Expulsé de Turquie, un terroriste français placé en garde à vue à Paris
Par AFP
Othman Garrido, 26 ans, a été expulsé lundi par la Turquie. Arrivé en France, il a été placé en garde à vue dès son arrivée à Paris. Parti faire le combat en Syrie en 2012, il avait appelé en 2014 à tuer les «mécréants». Il se faisait appeler sur place «Abou Salman al Faransi» et avait été capturé en juillet dernier par les forces de sécurité turques alors qu'il se trouvait dans la région de Kilis, en Turquie, près de la frontière avec la Syrie, selon l'agence turque Anadolu.
Il a été expulsé dans le cadre du «protocole Cazeneuve», du nom de l'ex-ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, un accord de coopération policière signé en 2014 par Paris et Ankara permettant d'intercepter à leur retour les terroristes français aux mains des autorités turques. En avril 2017, une cour d'assises des mineurs l'avait condamné en son absence à 15 ans de réclusion criminelle pour avoir rejoint les rangs du groupe «Daech» en Syrie, participé à des entraînements et à des combats sur place, et exhorté les musulmans de France à commettre des actions violentes.
Quatre autres membres de sa famille – ses parents et deux de ses frères, aussi partis en Syrie – avaient également été condamnés lors de ce procès à des peines de 10 et 15 ans de prison. Une nouvelle enquête a été ouverte récemment contre le jeune homme, qui est par ailleurs visé depuis 2016 par un mandat d'arrêt. Cette enquête viserait des faits commis après sa condamnation de 2017. C'est avec son frère aîné qu'Othman Garrido, deuxième de cinq enfants, a quitté la France en 2012, un peu plus d'un an après le début de la révolution syrienne, devenue au fil des ans une guerre sans merci entre le régime de Bachar el-Assad, des groupes rebelles et des groupes terroristes.
Rejoints en Syrie par leur famille
Ils avaient d'abord rejoint la branche syrienne d'«Al-Qaïda», puis l'organisation «Daech». Leur famille – père, mère et trois autres enfants – les y ont rejoints quelques mois plus tard. Dans une vidéo de 7 minutes, diffusée en novembre 2014 par la branche médiatique de «Daech» et intitulée « What are you waiting for ? » (Qu'attendez-vous ?), Othman Garrido était apparu aux côtés de deux autres Français. L'un est depuis supposé mort dans un attentat suicide à la frontière entre la Syrie et l'Irak. L'autre pourrait être aux mains de groupes kurdes dans le nord de la Syrie. «Tuez-les !» lançait-il, visage découvert, face caméra, à ses «frères» en France, à propos des non-musulmans. «Crachez-leur sur le visage, écrasez-les avec vos voitures !». « Ne les laissez pas dormir, laissez-les dans le stress, laissez-les dans l'insécurité. Il y a des armes, il y a des voitures, il y a des cibles», disait-il encore, après avoir brûlé son passeport français.
Avant de devenir «Abou Salman al Faransi», son nom au sein de «Daech», Othman Garrido a grandi à Montpellier. Avec son aîné, il grandit sous l'influence d'un père converti et attiré par le «djihad» depuis des années. Lors du procès de la famille en 2017, les oncles et tantes d'Othman Garrido avaient expliqué que, une fois en Syrie, le père et les deux aînés prenaient part aux combats. «Même ma femme et ma fille ont un pistolet et une grenade chacune», avait affirmé à ses proches le père, Thierry Garrido, depuis la Syrie. Pour l'heure, seul le cadet de la famille est donc de retour en France. On ignore si ses parents, frères et sœurs sont toujours vivants. Selon Paris, environ 450 ressortissants français affiliés à «Daech» – 150 adultes et 300 enfants – sont actuellement détenus en prison ou retenus dans des camps en Syrie.