de la résistance irakienne contre les forces américaines dans ce pays et enfin après les efforts des responsables irakiens eux-mêmes, le gouvernement de ce pays a annoncé clairement que les forces de combat américaines devraient quitter la terre sainte irakienne d’ici jusqu’à la fin de l’année. C’est-à-dire dans trois ou quatre mois. C’est une grande réalisation et une très importante victoire pour l’Irak, pour les martyrs qui y sont tombés et pour les sacrifices et la patience des résistants et du peuple irakien en général. C’est une grande nouvelle que l’Irak puisse retrouver sa souveraineté dans son espace aérien et sur tous les points de passage à ses frontières avec le Koweït, la Syrie, la Jordanie et la Turquie. Il restera aux frères irakiens de décider du nombre de techniciens et de conseillers américains qui resteront dans leur pays. A ce sujet, il serait bon pour les dirigeants irakiens lorsqu’ils discuteront de cela avec les Américains de garder en tête les 20 ans d’entraînement américain de l’armée et de la police afghanes et les enseignements inutiles que les conseillers et autres techniciens américains leur ont donnés. Il faut garder cela en tête pour que l’argent irakien ne soit pas gaspillé et pour que les Irakiens ne se fassent pas d’illusions. L’expérience afghane est concluante à ce sujet. C’est un message que tous les peuples de la région doivent retenir : la véritable garantie face aux différents groupes takfiristes et aux menaces en tous genres, ce sont les forces officielles irakiennes et celles d’Al Hachd AlChaabi. Ce Hachd, qui dès sa création a été basé sur la piété et sur la foi en Dieu qui lui a donné sa force et ses valeurs, sa patience et sa détermination, son enthousiasme et son engagement, sous le commandement sage des autorités de Najaf, est l’une des principales garanties pour l’Irak.
En Syrie, les Américains continuent à être présents à l’Est de l’Euphrate, dans la région de Hassaké et de Dar el Zzor et dans une zone proche de la frontière avec l’Irak et la Jordanie qu’on appelle Al Tanaf. Le prétexte unique invoqué par Trump puis par Biden pour justifier cette présence dans ces zones, c’est d’aider à combattre «Daech». Il s’agit bien entendu d’un mensonge et d’un faux prétexte. Car c’est l’armée irakienne qui a infligé une défaite à «Daech», avec Al Hachd al Chaabi, l’armée syrienne et les forces alliées, ainsi que les peuples de la région et les forces de la résistance. Au Liban aussi, c’est l’armée libanaise et la résistance islamique qui ont mis un terme au phénomène «Daech». Ces forces n’ont pas besoin de l’aide des Américains. Au contraire, les forces américaines qui se trouvent dans nos régions sont suspectées (et il y a des indices déterminants pour cela) de faciliter l’action de «Daech», de contribuer à la recréer et de l’aider à se déplacer d’une région à l’autre. En tout cas, les forces américaines devraient quitter al Tanaf car il n’y a pas de «Daech» dans ce secteur. Quant à la présence des forces américaines à l’Est de l’Euphrate, leur objectif réel est de consacrer et renforcer la division de la Syrie que refusent le peuple et l’Etat syriens et qu’ils ne peuvent en aucun cas accepter. L’autre objectif de la présence américaine dans cette zone est d’en piller le pétrole et le gaz. Quotidiennement et au grand jour, le pétrole et le gaz syriens est transporté vers la frontière irakienne. Les Syriens, à plus d’une occasion, ont annoncé une résistance populaire qui prend des formes différentes à l’Est de l’Euphrate. Et finalement comme en Irak et dans tout lieu riche en gaz et en pétrole, le sort réservé aux occupants américains est le départ, pour que cette terre syrienne revienne à son peuple et à son Etat et que les richesses reviennent à leurs propriétaires qui en ont terriblement besoin à cause du blocus, de la loi César et des sanctions américaines.
