Manifestation monstre au Yémen pour la journée de la résistance
Par AlAhed avec AFP
Des milliers d’hommes ont manifesté vendredi dans la capitale yéménite Sanaa pour marquer le sixième anniversaire de l’offensive saoudienne dans le pays.
«Six ans de guerre ont montré leur échec», a déclaré à l’AFP Deif Allah al-Chammi, un haut responsable du mouvement Ansarullah entouré de milliers de manifestants brandissant des affiches sur la «victoire de l’Islam» et scandant des slogans contre l’Arabie saoudite, les États-Unis ou encore «Israël».
«Lever le blocus»
L’anniversaire de l’agression saoudienne, appelée journée de «la résistance» côté Ansarullah, a coïncidé avec de nouvelles attaques du mouvement vers le royaume voisin.
Jeudi soir, un projectile lancé sur un terminal pétrolier de distribution de Jizan, près de la frontière, a provoqué un incendie dans l’un de ses réservoirs.
L’attaque intervient en effet quelques jours après qu’Ansarullah a rejeté une proposition par Riyad d’un «cessez-le-feu global» qui comprenait la réouverture de l’aéroport international de Sanaa et la reprise des négociations politiques sous l’égide de l’ONU.
Ansarullah réclame avant toute reprise du processus politique, la levée complète du blocus aérien et maritime, imposé par l’Arabie saoudite sur le pays.
«S’ils veulent la paix, nous n’avons pas besoin d’une initiative, mais qu’ils cessent leur agression et lèvent le blocus sur le peuple yéménite», a insisté le responsable Houthi Deif Allah al-Chammi.
L’initiative saoudienne s’inscrit dans un contexte de pression internationale, États unis et ONU en tête, pour parvenir à une résolution politique rapide du conflit, en raison du désastre humanitaire qu’il a engendré.
Washington a cessé son soutien à l’intervention de son proche partenaire saoudien tout en se disant à ses côtés face aux attaques d’Ansarullah.
Vendredi, l’émissaire de l’ONU pour le Yémen, Martin Griffiths, a rencontré un haut représentant d’Ansarullah Mohammed Abdelsalam, dans le sultanat voisin d’Oman.
«Ils ont discuté de l’urgence de s’accorder sur l’ouverture de l’aéroport de Sanaa, l’assouplissement des restrictions sur les ports de Hodeïda, l’instauration d’un cessez-le-feu national et la reprise du dialogue politique dans le cadre des Nations unies», a précisé le bureau de l’émissaire onusien sur Twitter.
«Six ans de faim»
Hodeïda, ville du sud-ouest du pays aux mains d’Ansarullah, est un point de passage crucial pour l’acheminement de l’aide humanitaire dont dépendent les deux tiers de la population.
En six ans, le conflit au Yémen a fait des dizaines de milliers de morts d’après des ONG internationales, ainsi que des millions de déplacés vivant dans des camps de fortune constamment menacés par les épidémies et la poursuite des combats.
«Six ans de faim, de déplacement, de destruction, de misère et de vies perdues. Le Yémen a désespérément besoin de paix et le temps est venu pour tous d’agir», a martelé sur Twitter le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha) de l’ONU avec le hashtag #YemenCantWait (le Yémen ne peut pas attendre).
Si les Yéménites souffrent déjà de faim, la menace d’une famine à grande échelle devient de plus en plus réelle en raison de l’escalade de la violence et le manque de financement de l’aide internationale.
Pour 2021, seuls 1,7 milliard de dollars, sur les 3,85 milliards espérés pour lutter contre la famine, ont été récoltés par l’ONU, qui a comparé ces promesses de dons à une «peine de mort» pour le Yémen.