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Jour de vote en Tanzanie, le «bulldozer» Magufuli en lice pour un second mandat

Jour de vote en Tanzanie, le «bulldozer» Magufuli en lice pour un second mandat
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Par AlAhed avec AFP

Les Tanzaniens élisent mercredi 28 octobre leur président et leurs députés au terme d'une campagne électorale animée, le chef de l'État sortant John Magufuli, surnommé le «bulldozer», affrontant l'opposant Tundu Lissu qui a su revigorer l'opposition, largement étouffée durant le quinquennat qui s'achève.

Sur l'archipel semi-autonome de Zanzibar, la situation s'est nettement tendue à la veille du scrutin, l'opposition accusant les forces de sécurité d'avoir tué par balles dix personnes, ce que la police dément.

«Comment pouvez-vous avoir une élection quand il y a des gaz lacrymogènes et des tirs à balles réelles partout? Ce n'est en aucun cas une élection équitable, c'est juste une farce», s'est insurgé devant la presse Seif Sharif Hamad, le candidat de l'opposition à Zanzibar, retenu pendant plusieurs par la police mardi.

Plus de 29 millions d'électeurs sont appelés aux urnes de 07 heures à 16 heures en Tanzanie continentale et 556.000 sur l'archipel semi-autonome de Zanzibar, qui constituent ensemble la République unie de Tanzanie (environ 58 millions d'habitants).

Un important dispositif sécuritaire était déployé à Zanzibar, dont les électeurs votent non seulement au scrutin national (présidentielle, législatives), mais également pour désigner le président et les parlementaires de l'archipel.

Sur Twitter, l'ambassadeur américain Donald Wright s'est dit «alarmé par les informations en provenance de Zanzibar et ailleurs sur des violences, des morts et des détentions» et a appelé les forces de sécurité à «faire preuve de retenue».

À l'échelle nationale, parmi les quinze candidats en lice à la présidentielle, se dégage un duel entre John Magufuli, 60 ans, candidat à sa réélection sous les couleurs vert et jaune du parti CCM («Le parti de la révolution»), au pouvoir depuis 1961, et Tundu Lissu, 52 ans, pour le compte du Chadema (Parti pour la démocratie et le progrès).

Pendant son premier mandat, John Magufuli a, selon ses détracteurs, fait preuve d'autoritarisme et adopté un style de gouvernance abrupt, fidèle au surnom acquis lorsqu'il était ministre des Travaux publics (2010-2015): le «bulldozer» ou «Tingatinga» en kiswahili.

Peu après son élection, sa tolérance envers toute forme de critique a semblé s'effondrer. Les rassemblements politiques hors période électorale ont été interdits, des lois draconiennes contre les médias adoptées, des journalistes, activistes et membres de l'opposition arrêtés. Plusieurs membres de l'opposition ont été tués.

L'Eglise luthérienne et l'Eglise catholique ont dénoncé en 2018 le climat de «peur» qui s'est installé, selon elles, dans la population et sape «l'unité du pays» pourtant souvent considéré comme un havre de paix en Afrique de l'Est.

John Magufuli met en avant sa lutte contre la corruption, l'extension de l'accès à l'éducation gratuite et une politique de grands projets d'infrastructures dans les domaines hydroélectrique et ferroviaire. Il a également ressuscité la compagnie aérienne nationale.

Face à John Magufuli se dresse Tundu Lissu, un avocat de formation, revenu au pays fin juillet après trois ans d'exil. En septembre 2017, après avoir été arrêté pas moins de six fois durant l'année pour divers motifs, Tundu Lissu a été victime d'une tentative d'assassinat - qu'il assure politiquement motivée - devant son domicile à Dodoma, la capitale administrative. Il est atteint de seize balles. Vingt opérations chirurgicales plus tard, le quinquagénaire boitille, mais a quand même su faire campagne et attirer les foules.

Au point qu'en octobre, le leader du populaire parti d'opposition ACT-Wazalendo, Zitto Kabwe lui a apporté son soutien, estimant que Tundu Lissu avait «les meilleures chances de battre M. Magufuli». En retour, le Chadema s'est rangé pour la présidence de l'archipel de Zanzibar derrière Seif Sharif Hamad, un vétéran de l'opposition locale, candidat sous la bannière de ACT-Wazalendo.

La campagne électorale s'est tenue sans aucune considération pour le coronavirus, John Magufuli ayant déclaré son pays «libéré du Covid» en juillet, grâce aux prières.

Faute de sondages d'opinion, difficile d'évaluer la popularité du président sortant et le ressenti de sa politique au sein de la population.

Sous Magufuli, l'économie a continué de croître, avant le Covid-19, au taux impressionnant de 6% par an, mais les créations d'emplois ont été «peu nombreuses» et la collecte agressive des taxes a affecté le secteur privé et refroidi les investisseurs, souligne Thabit Jacob, un analyste politique tanzanien installé au Danemark.

Le FMI prévoit que la Tanzanie échappera à la récession cette année, en dépit de la pandémie, avec une croissance d'1,9%.

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