Troisièmement, en ce jour de Achoura, je voudrais réitérer notre position à l’égard de la guerre agressive américano-saoudienne contre le Yémen et son pauvre peuple. Cette guerre injuste et cruelle doit s’arrêter et les agresseurs doivent comprendre, après toutes ces années de guerre, qu’ils ne pourront pas atteindre leurs objectifs face à la résistance et à l’héroïsme de ce peuple grandiose et de son commandement courageux et sage.
Quatrièmement, en ce jour de Achoura nous ne pouvons que répéter notre position aux côtés du peuple de Bahreïn opprimé et privé de ses droits naturels par un pouvoir qui n’hésite à mettre les ulémas, les figures symboliques, les jeunes et les femmes en prison. Ce même pouvoir qui empêche le peuple de s’exprimer, notamment lorsqu’il appuie la cause palestinienne et celles de la oumma, ce peuple qui se tient aux côtés de tous les opprimés dans le monde...
Cinquièmement : le Liban. Je voudrais évoquer ici plusieurs points. D’abord, en ce jour de Achoura, je voudrais rappeler à l’ami et à l’ennemi, la force de la résistance au Liban, sa solidité, sa fermeté et sa détermination à se défendre. Tout ce qui se passe au Liban et autour de lui n’a aucun impact sur la force de la résistance et ne l’empêche pas de développer ses capacités humaines et techniques. Cela n’a aussi aucun impact sur sa détermination à défendre la terre, la souveraineté et la dignité. La dernière confrontation limitée a donné un avant-goût de cette situation. C’est pourquoi, nul ne doit faire de faux calculs. Celui qui a peur et est inquiet des développements dans la région, c’est l’ennemi israélien. Face aux images du retrait précipité des Américains d’Afghanistan, les Israéliens commentent cet événement et si l’on suit ce qu’ils disent on devine immédiatement leur grande peur de l’impact de cette défaite tonitruante américaine sur la région. Il ne s’agit pas simplement d’une défaite mais d’un échec lamentable politique, militaire, sécuritaire et moral américain et les Israéliens craignent ses conséquences sur la région et en particulier sur les alliés des Américains dans cette région. Ils craignent surtout ses conséquences sur «Israël» précisément. Ce n’est donc pas nous qui sommes inquiets. Au contraire, nous sommes plus convaincus que jamais de la justesse de nos choix et du chemin que nous avons pris. Nous sommes aussi plus que jamais convaincus que la victoire définitive et déterminante est proche.
Ensuite, au sujet du gouvernement, nous avons fermement et clairement appelé à la formation d’un nouveau gouvernement. Nous avons toujours été contre la vacance. Nous avions refusé la démission de l’actuel gouvernement. Notre position est connue. Nous avions aussi refusé la démission du gouvernement précédent et nous avons toujours appelé à la formation d’un gouvernement le plus vite possible. Nous aidions d’ailleurs à la formation du gouvernement. Certains, à l’extérieur et à l’intérieur, veulent nous faire assumer la responsabilité de l’échec dans la formation du gouvernement, sous prétexte que nous n’exerçons pas suffisamment de pressions sur nos amis et sur nos alliés. Ces accusations ne veulent rien dire, car cela ne veut non plus rien dire pour nous d’exercer des pressions sur nos alliés et d’obliger nos amis. J’ai déjà expliqué longuement ce sujet. Mais le pire est encore de faire assumer à l’Iran la responsabilité du blocage et de l’absence de formation d’un gouvernement au Liban. Nous savons parfaitement que la République islamique d’Iran ne se mêle absolument pas de la formation du gouvernement au Liban, ni de sa démission. Ceux qui se mêlent de la formation ou de la démission des gouvernements au Liban, ce sont des Etats internationaux et régionaux, à travers leurs ambassades connues de tous les Libanais. Ces accusations ne sont donc fondées sur aucune preuve et les indices montrent exactement le contraire. Comme tous les Libanais, nous attendons les quelques prochains jours avec beaucoup d’espoir pour découvrir à quoi ont abouti les rencontres successives entre le chef de l’Etat et le Premier ministre désigné, qui constituent la voie essentielle pour résoudre de nombreuses crises à venir.
