Algérie : une marche du Hirak empêchée, de nombreuses arrestations
Par AlAhed avec AFP
La police algérienne a empêché vendredi 15 mai la marche hebdomadaire du mouvement prodémocratie du Hirak à Alger, et procédé à de nombreuses arrestations de militants, opposants et journalistes, dont un photographe de l'Agence France-Presse (AFP). Des manifestants, qui s'apprêtaient à participer au rassemblement du Hirak dans le centre de la capitale ont été bousculés et interpellés, ont constaté un journaliste de l'AFP et des témoins.
Un photographe de l'AFP, Ryad Kramdi, a été interpellé dans le quartier populaire de Bab El Oued, fief de la contestation, et conduit dans un poste de police local. Il a été relâché dans la soirée, sans explication, après avoir été retenu pendant huit heures. «Nous avons été bien traités mais c'était très très stressant», a témoigné le photographe.
Au moins une dizaine d'autres journalistes et photographes ont été arrêtés, dont Khaled Drareni, correspondant en Algérie pour la chaîne francophone TV5, Kenza Khatto, journaliste à Radio M, et un vidéaste de l'agence internationale Reuters, selon des sites d'information indépendants. Khaled Drareni, directeur du site d'information Casbah Tribune, a été remis en liberté dans la soirée, selon ce média en ligne.
Le correspondant en Algérie de Reporters sans frontières (RSF) est devenu un symbole du combat pour la liberté de la presse après avoir été incarcéré pendant dix mois pour avoir couvert une manifestation du Hirak en mars 2020. «Plusieurs journalistes ont été interpellés & empêchés de couvrir la 117e manif des vendredis du Hirak tandis que d'autres ont été molestés par les forces de l'ordre», a tweeté RSF. Un groupe de journalistes a été relâché en fin d'après-midi, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association d'aide aux prisonniers d'opinion.
Nombreuses arrestations
Le CNLD a fait état de nombreuses arrestations dans le pays, parmi lesquelles des figures du Hirak, des avocats et des opposants, comme le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, et l'ancienne détenue et militante du Hirak Dalila Touat. La plupart des personnes interpellées recouvrent généralement la liberté en attendant d'être convoquées devant la justice.
Comme chaque vendredi à Alger, des membres du hirak se sont rassemblés après la prière du vendredi mais les forces de police, en grand nombre, ont encerclé la mosquée Errahma, point de départ de la marche, et ont dispersé la foule sans ménagement. Des dizaines de personnes ont ensuite été interpellées, selon des témoins.
Quelques dizaines de manifestants ont néanmoins réussi à marcher, en scandant «Etat civil et non militaire», un slogan phare de la contestation. «Nous ne nous arrêterons pas, quoi que vous fassiez», ont crié les protestataires à l'adresse des autorités. Certains se sont dirigés vers Bab El Oued, un bastion du Hirak, où plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées. La police les a empêchés de marcher.
Ailleurs, en province, des marches se sont déroulées à Oran, Mostaganem (nord-ouest), Jijel (est) et en Kabylie, à Béjaïa (nord-est) et Tizi Ouzou (est), au lendemain de la fête de l'Aïd El Fitr, marquant la fin du mois de jeûne du ramadan.