Liban: Le ministre des Affaires Etrangères Nassif Hitti a présenté sa démission
Par AlAhed avec AFP
Le ministre des Affaires étrangères libanais Nassif Hitti a annoncé lundi 3 août sa démission sur fond de désaccords avec le gouvernement, dans un pays en plein effondrement économique et incapable d'enclencher les réformes attendues par la communauté internationale.
Le Ministre des Affaires Etrangères Nassif Hitti a présenté lundi sa démission au Premier ministre Hassane Diad, protestant contre les «performances du cabinet dans un certain nombre de dossiers». Il a précédemment indiqué qu’il expliquera sa démission dans un communiqué à venir. Des contacts entre les différents partis politiques seraient en cours pour désigner un nouveau ministre des Affaires Etrangères et cela afin d’éviter la chute du gouvernement actuel.
Le Liban connaît depuis plusieurs mois une dépréciation inédite de sa monnaie, une flambée des prix, des licenciements à grande échelle et des restrictions bancaires sur les retraits et les virements à l'étranger. «J'ai décidé de démissionner de mes fonctions de ministre des Affaires étrangères, en souhaitant le succès au gouvernement et aux responsables de la gestion de l'État, mais en leur souhaitant aussi de reconsidérer plusieurs de leurs politiques et pratiques», a indiqué M. Hitti dans un communiqué.
Il a également déploré «l'absence d'une réelle volonté pour entreprendre une réforme structurelle et totale qui est nécessaire et qui est réclamée par notre société et par la communauté internationale». «Pour construire un État, il faut des esprits créatifs, une vision claire, des intentions sincères, une culture d'institutions et d'État de droit», a-t-il relevé.
Des réformes attendues «depuis trop longtemps»
Cette démission intervient plus d'une semaine après la visite au Liban du chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, qui n'avait pas mâché ses mots en évoquant «le côté passif» des autorités et qui avait réclamé des réformes attendues «depuis trop longtemps».
Nassif Hitti s'est rendu lundi matin au grand sérail, le siège du Premier ministre, pour remettre sa démission au chef du gouvernement Hassan Diab. Ce gouvernement a été formé fin janvier, plusieurs mois après la démission de Saad Hariri et de son équipe.
Le gouvernement a adopté fin avril un plan de sauvetage économique visant à relancer la croissance et à assainir les finances publiques mais les réformes, notamment dans le domaine de l'électricité, peinent à se concrétiser. Les autorités ont initié mi-mai des négociations avec le Fonds monétaire international mais le processus reste au point mort. Près de la moitié des habitants vivent dans la pauvreté et 35% de la population active est au chômage, selon des statistiques officielles.