Au sujet de la situation économique et quotidienne, nous disons qu’il faut y faire face sérieusement, de façon responsable et sans esprit de défaite ou de reddition. Sans désespoir non plus. Pouvons-nous faire face à cette situation désastreuse ? Oui, nous devons travailler avec force pour faire face à ces crises ou en tout cas, pour les limiter et trouver des moyens de les régler.
Dans le cadre de la crise d’essence et de mazout, que nous avons dû évoquer à plusieurs reprises pendant les veillées de Achoura, depuis que l’armée et les forces de sécurité ont commencé à faire des perquisitions dans les stations d’essence et dans les dépôts des différentes compagnies, dans plusieurs régions du pays, des millions de litres d’essence et de mazout cachés ont été découverts. C’est ce qui s’est passé jusqu’à aujourd’hui. Mais il se peut que les réserves cachées soient encore bien plus importantes. Cela confirme le fait que la crise est provoquée et elle est artificielle, car l’Etat assurait les subventions et les bateaux arrivaient au large des côtes libanaises, les compagnies recevaient les cargaisons et les stations vendaient les carburants. Dans ce circuit, il y avait donc le monopole, la volonté de mettre les carburants dans les réservoirs et aussi de faire de la contrebande. Il s’agit donc d’une crise provoquée. Elle aurait pu être traitée si l’Etat avait réagi depuis le début avec fermeté pour empêcher les files de l’humiliation devant les stations d’essence et pour alléger les souffrances des Libanais et leur perte de dignité à la recherche de ces produits vitaux, au cours des dernières semaines. Si dès le premier jour, l’Etat avait pris cette décision courageuse, si l’armée et les forces de l’ordre avaient multiplié les perquisitions et si les ministères concernés avaient accompli leur devoir, les scènes qui ont marqué les Libanais ces dernières semaines n’auraient pas eu lieu. S’agit-il donc d’une simple mauvaise gestion de crise ? Ou bien d’un acte prémédité visant à pousser les Libanais au désespoir et à faire sur eux des pressions psychologiques qui les pousseraient à accepter des choix qui leur seront imposés ?
Si ceux qui monopolisent les carburants ne cessent pas cette pratique détestable qui aboutit à humilier les libanais devant les stations d’essence et à les pousser à vivre dans l’obscurité indigne, à paralyser les hôpitaux et les boulangeries, les atteignant ainsi dans les éléments de base de leurs vies, l’Etat ne doit plus se contenter des perquisitions. En ce jour de Achoura, je le dis en toute clarté et avec assurance, par souci de la responsabilité humaine, l’armée et les forces de l’ordre doivent mettre ceux qui emmagasinent les carburants en prison, pour que cesse l’humiliation du peuple et que cette crise provoquée s’arrête. Ce procédé doit aussi s’appliquer dans les autres dossiers, comme celui des médicaments et des produits alimentaires. C’est la même histoire : le monopole, la voracité, l’appât du gain, tout cela ne peut plus durer. Même avec ses moyens modestes, l’Etat peut alléger le malheur actuel des Libanais, mais pour cela il lui faut la volonté et la fermeté.
Dans ce contexte, nous devons aussi saluer les sacrifices consentis par l’armée libanaise et par les forces de l’ordre, ces officiers et ces soldats, ces militaires qui sillonnent les rues du pays, de jour et de nuit, et se mettent en danger pour tenter d’alléger les souffrances des Libanais. Nous devons leur rendre hommage pour cela, car ils prennent aussi des risques. Ils peuvent être agressés, soit on leur tire dessus soit on leur jette des pierres, ce qui est d’ailleurs condamnable. Ces soldats et ces militaires qui font de leur mieux pour que les carburants arrivent aux Libanais, à leurs hôpitaux et à leurs boulangeries etc doivent être respectés. Ils cherchent à préserver la sécurité de la société qui pourrait exploser face à toutes ces pressions.
L’Etat peut donc alléger les souffrances des Libanais et le gouvernement actuel peut accélérer l’exécution du projet de la carte de financement adopté par le Parlement. Cette carte allégera elle aussi nécessairement les problèmes des Libanais.
