Turquie: Erdogan favorable à une nouvelle Constitution
Par AlAhed avec AFP
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est dit ce lundi en faveur d'une nouvelle Constitution, provoquant la surprise à deux ans d'élections qui s'annoncent compliquées pour lui.
«Il est clair qu'à la source des problèmes de la Turquie se trouvent les Constitutions écrites par des putschistes depuis les années 1960 (...) Il est peut-être temps pour la Turquie de rouvrir le débat sur une nouvelle Constitution», a déclaré M. Erdogan.
«Nous pourrions prendre des mesures en ce sens si nous trouvions un accord» avec le parti ultranationaliste MHP, son allié, a ajouté M. Erdogan au cours d'une conférence de presse à l'issue d'un Conseil des ministres à Ankara.
«Tout projet de Constitution serait soumis à référendum», a-t-il affirmé.
M. Erdogan a déjà procédé en 2017 à une profonde révision de la Constitution actuelle, qui date de 1982 et a été rédigée dans la foulée d'un coup d'État militaire.
Aux termes de cette refonte constitutionnelle validée par référendum, la Turquie est notamment passée d'un régime parlementaire à un système présidentiel ayant considérablement élargi les pouvoirs du chef de l'État.
Ces dernières déclarations interviennent à un moment où nombre d'analystes et d'opposants lui prêtent l'intention de précipiter les prochaines élections présidentielle et législatives prévues pour 2023, ce qu'il dément.
Aux élections présidentielle et législatives organisées en 2018, M. Erdogan a été confortablement réélu, mais son parti, l'AKP, n'a pu remporter la majorité absolue qui lui aurait permis de gouverner seul.
Le chef de l'État dirige actuellement la Turquie dans le cadre d'une coalition informelle avec le chef du MHP, Devlet Bahçeli, autrefois l'un de ses plus féroces rivaux.
Signe des dangers qui le guettent, M. Erdogan a essuyé en 2019 un spectaculaire revers électoral aux municipales en perdant Istanbul et Ankara, des villes que les conservateurs contrôlaient depuis un quart de siècle.
M. Erdogan, âgé de 66 ans, est au pouvoir depuis 2003, d'abord en tant que Premier ministre, puis, depuis 2014, en tant que président.
En théorie, la Constitution actuelle lui permet de rester jusqu'en 2028 à la tête de l'État.