Japon: feu vert à la révision du procès du «plus ancien» condamné à mort au monde
Par AFP
La Cour suprême nippone a confirmé un jugement autorisant la révision du procès d'un Japonais considéré comme le plus ancien condamné à mort au monde, ont annoncé mercredi 23 décembre ses avocats.
Iwao Hakamada, aujourd'hui âgé de 84 ans, a passé 48 ans dans les couloirs de la mort après sa condamnation en 1968 à la peine capitale pour un quadruple assassinat. Ce Japonais avait avoué le crime après des semaines d'interrogatoires en détention avant de se rétracter. Il ne cessait depuis de clamer son innocence, mais la peine avait été confirmée en 1980.
Cet ancien boxeur avait été relâché en 2014, un tribunal admettant des doutes sur sa culpabilité en se basant sur des tests ADN et décidant de lui offrir un nouveau procès. Mais coup de théâtre en 2018 : sur appel du parquet, la Haute cour de Tokyo avait remis en cause la fiabilité des tests et annulé la décision. Iwao Hakamada attendait depuis, en liberté, que la Cour suprême tranche. «La Cour suprême a pris aujourd'hui la décision de casser la décision de la Haute cour de Tokyo» empêchant Hakamada d'être de nouveau jugé, a écrit son avocat, Me Yoshiyuki Todate, sur son blog. «Le fait que le chemin vers la révision du procès n'ait pas été bloqué est extrêmement bienvenu. J'ai encore les mains qui tremblent après avoir entendu cela. Je suis vraiment, vraiment content».
Les soutiens d'Iwao Hakamada mettent en avant les séquelles psychologiques que lui ont laissées quatre décennies en cellule à craindre la pendaison. Ces dernières années, les demandes de révision de procès se multiplient dans l'archipel nippon, en raison de changements dans la justice, dont la mise en œuvre de jurys populaires pour les crimes graves et le fait que les procureurs doivent présenter les preuves matérielles à la défense. Ce n'était pas le cas autrefois et aboutissait à faire d'aveux les éléments probants. Depuis les années 1980, quatre condamnés à mort ont été innocentés au Japon, plusieurs décennies après leur première sentence.