En ce dixième jour de Achoura et face à cette foule immense dans la banlieue sud de Beyrouth et dans toutes les régions, je voudrais annoncer quelque chose qui nous concerne directement. Nous en avons parlé dans le passé et nous avions lancé des promesses, mais en toute franchise, nous étions en train de faire les préparatifs pour amener de l’essence et du mazout à partir de l’Iran ou d’ailleurs. En toute franchise, pour moi et mes frères au Hezbollah, il s’agit d’une expérience nouvelle qui exigeait un peu de temps.
En ce dixième jour de Achoura, je voudrais donc vous annoncer à tous que le premier bateau chargé de carburants destinés aux Libanais devrait prendre la mer dans quelques heures. Les dernières formalités ont été achevées, les tonnes réclamées ont été chargées sur le bateau et ce qui nous sépare encore de ces carburants, c‘est le trajet du bateau. Après l’arrivée du premier bateau, d’autres suivront, inchallah. Lorsqu’il atteindra la mer Méditerranée, nous évoquerons les détails, où quand et comment ainsi que les mécanismes...
Naturellement, nous avons donné la priorité pour le premier bateau au mazout. Car l’essence est nécessaire pour les voitures et les camions, dans le cadre des déplacements, mais le mazout, lui, est indispensable aux hôpitaux, aux centres médicaux, aux boulangeries, aux usines de médicaments aux usines de produits alimentaires, aux générateurs de courant électrique... Il est donc prioritaire dans les circonstances actuelles car il est lié à la vie des gens. J’espère que ce bateau et les autres arriveront à bon port.
Je sais que nous sommes face à un grand défi, surtout face aux peurs qui sont exprimées et aux menaces cachées, car jusqu’à présent il n’y a rien d’officiel. Jusqu’à présent, nous n’avons pas reçu de menace officielle... Il y a juste des articles écrits dans les médias sur ce que vont faire les Américains et les Israéliens.
Ce que je veux dire c’est que dès que le bateau quittera le port et prendra la mer (c’est-à-dire dans quelques heures) il se trouvera en terre libanaise. Je le dis aux Américains et aux Israéliens, dès qu’il prendra la mer il sera en terre libanaise. Nous avons insisté sur cette option parce que nous ne pouvions plus supporter les images de l’humiliation de notre peuple, ni devant les boulangeries ni devant les stations d’essence, ni dans l’obscurité des nuits chaudes de l’été !
Nous ne voulons pas lancer des défis à qui que ce soit. Mais s’ils avaient levé les sanctions qu’ils imposent aux Libanais et permis à ce peuple de mener une vie normale, nous n’aurions pas été contraints de prendre cette option. Ceux qui ont imposé aux Libanais ces conditions de vie insupportables nous ont obligés à recourir à ce procédé, car nous voulons aider notre peuple. Nous ne voulons pas entrer en conflit avec qui que ce soit. Mais je le dis franchement : que personne ne cherche à nous défier dans une question liée à la dignité de notre peuple. Nous refusons que notre peuple soit humilié et sa dignité bafouée. Nous sommes les fils de cet imam qui il y a des centaines d’années, a refusé l’humiliation et nous continuons aujourd’hui encore à répéter son slogan «Non à l’humiliation». Nous refusons donc d’être humiliés, ni dans le cadre d’une guerre militaire, ni dans celui d’une guerre politique ou économique. Lorsque nous sommes placés devant de tels choix, nous n’hésitons pas et nous refusons que notre dignité soit bafouée. Je le répèterai à la fin du discours.
Dans ce contexte, il est de notre devoir de remercier la République islamique en Iran et en particulier le leader l’imam Khamenei et le président l’ayatollah Raïssi ainsi que les responsables et le peuple noble d’Iran. Nous vous remercions tous de vous tenir toujours aux côtés du Liban et de son peuple. Tout comme vous étiez notre soutien dans la résistance pour que nous puissions libérer nos terres et nos prisonniers et retrouver notre souveraineté, et tout comme vous nous avez soutenus pour que nous puissions tenir lors de la guerre de juillet 2006 et tout comme vous nous avez aidés pour la reconstruction qui a suivi cette guerre, vous nous aidez aujourd’hui. Malgré les sanctions imposées à l’Iran, malgré le blocus et les circonstances économiques difficiles que vit actuellement le peuple iranien, vous êtes à nos côtés une fois de plus !
