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Macron veut «clarifier la place de la Turquie dans l’Otan»

Macron veut «clarifier la place de la Turquie dans l’Otan»
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Par AlAhed avec Sputnik

Dans un contexte de profonds désaccords entre la Turquie et la France, Emmanuel Macron appelle au sein de l’Otan à une position plus ferme vis-à-vis de Recep Tayyip Erdogan. Il alerte également sur «des tentatives d'ingérence» de la Turquie dans la présidentielle.

Dans une interview diffusée mardi 23 mars sur France 5 dans le cadre de l'émission «C dans l'air» consacrée au président turc, Emmanuel Macron a exprimé son désaccord avec certains choix politiques de l’administration turque.

 «Nous avons besoin de clarifier la place de la Turquie dans l'Otan. Normalement, entre alliés, il n'est pas possible de faire plusieurs choses que la Turquie a faites ces derniers mois», a estimé Emmanuel Macron lors d'une interview.

«Je l'ai condamné au sein de l'Otan. J'ai agi en tant que nation. Nous avons agi en tant que nation et nous avons fait un travail conséquent de conviction des autres Européens pour que l'Europe ait une voix beaucoup plus ferme, parce qu'il y avait beaucoup de complaisance», a-t-il lancé à propos de la Turquie.

Le volet libyen

Le président français considère la situation en Libye comme la plus symptomatique du problème. Malgré des accords conclus en janvier 2020 à Berlin, «la Turquie n’a pas tenu sa parole» et y a envoyé des combattants étrangers et son armée.

«Je mets beaucoup de pression pour qu’on ait maintenant un retrait», a-t-il conclu.

À part de volet libyen, la Turquie et la France s’opposent sur plusieurs dossiers comme la Syrie et la Méditerranée orientale.

«Politique de mensonges»

Évoquant la brûlante controverse sur la question religieuse, déclenchée après son discours à l'automne sur «le séparatisme islamiste», M. Macron a fustigé «une politique de mensonges d'État relayés par les organes de presse contrôlés par l'État turc», ainsi que «par certaines grandes chaînes contrôlées par le Qatar».

«Tentatives d'ingérence» de la Turquie dans la présidentielle 2022

Emmanuel Macron a également mis en garde mardi contre «les tentatives d'ingérence» de la Turquie dans la prochaine élection présidentielle française de 2022, sans pour autant fermer la porte à une amélioration des relations avec Ankara, exécrables depuis plus d'un an.

«Évidemment. Il y aura des tentatives d'ingérence pour la prochaine élection. C'est écrit, et les menaces ne sont pas voilées», a-t-il déclaré.

Accusations précédentes

M. Erdogan a déjà été accusé d'ingérence électorale, notamment en Allemagne, quand il avait demandé aux électeurs germano-turcs de voter contre le parti d'Angela Merkel en 2017.

«Il faut qu'on soit très lucide», a poursuivi Emmanuel Macron, dont les relations avec son homologue turc ont été extrêmement tendues avant un début de dégel il y a quelques mois.

 «J'ai noté depuis le début de l'année une volonté d'Erdogan de se réengager dans la relation. Je veux croire que c'est possible», a déclaré le président français, se défendant de toute «animosité à l'égard de la Turquie». «Mais je pense qu'on ne peut pas réengager (une relation) quand il y a des ambiguïtés. Je ne veux pas réengager une relation apaisée si il y a derrière de telles manœuvres qui se poursuivent».

La Turquie reste un partenaire «sur des sujets sécuritaires»

Cependant, «il faut un dialogue avec la Turquie, il faut tout faire pour qu'elle ne tourne pas le dos à l'Europe et n'aille vers plus d'extrémisme religieux ou des choix géopolitiques négatifs pour nous», a-t-il poursuivi.

«C'est un partenaire sur des sujets sécuritaires, sur les sujets de migration», a rappelé le président français.

L'UE et la Turquie ont conclu en 2016 un accord migratoire revenant à confier à Ankara la gestion de l'immigration illégale.

Soulignant que la Turquie accueillait sur son sol plus de trois millions de réfugiés syriens, M. Macron a estimé qu'elle avait «pris ses responsabilités».

«Sur le sujet migratoire nous devons travailler avec la Turquie. S’ils (les Turcs) ouvrent les portes, vous avez trois millions de réfugiés syriens qui arrivent en Europe», a-t-il mis en garde.

Dégradation des relations depuis plus d’un an

Les relations bilatérales se sont dégradées avec l'offensive turque en octobre 2019 contre les forces kurdes en Syrie, alliées des Occidentaux. L'interventionnisme turc en Libye, en Méditerranée orientale (où un incident a opposé des bâtiments turc et français en juin 2020) et la politique française contre «l'extrémisme islamique» ont ensuite creusé les antagonismes entre Paris et Ankara.

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