Royaume-Uni: appels à une enquête sur la mort d’une militante émiratie
Par AlAhed avec AFP
Des militants ont appelé le Royaume-Uni à enquêter sur la mort, dans un accident de voiture près de Londres ce week-end, d'une jeune émiratie qui dirigeait une organisation de défense des droits humains dans le Golfe basée dans la capitale britannique.
Directrice de l'organisation ALQST et fille de Mohammed al-Siddiq, prisonnier politique émirati, Alaa al-Siddiq est décédée samedi près de Londres dans un accident de voiture après un dîner organisé pour son 33e anniversaire, selon ces militants.
«Nous avons besoin que les autorités britanniques nous rassurent et éliminent la piste criminelle, étant donné le bilan des Émirats arabes unis et de l'Arabie saoudite en matière de surveillance, de ciblage et de harcèlement des militants et de leur famille à l'étranger», a déclaré dimanche Sarah Leah Whitson, membre du conseil d'administration d'ALQST, dans un communiqué.
Cette dernière dirige également l'organisation DAWN, basée aux États-Unis et fondée par Jamal Khashoggi, journaliste saoudien devenu un détracteur du pouvoir, assassiné en 2018 au consulat de son pays à Istanbul. La police britannique n'a pas réagi.
ALQST -- organisation qui documente ce que Sarah Leah Whiston qualifie d'abus étatique généralisé dans le Golfe, notamment des arrestations en Arabie saoudite de militantes, d'universitaires ou même de membres de la famille royale -- a indiqué sur Twitter n'avoir trouvé aucun élément permettant de soupçonner un acte criminel.
«La police pense de même et elle publiera les résultats de son enquête quand celle-ci sera finie», a ajouté l'organisation.
Le directeur du Gulf Centre for Human Rights, Khalid Ibrahim, a lui appelé à une enquête fouillée, affirmant que la militante était «constamment en danger».
«Nous travaillons dans un environnement très hostile et les gouvernements comme ceux du Golfe utilisent des technologies de surveillance pour hacker nos comptes», a-t-il déclaré au Telegraph.
«Nous savons tous ce qu'il est arrivé à Khashoggi», a-t-il déclaré au quotidien britannique.
DAWN a appelé les autorités émiraties à relâcher le père d’Alaa al-Siddiq, emprisonné selon l'organisation depuis 2012, et à permettre le retour de la dépouille de la jeune femme pour qu'elle soit enterrée selon les coutumes islamiques dans sa ville natale.
«Son exil (au Royaume-Uni depuis plus de dix ans, ndlr) était la conséquence directe de la répression de son gouvernement», a déclaré Mme Whitson.
Le gouvernement émirati n'a pas réagi à la mort de la militante.