Afghanistan: fin d’un cycle de pourparlers à Doha sans progrès sur une trêve
Par AlAhed avec agences
Le chef des talibans a répété dimanche rester «résolument favorable à un règlement politique» en Afghanistan, mais un nouveau round de négociations avec des représentants du gouvernement afghan à Doha s'est achevé sans progrès significatif, en pleine offensive des insurgés.
Des délégations du gouvernement afghan et des talibans ont repris samedi à Doha, au Qatar, des pourparlers entamés en septembre qui n'ont abouti jusqu'ici à aucun accord et semblent battre de l'aile.
Les deux parties ont indiqué dimanche soir dans un communiqué conjoint s'être accordées sur le besoin de trouver une «solution juste» et de se rencontrer à nouveau «la semaine prochaine».
Le médiateur qatari Moutlaq al-Qahtani a pour sa part affirmé que les deux camps s'étaient «à peine mis d'accord» pour tenter «d'éviter des victimes civiles», bien loin du cessez-le-feu espéré.
Le chef du conseil gouvernemental supervisant le processus de paix, Abdullah Abdullah, a lui éludé les questions des journalistes.
«Au lieu de compter sur les étrangers, résolvons nos problèmes entre nous (Afghans) et sauvons notre patrie de la crise qui prévaut», avait déclaré dans la matinée le chef des talibans Hibatullah Akhundzada, à l'occasion de l'Aïd al-Adha, fête musulmane du Sacrifice qui dure trois jours à partir du 20 juillet.
«Malgré l'avancée et les victoires militaires (...) nous restons résolument favorables à un règlement politique (...) Nous sommes, de notre côté, déterminés à trouver une solution via des discussions, mais le camp d'en face continue de perdre du temps», a-t-il ajouté dans son message.
Offensive tous azimuts
Lancée début mai, à la faveur du début du retrait définitif des forces étrangères du pays, l'offensive des insurgés n'a rencontré qu'une faible résistance de la part des forces afghanes et leur a permis de s'emparer de vastes territoires ruraux d'Afghanistan et d'importants postes-frontières avec l'Iran, le Turkménistan, le Tadjikistan et le Pakistan.
Les combattants progouvernement ont mené 244 opérations, tuant 967 combattants «ennemis», dont des commandants clés, a déclaré dimanche le porte-parole des forces de sécurité afghanes Ajmal Omar Shinwari.
«Nous avons repris 24 districts jusqu'à présent, notre objectif est de reprendre tous les territoires. Nous sommes prêts à défendre notre pays», a-t-il ajouté devant la presse.
Privées du crucial soutien aérien américain, les forces du gouvernement afghan ne contrôlent plus essentiellement que les axes majeurs et les capitales provinciales.
Certaines sont encerclées par les insurgés mais ceux-ci n'ont pas lancé d'offensive majeure contre ces villes, à l'exception d'une brève incursion en juillet dans Qala-i-Naw, capitale de la province de Badghis, dont ils ont été chassés après plusieurs jours de combats.
Le message du chef des talibans ne fait aucune mention d'un cessez-le-feu à l'occasion de l'Aïd. Ces dernières années, les insurgés avaient parfois annoncé des trêves à l'occasion de fêtes musulmanes.
Pas de sacrifice
«Cette année, il n'y aura pas de sacrifice (d'animal) parce que la situation de notre pays n'est pas bonne. Les combats se poursuivent. Nous sommes inquiets», confie Abdullah, un habitant de Jalalabad, dans l'est de l'Afghanistan.
«Les gens sont pauvres ici et la plupart sont inquiets de la violence qui augmente», ajoute-t-il.
Dans son message, le chef des talibans déroule une série d'engagements d'un futur «Emirat islamique» au pouvoir à Kaboul.
L'Emirat islamique était le nom du régime taliban qui dirigea l'Afghanistan entre 1996 et 2001 et en fut chassé par une coalition internationale menée par les Etats-Unis, après son refus de livrer le chef d'Al-Qaïda, Oussama ben Laden, dans la foulée des attentats du 11-Septembre.
Les talibans semblent opérer depuis longtemps sous une chaîne de commandement unique et efficace. Mais la question de la capacité qu'auront leurs dirigeants à faire respecter un potentiel accord de paix sur le terrain reste en suspens.
Depuis que Washington a annoncé l'an dernier le départ définitif des troupes étrangères d'Afghanistan, au terme d'un accord avec les talibans, ceux-ci tentent d'afficher une image plus moderne et modérée.
«Nous voulons de bonnes et fortes relations diplomatiques, économiques et politiques (...) avec tous les pays du monde, dont les Etats-Unis» et «nous assurons totalement les pays voisins, de la région et du monde, que l'Afghanistan ne permettra à personne de menacer la sécurité d'aucun autre pays depuis son sol», affirme Hibatullah Akhundzada dans son message.