Raad: Nous garderons à nous même les véritables propos positifs que nous avons entendus du président Macron
Par AlAhed
Le bureau du chef du bloc parlementaire «Fidélité à la Résistance» (Hezbollah) a démenti les informations publiées par le journal français Le Figaro concernant la rencontre entre le député Mohammed Raad et le président français Emmanuel Macron lors de sa dernière visite au Liban le 6 août 2020.
«Les informations publiées sont dénuées de tout fondement. Nous garderons à nous-mêmes les véritables propos positifs que le député Raad a entendus du président Macron, partant du principe "les secrets d'une réunion à deux doivent être gardés"», a affirmé le bureau dans un communiqué.
«On ne vous ennuie pas sur la question de vos armes»
Le correspondant du quotidien français à la capitale libanaise, Georges Malbrunot, a affirmé mardi, citant une source française à Beyrouth, que le président français avait assuré au Hezbollah que la France n’ennuyait pas le parti libanais sur la question de ses armes.
Emmanuel Macron avait reçu les chefs de partis politiques à la résidence des Pins lors de sa première visite le 6 août dans un Liban, meurtri par la tragique explosion qui avait tué près de 200 personnes, deux jours plus tôt au port de la capitale.
Le président français avait reçu les chefs de partis politiques à la résidence des Pins lors de sa première visite le 6 août dans un Liban, meurtri par la tragique explosion qui avait tué près de 200 personnes, deux jours plus tôt au port de la capitale.
Parmi eux, Mohammed Raad, chef du bloc parlementaire du Hezbollah, qui eut droit, à l’issue de la rencontre, à un aparté de huit minutes avec le chef de l’État.
Première fois depuis la naissance du Hezbollah, en 1982, qu’un président français échangeait en direct avec un de ses membres.
«Cela équivaut à une reconnaissance internationale», se félicitait quelques jours après un proche de la mouvance, classée «terroriste» par les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Allemagne.
«Je veux travailler avec vous pour changer le Liban», lui avait dit Macron, selon la source française à Beyrouth. «Mais prouvez que vous êtes libanais, avait-il ajouté. Tout le monde sait que vous avez un agenda iranien. On connaît très bien votre histoire, on sait votre identité particulière, mais vous êtes libanais, oui ou non? Vous voulez aider les Libanais, oui ou non? Vous parlez du peuple libanais, oui ou non? Donc rentrez à la maison, avait recommandé Macron, quittez la Syrie et le Yémen, et faites le boulot ici pour construire un État parce que ce nouvel État va aussi bénéficier à vos familles».
Quelques instants après, lors de sa conférence de presse, Macron enfonçait le clou en réponse à une journaliste libanaise qui lui demandait s’il pouvait accepter des membres du «Hezbollah terroriste» dans un futur gouvernement.
«Le Hezbollah a des députés élus par les Libanais, il fait partie de la scène politique», assurait Macron. Sous-entendu: je ne peux pas le rayer de la carte.
En coulisses, des messages ont été passés ces dernières semaines entre Paris et le Hezbollah. Selon la source française précitée, «Macron leur a dit en substance: on ne vous ennuie pas sur la question de vos armes et sur deux ou trois points qui vous importent ; mais en contrepartie, vous mettez de l’oxygène dans le système. Acceptez de jouer le jeu, car on ne peut plus continuer comme cela, et vos partisans couleront avec le système.»
Certes, le Hezbollah, dont les circuits financiers échappent au système bancaire, n’est pas visé par la menace d’Emmanuel Macron de sanctionner les responsables libanais, s’ils s’obstinaient à refuser «le nouveau contrat politique» qu’il appelle de ses vœux.
Mais pour faciliter la formation d’un gouvernement capable de réaliser des réformes indispensables à la survie d’un pays au bord de la faillite, le parti chiite a accordé sa bienveillance à Mustapha Adib, choisi lundi par les ténors sunnites.
«Le Hezbollah veut un gouvernement qui réussisse tout d’abord à réparer les dégâts causés par la catastrophe du port, puis qu’il pose des jalons pour l’avenir», souligne Walid Charara, un analyste politique proche du parti.
Mohammed Raad aura-t-il droit ce mardi soir à un nouvel aparté avec Emmanuel Macron à la résidence des Pins? La formation chiite est prête à un pas de deux avec lui, mais elle s’interroge. «Est-ce qu’il y a un mandat américain pour soutenir les efforts français?», se demande Walid Charara.
En attendant, la veille de l’arrivée de Macron, le secrétaire général du Hezbollah, sayed Hassan Nasrallah, a affirmé qu’il était prêt à discuter du «nouveau contrat politique» que le président français tente de mettre sur pied au cours de sa visite au Liban. «À condition qu’il s’agisse d’un dialogue libanais et que ce soit la volonté de toutes les parties libanaises», a ajouté sayed Nasrallah. Un oui mais, en quelque sorte.