France: Indignation après le démantèlement violent par la police d’un campement de migrants
Par AlAhed avec sites web
Plusieurs séquences déclenchent l’indignation ce mardi. Des policiers qui vident des tentes de leurs occupants sans ménagement, un journaliste pris à partie par un membre des forces de l’ordre, et un jeune homme crocheté par un policier en tentant de fuir. Pour ce dernier fait, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour «violences».
Plusieurs centaines de migrants, en errance depuis l’évacuation d’un important camp d’exilés la semaine dernière, ont monté lundi un nouveau campement dans le centre de Paris, aidés par des associations de défense de leurs droits. Les forces de l’ordre ont démantelé sans ménagement dans la soirée en faisant notamment usage de gaz lacrymogène.
Ces images ont provoqué la réaction de Gérald Darmanin sur Twitter qui les a jugées «choquantes» et a demandé «un rapport circonstancié sur la réalité des faits au Préfet de police d’ici demain midi».
Mardi midi, le ministre de l’Intérieur a indiqué avoir reçu le fameux rapport. Le préfet «m’a proposé la saisine de l’IGPN sur plusieurs faits inacceptables. J’ai demandé à l’IGPN de remettre ses conclusions sous 48h et les rendrai publiques», écrit Gérald Darmanin.
Les réactions : «honte» contre «ordres légitimes»
L’opposition de gauche se déchaîne mardi matin pour dénoncer ces images, alors qu’est apparu sur Twitter, le hashtag #DarmaninDemission. Ian Brossat, élu de Paris et porte-parole du PC, a estimé que «ce à quoi on a assisté hier (lundi) est profondément scandaleux et honteux». «C’est une honte absolue», a écrit Julien Bayou, secrétaire national EELV.
Utopia 56, une des associations d’aide aux migrants qui a aidé à l’occupation de la place, évoque «une persécution permanente des personnes exilé.e.s». «On ne répond pas à la misère par la matraque. La mise à l’abri des migrants du campement de Saint Denis restés à la rue est urgente, indispensable, indiscutable. Il en va de l’honneur de la République française», a commenté Delphine Rouilleault, directrice générale de France terre d’asile.
Deux membres du gouvernement, Marlène Schiappa et Emmanuelle Wargon, ont rappelé que «les migrants doivent être traités avec humanité et fraternité».
A droite, le député Eric Ciotti (LR) a assuré que «les ordres reçus par les policiers étaient justes et légitimes», qualifiant la réaction de Gérald Darmanin de «lâche».
Le contexte : la loi sécurité globale votée cet après-midi
Cette polémique tombe très mal pour le gouvernement, dont la loi dite de «sécurité globale» doit être votée par l’Assemblée nationale ce mardi. D’autant plus que le texte prévoit avec son article 24 de pénaliser d’un an de prison et 45 000 euros d’amende la diffusion de «l’image du visage ou tout autre élément d’identification» de membres des forces de l’ordre en intervention, quand elle porte «atteinte» à leur «intégrité physique ou psychique». Une mesure plébiscitée par les syndicats policiers.
Pour Jean-Luc Mélenchon, «le ministre Darmanin a demandé un rapport parce qu'il trouve les images choquantes. Il est donc utile de disposer d'images choquantes pour réagir et le ministre en a fait l'aveu». «A quoi sert de faire voter une loi pour protéger les policiers, si c’est pour les désavouer collectivement au moindre incident ou à la moindre provocation d’extrême gauche», a estimé de son côté Marine Le Pen.