Hélicoptères, fusils, roquettes... tout cet arsenal US en Afghanistan désormais aux mains des talibans
Par AlAhed avec Reuters
Il y a près d’un mois, le ministère afghan de la Défense publiait sur les réseaux sociaux des photos de sept nouveaux hélicoptères livrés dans la capitale Kaboul par les États-Unis. Dans la foulée, à Washington, le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, déclarait devant les journalistes que les Afghans continueraient de recevoir «à rythme constant» ce «type de soutien».
Mais en quelques semaines, les insurgés talibans ont pris le contrôle d’une grande partie du pays, et donc de toutes les armes et équipements militaires abandonnés par les forces de sécurité afghanes lors de leur fuite.
Sur des vidéos, on a pu voir des combattants extrémistes inspecter de longues lignes de véhicules et ouvrir des caisses remplies d’armes, d’équipements de communication et même de drones militaires.
«Tout ce qui n’a pas été détruit appartient désormais aux talibans», a déclaré à Reuters un représentant américain s’exprimant sous couvert d’anonymat.
Joe Biden préoccupé par ces armes
D’anciens et actuels représentants américains ont exprimé leur crainte de voir ces armes utilisées contre des civils, récupérées par d’autres groupes tels que «Daech» pour attaquer des intérêts américains dans la région, voire données à des puissances rivales comme la Chine et la Russie.
L’administration du président américain Joe Biden est si préoccupée par ces armes qu’elle étudie plusieurs options.
Selon des représentants, le lancement d’offensives aériennes contre les équipements les plus massifs, tels que les hélicoptères, est envisagé mais la réflexion au cours doit prendre en compte le risque d’alimenter les tensions avec les talibans.
Un autre représentant américain a déclaré que, d’après les analyses des services du renseignement, qui ne sont pas définitives, les talibans auraient récupéré plus de 2 000 véhicules blindés et jusqu’à 40 appareils aériens, dont des hélicoptères UH-60 Black Hawk et des drones militaires ScanEagle.
«Nous avons déjà vu des combattants talibans équipés d’armes fabriquées aux États-Unis qu’ils ont prises aux troupes afghanes. Cela représente une menace sérieuse pour les États-Unis et nos alliés», a déclaré à Reuters par courriel Michael McCaul, élu républicain siégeant à la commission des Affaires étrangères de la Chambre américaine des représentants.
Près de 30 milliards de dollars d'équipements militaires
Entre 2002 et 2017, les États-Unis auraient, selon les estimations, donné à l’armée afghane pour 28 milliards de dollars d’équipements militaires comme des armes de poing, des roquettes, des lunettes de vision nocturne et des drones d’observation.
Selon des données gouvernementales américaines, 208 appareils tels que les hélicoptères Blackhawk ont été livrés par les États-Unis aux forces afghanes entre 2003 et 2016.
Au cours de la semaine écoulée, nombre de ces appareils ont été utilisés par des pilotes de l’armée afghane pour fuir le pays et l’avancée des talibans.
L’un des représentants américains a déclaré qu’entre 40 et 50 appareils avaient été utilisés pour rejoindre l’Ouzbékistan.
Des équipements difficiles à maîtriser sans formation
Malgré les inquiétudes sur l’accès des talibans à ces hélicoptères, d’anciens et d’actuels représentants ont souligné que les appareils nécessitaient de fréquentes opérations de maintenance et étaient difficiles à maîtriser sans la formation adéquate.
Pour Joseph Votel, général à la retraite qui a supervisé de 2016 à 2019 les opérations militaires américaines en Afghanistan, la plupart des équipements récupérés par les talibans, ne sont pas équipés de technologies sensibles.
«Dans certains cas, ce sont davantage des trophées», a-t-il dit.
Certains équipements plus faciles à utiliser, comme les lunettes à vision nocturne, dont Washington a fourni 16 000 exemplaires à l’armée afghane depuis 2003, suscitent toutefois l’inquiétude.
«La capacité à opérer de nuit change vraiment la donne», a déclaré à Reuters un assistant parlementaire du Congrès américain.
Joseph Votel et d’autres ont estimé que ces armes et autres équipements à taille réduite pourraient offrir aux talibans un avantage dans la lutte contre toute révolte susceptible d’éclater dans des bastions traditionnellement hostiles au mouvement radical.