Depuis 40 ans, en dépit de la guerre de 8 ans qui lui a été imposée et toutes les tentatives de la frapper, de l’isoler et de lui imposer un blocus, la République islamique d’Iran n’a jamais lâché ses alliés et ses amis. Elle ne les a jamais déçus et la main coupée de Qassem Soleimani sur le sol de l’aéroport de Bagdad est un signe fort de cette réalité. C’est un message à tous les peuples et les gouvernements de notre région, menacée par le terrorisme, le blocus et les sanctions !
Il s’agit, là, d’un ami sur lequel nous pouvons compter. C’est une montagne majestueuse sur laquelle nous pouvons nous appuyer. Avec de tels amis et alliés, le paysage peut changer et les équations peuvent être modifiées. C’est une grande leçon à retenir !
Je voudrais aussi assurer que tout au long de ces 40 dernières années, la République islamique d’Iran n’est jamais intervenue dans les affaires internes libanaises. La décision au sujet du Liban est la nôtre. Nous ne sommes pas des instruments entre les mains de cet Etat, comme je l’ai déjà dit, ou d’un autre. Nous sommes des hommes libres chez wali al Kafih non des esclaves chez les Américains, ou des instruments entre leurs mains. C’est la vérité. C’est pourquoi tout ce qui se dit sur une intervention iranienne dans l’élection du président de la République ou dans la désignation du Président du Conseil ou encore dans la formation du gouvernement et même dans l’élaboration d’une loi électorale ou dans le choix des politiques économiques, dans les alliances... tout cela est faux et est dénué de tout fondement.
Toujours dans le sujet libanais, je voudrais dire un mot à ceux qui monopolisent les produits et à ceux qui font de la contrebande. (J’en ai un peu parlé hier). Je voudrais dire aux gens honnêtes qui souffrent du comportement de quelques voyous (je n’ai pas d’autre terme pour les qualifier) qui tirent sur les stations d’essence ou sur les centrales électriques, qui brûlent les services publics et s’en prennent aux biens privés, ceux-là sont des anarchistes, des gens qui n’ont aucune de nos valeurs. Nous sommes tous dérangés par ce qui se passe. Il y a eu ainsi l’agression de Khaldé qui a provoqué des martyrs et des victimes, il y a aussi les troubles qui se déroulent régulièrement dans certaines régions du pays, notamment dans la Békaa. Ce qui serait juste c’est que l’Etat assume ses responsabilités et nous pourrons l’aider. Même si nous sommes en colère, permettez-moi de vous le dire, nous devons supporter. Ce serait une erreur de réagir et de nous laisser entraîner vers la violence. Nous ne sommes pas faibles, nous sommes forts. Nul ne peut se sentir plus fort que nous et nous ne devons pas nous laisser aller à des réactions violentes et émotionnelles. Même dans le traitement des grands incidents sécuritaires, nous devons tous être avec l’armée libanaise, avec les forces de sécurité. C’est cela l’attitude juste. C’est cela l’intérêt national. Il faut que l’Etat affronte et règle ces incidents. Tout recours aux forces partisanes ou même aux forces de la résistance pour traiter ces troubles c’est comme traiter le mal par un mal plus grave encore. Or, c’est justement ce que cherchent nos ennemis.
Encore un point et je conclus. Nous savons que ce qui se passe dans notre pays est une guerre économique pour faire plier les Libanais et leur imposer des choix qui sont dans l’intérêt d’«Israël». Qu’il s’agisse du tracé des frontières maritimes ou du partage des ressources pétrolières dans la mer, notre espoir est grand en tant que peuple, qu’Etat et que patrie est que les Libanais puissent profiter des ressources pétrolières et gazières pour payer leurs dettes et améliorer leur situation. Il n’est pas clair s’il y a d’autres espoirs. Certains veulent imposer aux Libanais des choix qui ne sont pas compatibles avec leurs intérêts nationaux.
