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Riyad reste vulnérable malgré son important arsenal militaire

Riyad reste vulnérable malgré son important arsenal militaire
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Par Challenges.fr

Plus d'un an après les attaques de drones et de missiles contre deux sites du géant saoudien Aramco, le royaume a de nouveau été visé ces dernières semaines par des tirs et des explosions, notamment en provenance du Yémen.

Plus d'un an après la terrible attaque de drones et de missiles de croisière qui a ravagé deux sites du géant pétrolier Aramco, l'Arabie saoudite est de nouveau ciblée par plusieurs attaques. Le dernier en date a provoqué, le 14 décembre, une explosion au sein d'un pétrolier naviguant au large de la ville portuaire de Jeddah. Attaqué par «un bateau piégé, le BW Rhine n'a toutefois eu à déplorer aucune victime. Quelques semaines plus tôt, le 24 novembre, Aramco avait aussi annoncé qu'une frappe d’Ansarullah du Yémen sur son usine de Jeddah avait fait un «grand trou» dans le toit d'un réservoir de pétrole. Cette usine, qui compte au total treize réservoirs, fournit des produits raffinés, y compris du kérosène, pour tout l'ouest du pays.

Ces derniers mois, Ansarullah a intensifié les attaques contre Riyad en représailles à l’offensive que mène le royaume au Yémen. «Depuis l'automne, les Houthis sont de nouveau très virulents envers l'Arabie saoudite, constate un diplomate français en poste dans la région. Après les attaques contre Aramco en 2019, les Houthis avaient en quelque sorte calmé le jeu, là ce n'est clairement plu...

50% de la production à l'arrêt en 2019

Fleuron de l'économie saoudienne, Aramco revêt une importance capitale pour le premier exportateur mondial de brut. La société a été introduite à la Bourse de Riyad en décembre dernier et sa capitalisation boursière a un temps dépassé les 1.500 milliards de dollars. En septembre 2019, les attaques contre les sites d'Abqaiq et Khurais d'Aramco avaient provoqué un séisme dans le pays. Elles avaient débouché sur l'interruption de la production de 5,7 millions de barils de brut, soit environ 50% de la production totale de la compagnie. Une humiliation aux allures de Pearl Harbor pour un pays qui dispose pourtant du troisième budget militaire du monde, selon le think-tank suédois Sipri, derrière les Etats-Unis et la Chine, mais devant l’Inde, la France, la Russie, et le Royaume-Uni.

Dotée de systèmes de défense aérienne de différents types et différentes portées: Hawk et Patriot américains, systèmes Shahine dérivés du Crotale du français Thales, l'Arabie saoudite n'avait pas été en mesure de réagir aux modestes attaques de drones ou aux tirs de missiles qu'a revendiqués Ansarullah. «C'était une véritable humiliation pour le gouvernement saoudien et notamment pour le prince héritier Mohammed ben Salmane», poursuit le diplomate précité. Ce dernier, homme fort du royaume, qui est également ministre de la Défense, n'avait pourtant pas lésiné sur le carnet de chèques en s'offrant en avril 2019 contre 5,4 milliards de dollars, le dernier des systèmes anti-missiles THAAD (Lockheed Martin). «Les Saoudiens ont tout le matériel dont ils ont besoin mais ils sont incapables de s'en servir correctement», ajoute un vendeur d'armes tricolore.

Cela n'a toutefois pas empêché le gouvernement saoudien de se doter ces derniers mois de nouveaux matériels. Comme l'a déjà écrit Challenges, il dispose depuis l'an dernier de deux radars de détection livrés par Thales. Baptisé «GM 200», ce dernier est un appareil de surveillance aérienne de moyenne portée capable d'identifier des drones mais aussi des projectiles RAM (roquettes artilleries mortiers). «Depuis les attaques contre Aramco, les Saoudiens ont dit à Thales qu'ils voulaient d'autres radars pour détecter les drones qui peuvent arriver au nord-est et au sud du royaume», précisait il y a quelques mois un industriel français à Challenges.

Demandes supplémentaires

Au-delà des radars, quelques semaines avant les frappes du 14 septembre, l'armée saoudienne a également fait part aux industriels français de besoins pressants. Alors qu'un avenant au contrat LEX de modernisation des frégates Sawari I devait être signé en juillet entre le ministère de la Défense saoudien et la société ODAS, en charge de la négociation et de la gestion des grands contrats d'armement entre la France et l'Arabie saoudite, Riyad a formulé des demandes supplémentaires. L'armée saoudienne a demandé que les trois frégates en instance de rénovation -elles étaient initialement 4 mais une a été attaquée et n'est pas réparable- soient dotées de missiles antinavires OTOMAT fabriqués par le groupe européen MBDA. «Les Saoudiens veulent se prémunir contre les éventuelles agressions de l'Iran essentiellement en mer Rouge mais aussi plus à l'est», poursuit le même industriel précité.

A cela, il convient d'ajouter qu'un tiers du matériel du contrat Saudi-French Military Contract (SFMC), ex-Donas, un contrat géant de 2,4 milliards d'euros signé entre ODAS et l'Arabie saoudite doit être délivré d'ici à 2022. SFMC prévoit de livrer 75 équipements différents à Riyad: des hélicoptères Cougar d'Airbus, des canons Caesar de Nexter, des corvettes, des missiles Milan ou encore des blindés VAB Mk3 de RTD. Des armes que Riyad avait achetées, à l'origine, pour équiper l'armée libanaise, avant de récupérer la commande pour son propre compte.

La liquidation d'ODAS prévue en 2023 conformément à la volonté de MBS, devrait aussi amener quelques évolutions côté français. Par exemple, en prévision de cette fin prochaine, depuis janvier 2019 ODAS n'assure plus l'entretien et la formation des avions ravitailleurs A330-MRTT. Le contrat doit être repris en propre par Airbus. Il en ira de même pour la modernisation des frégates du contrat Sawari II -revenu dans l'actualité cette semaine à l'occasion du procès Karachi- qui ne sera plus à la charge d'ODAS mais probablement de Naval Group.

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