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Biden va reconnaître le génocide arménien après avoir parlé avec Erdogan

Biden va reconnaître le génocide arménien après avoir parlé avec Erdogan
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Par AFP

Joe Biden va devenir samedi le premier président des Etats-Unis à reconnaître le génocide arménien, au lendemain d'un appel à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan qui a mis en garde par avance contre toute volonté de soutenir ce qu'il a dénoncé comme un «mensonge».

Le génocide arménien est reconnu par plus d'une vingtaine de pays et de nombreux historiens mais il est vigoureusement contesté par la Turquie.

Une porte-parole du département d'Etat américain a évoqué vendredi une «annonce» attendue samedi sur le «génocide arménien», laissant peu de doute sur la décision de Joe Biden qui avait promis, avant son élection, de prendre l'initiative sur ce dossier.

Au téléphone avec le président turc, le locataire de la Maison Blanche a exprimé sa volonté de bâtir une «relation bilatérale constructive», selon le bref compte-rendu américain qui évoque la nécessité d'une «gestion efficace des désaccords».

Ankara a seulement souligné de son côté «le caractère stratégique de la relation bilatérale» et l'importance d'une «coopération plus étroite».

Joe Biden et Recep Tayyip Erdogan sont convenus de se rencontrer en juin en marge du sommet de l'Otan à Bruxelles.

«Horrible campagne d'extermination»

Sans citer les Etats-Unis, le président turc avait dès jeudi adressé une mise en garde à peine voilée à Washington.

Lors d'une réunion avec des conseillers, il a prévenu qu'il continuerait à «défendre la vérité contre ceux qui soutiennent le mensonge du soi-disant +génocide arménien+ (...) à des fins politiques».

Malgré des années de pressions de la communauté arménienne aux Etats-Unis, aucun président américain ne s'était jusqu'ici risqué à fâcher Ankara, allié historique de Washington et membre de l'Otan.

Le Congrès américain a reconnu le génocide arménien en décembre 2019 lors d'un vote symbolique, mais le président Donald Trump, qui entretenait d'assez bonnes relations avec Recep Tayyip Erdogan, avait refusé d'utiliser le mot, parlant seulement d'«une des pires atrocités de masse du 20e siècle».

Les Arméniens estiment qu'un million et demi des leurs ont été tués de manière systématique pendant la Première Guerre mondiale par les troupes de l'Empire ottoman, alors allié à l'Allemagne et à l'Autriche-Hongrie. Ils commémorent ce génocide chaque année le 24 avril.

La Turquie, issue du démantèlement de l'empire en 1920, reconnaît des massacres mais récuse le terme de génocide, évoquant une guerre civile en Anatolie, doublée d'une famine, dans laquelle 300.000 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort.

«Nous ne devons jamais oublier ni rester silencieux sur cette horrible et systématique campagne d'extermination», avait souligné Joe Biden durant sa campagne.

«Si nous ne reconnaissons pas pleinement le génocide, si nous ne le commémorons pas, si nous ne l'enseignons pas, les mots +plus jamais+ ne veulent plus rien dire», avait-il ajouté.

L'annonce de M. Biden n'aura pas de portée légale, mais elle ne peut qu'aggraver les tensions avec une Turquie que le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a qualifiée de «soi-disant partenaire stratégique» qui «par de nombreux aspects ne se comporte pas comme un allié».

Le président démocrate assure vouloir mettre la défense des droits humains au coeur de sa politique étrangère. Son gouvernement a confirmé l'accusation de «génocide» formulée dans les derniers jours de la présidence de Donald Trump contre la Chine pour la répression des musulmans ouïghours.

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