Concernant les capacités de la résistance à protéger le pays et concernant la position du Liban dans la région, nous savons que c’est l’administration américaine qui mène cette guerre. L’ambassade américaine à Awkar est le foyer direct qui dirige cette guerre économique et médiatique. Nous savons que l’ambassade des Etats-Unis se tient derrière cette incitation des Libanais les uns contre les autres. L’ambassadrice rencontre personnellement des représentants de ceux qu’on appelle les ONG (les organisations de la société civile). Elle les finance et les incite contre les Libanais. Lorsqu’ils échouent elle leur adresse des remontrances. Je crois qu’elle devra le faire pendant longtemps encore.
Face à cette réalité, l’ambassade qui se trouve à Awkar n’est donc plus une représentation diplomatique, c’est une ambassade chargée de comploter contre le peuple libanais, contre son pain quotidien, contre ses efforts pour obtenir une vie décente et contre sa dignité, à travers sa position diabolique qui vise la discorde.
Je voudrais dire à cette ambassade, comme vous avez échoué par le passé, vous allez de nouveau échouer. Pendant 20 ans, vous avez formé et entraîné des armées, des forces régulières et d’autres, des généraux et des soldats et vous avez échoué. Vous croyez que vous allez gagner maintenant avec ces malheureux membres des ONG ? Face aux nobles Libanais soucieux de leur nationalisme, face aux forces de la résistance, cette même résistance qui a infligé une défaite cuisante à votre projet au Liban ? C’est pourquoi vous vous fatiguez et vous dépensez de l’argent pour rien. Je dis aussi à ces malheureux qui font partie des ONG (évidemment je ne dis pas que tous sont comme cela) je dis donc à ces malheureux dans certaines ONG, tirez la leçon qui s’impose des derniers événements d’Afghanistan. L’argent qui vous est payé et qui créera une nouvelle classe de riches s’évaporera, comme l’ont fait auparavant les 20 milliards de dollars versés par l’Arabie saoudite, puis les 10 milliards versés par les Américains au cours des dix dernières années... Je leur dis aussi ne vous appuyez pas sur cette ambassade, ni sur cette ambassadrice, ni sur cette administration. Pour elles, leurs chiens policiers ont plus d’importance que vous et leur sont plus utiles. Ne commettez pas les mêmes erreurs que d’autres ont commises avant vous !
Mes sœurs et mes frères, le seul choix des Libanais est de coopérer entre eux, de s’entendre et de se retrouver. Notre dernier message en cette période de Achoura, est un message de rencontre et d’entente pour sauver notre pays. Nous devons compter sur notre potentiel, sur notre peuple, sur nos esprits et nos capacités humaines qui sont énormes et sur nos moyens financiers qui sont modestes. Si une aide vient de l’étranger sans condition, elle est la bienvenue... Par contre, si elle est conditionnée par la discorde entre les Libanais elle n’aura aucune utilité. Cette aide détruira le Liban au lieu de l’aider et de le reconstruire.
Nous sommes un peuple capable de surmonter ces difficultés si nous coopérons entre nous et si nous nous unissons. En cette commémoration de Achoura, nous trions notre détermination et notre volonté de poursuivre le chemin de l’imam Hussein et de ses disciples, de Zeinab et de ses soeurs.
Je conclus en disant : vous nous avez déjà testés, en 1982, en 2000, en 2006 et depuis 2011 face aux groupes terroristes que vous avez amenés de tous les coins du monde... Ne nous testez donc plus ni dans le cadre d’une guerre militaire, ni dans celui d’une guerre sécuritaire ni même dans une guerre économique. Nous sommes les fils de l’imam Hussein et nous appartenons à son école. Nous ne lâcherons pas notre foi, ni notre imam, ni notre islam ni notre cause. Nous ne lâcherons pas notre oumma ni nos croyances et nous ne craignons pas les difficultés, ni les souffrances, ni le martyre. Nous connaissons le chemin et nous savons que nous serons brûlés et jetés au vent, mille fois mais nous n’abandonnerons pas notre imam et nous ne renoncerons pas à la voie que nous nous sommes choisie.