Covid-19 dans le monde: l’UE menace AstraZeneca, les Polonais et un tiers des Français confinés
Par AlAhed avec AFP
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a menacé samedi de bloquer les exportations du vaccin AstraZeneca si l'UE ne recevait pas d'abord ses livraisons, au moment où les Polonais et un tiers des Français se sont réveillés à nouveau confinés mais dans des modalités différentes.
«Nous avons l'option d'interdire toute exportation prévue. C'est le message que nous passons à AstraZeneca: respectez votre contrat avec l'Europe avant de commencer à livrer d'autres pays», a déclaré Ursula von der Leyen dans une interview avec le groupe des médias allemand Funke.
La présidente de la Commission européenne a rappelé que le contrat de l'UE avec AstraZeneca prévoit la livraison de doses produites à la fois sur le territoire de l'UE et au Royaume-Uni.
«Or, nous n'avons rien reçu des Britanniques, alors que nous les fournissons», a fait valoir Ursula von der Leyen, ajoutant que l'UE avait envoyé une plainte «formelle» au groupe pharmaceutique. «Je suis incapable d'expliquer aux citoyens européens pourquoi nous exportons des millions de doses de vaccins vers des pays qui produisent eux-mêmes des vaccins et qui ne nous en envoient pas en retour».
AstraZeneca doit livrer au deuxième trimestre 70 millions de doses de son vaccin anti-Covid, beaucoup moins que les 180 millions promises dans le contrat signé avec l'Union européenne. Au premier trimestre, l'UE devrait avoir reçu au total quelque 30 millions de doses d'AstraZeneca, contre 90 millions prévues par le groupe pharmaceutique suédo-britannique.
Troisième confinement en un pour les Français
Ces menaces interviennent au moment où les Polonais et un tiers des Français se sont réveillés à nouveau confinés.
Troisième confinement en un an pour 21 millions de Français, dont les Parisiens, la mesure se veut toutefois plus souple et moins restrictive qu'en mars 2020.
Contrairement aux deux premiers confinements, les Français pourront cette fois sortir «sans aucune limitation de durée», mais «dans un rayon limité à 10 kilomètres» et avec une attestation.
Une grande partie des commerces seront aussi fermés.
Ces nouvelles restrictions ont été rendues nécessaires par la dégradation de la situation sanitaire, qui «s'apparente de plus en plus clairement à une 3e vague», selon le Premier ministre Jean Castex.
Le gouvernement français a mis l'accent sur le fait qu'on se contamine davantage à l'intérieur que dehors: parcs et jardins restent ouverts, mais la liste des commerces fermés s'est allongée, au grand dam de certains.
«C'est le coup de grâce. Ce troisième confinement arrive au moment où les détaillants font rentrer les collections d'été, qui vont rester bloquées pendant au moins un mois», a déploré Pierre Talamon, de la Fédération nationale de l'habillement.
Confinement partiel en Pologne
La Pologne est entrée également samedi en confinement partiel pour une durée de trois semaines, de nouvelles restrictions rendues nécessaires face à la recrudescence des contaminations.
Le gouvernement polonais avait relâché la pression en février, autorisant l'ouverture des hôtels, musées, cinémas, théâtres et piscines avec une demi-jauge, à contre-courant des restrictions alors décidées en Europe.
L'Allemagne va à cet égard restreindre à partir de dimanche les passages à sa frontière avec la Pologne, pays classé en zone Covid-19 à haut risque par l'institut de veille sanitaire Robert Koch.
Nouvelles restrictions
La Belgique, pour sa part, enregistre depuis une semaine une «flambée» de cas, qui nécessitent de «resserrer la vis» sur les restrictions, selon le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke.
En Asie, les Philippines ont annoncé vendredi de nouvelles restrictions, alors que les contaminations y ont atteint un nouveau record, avec plus de 7.000 nouveaux cas par jour.
Au Pakistan, le Premier ministre Imran Khan a été testé positif samedi, deux jours après avoir reçu le vaccin chinois Sinopharm.
Au Brésil, le maire de Rio de Janeiro a décidé la fermeture des plages à partir de ce week-end, dans un pays où l'épidémie est hors de contrôle. A peine plus de 5 % de la population y a reçu une première dose de vaccin et moins de 2 % la seconde.
La lassitude après un an d'épidémie s'accentue en Europe mais aussi ailleurs dans le monde. Une manifestation est prévue samedi à Montréal au Canada pour protester contre ces restrictions sanitaires. Idem en Autriche et en Bulgarie.
La moitié des adultes britanniques a reçu une dose de vaccin
Les gouvernements souhaitent donc en finir au plus vite avec une épidémie qui a déjà tué près de 2,7 millions de personnes, et la vaccination continue à s'intensifier.
La moitié de la population adulte au Royaume-Uni a reçu une première dose de vaccin contre le Covid-19, a annoncé samedi le ministre de la Santé, se félicitant d'un «énorme succès» pour ce pays, le plus endeuillé en Europe par la pandémie.
Plusieurs pays européens ont recommencé de leur côté vendredi à administrer le vaccin AstraZeneca, recommandé par les experts de l'OMS.
Pour lutter contre le virus, l'Allemagne et la France, tout comme l'Italie, la Bulgarie ou la Slovénie, ont repris vendredi la vaccination avec l'AstraZeneca. D'autres pays s'y remettront la semaine prochaine, notamment l'Espagne, le Portugal et les Pays-Bas.
Une quinzaine de pays avaient suspendu par précaution l'utilisation de ce vaccin après le signalement de possibles effets secondaires graves tels que des troubles de la coagulation et la formation de caillots, à ce stade sans lien avéré avec ce sérum.
Plus de 2,69 millions de morts
La pandémie a fait au moins 2.692.313 morts dans le monde depuis le début de la pandémie, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles vendredi à 11H00 GMT.
Les Etats-Unis sont le pays comptant le plus de morts (540.970), suivis par le Brésil (290.314), le Mexique (196.606), l'Inde (159.370) et le Royaume-Uni (125.926).
Ces chiffres, qui reposent sur les bilans quotidiens des autorités sanitaires sans inclure les réévaluations fondées sur des bases statistiques, sont globalement sous-évalués.