Pakistan: débat au Parlement sur l’expulsion de l’ambassadeur français
Par AlAhed avec AFP
Le Parlement pakistanais débat, vendredi 23 avril, de l'opportunité d'expulser l'ambassadeur de France, le gouvernement semblant être parvenu à apaiser les manifestations qui, la semaine dernière, avaient dégénéré en affrontements meurtriers avec la police.
Le parti conservateur «Tehreek-e-Labbaik» (TLP) est à l'origine d'une violente campagne anti-France depuis qu'Emmanuel Macron a défendu le droit à la caricature au nom de la liberté d'expression.
Le président français s'était exprimé lors de l'hommage rendu à un enseignant tué le 16 octobre après avoir montré des dessins satiriques à sa classe, dans la foulée de la republication de caricatures du prophète Mohammad par l'hebdomadaire Charlie Hebdo.
Une résolution appelle à un débat sur l'expulsion du diplomate français, à la condamnation du blasphème en Occident et à l'unité des pays musulmans sur cette question.
Elle demande également que les autorités offrent un endroit dans les villes pour les prochaines manifestations.
Déposée par un député de la majorité, elle devrait être remplacée par un texte plus ferme de l'opposition mais non contraignant.
Des partisans du «TLP» ont manifesté la semaine dernière après l'arrestation le 12 avril de son chef qui avait appelé à une marche entre Lahore et Islamabad pour réclamer l'expulsion de l'ambassadeur français.
Alors que les manifestations prenaient de l'ampleur, l'ambassade de France avait appelé ses ressortissants à quitter le pays, ce que peu semblent avoir fait.
Le ministre de l'Intérieur, Sheikh Rashid Ahmed, qui a négocié la fin des manifestations avec les responsables du «TLP», a indiqué que 5 policiers et huit manifestants ont été tués.
Mardi, des doyens du parti ont renoncé à toute nouvelle action et vendredi, la situation semblait apaisée.
«Nous n'avons pas fait de concessions», a assuré le ministre de l'Information, Fawad Chaudhry, lors d'une conférence de presse mercredi.
Par le passé, le Premier ministre Imran Khan a été accusé d'être conciliant avec le «TLP», par crainte de se mettre à dos les conservateurs pakistanais.
Lundi, il a appelé le «TLP» à mettre fin aux violences, estimant que l'expulsion de l'ambassadeur français n'aurait que des conséquences négatives pour le Pakistan, notamment sur ses relations économiques avec l'Europe.
L'islam interdit toute représentation du prophète Mohammad et la question du blasphème est particulièrement sensible au Pakistan, où elle transcende les frontières entre les partis.