Le Yémen livré à l’épidémie: Complicité scandaleuse entre l’ONU et la coalition
Par AlAhed
A la suite de la déclaration du gouvernement de sauvetage national dans les gouvernorats libérés au Yémen sur un deuxième cas du nouveau coronavirus dans la capitale Sanaa, le 9 mai, le gouvernement est désormais devant un véritable péril qui menace des millions de Yéménites, plongés dans des conditions sanitaires fragiles en raison de décennies de corruption suivies de cinq ans de blocus et d'offensive américano-saoudienne. Une offensive qui a détruit les infrastructures du pays, visant directement le plus grand nombre des installations sanitaires du pays, dont les hôpitaux.
Durant plus de cinq mois consécutifs, le Yémen n'a enregistré aucun cas de coronavirus, au moment où le monde souffrait de cette pandémie.
Cependant, durant cette période les forces de l'offensive ont tenté incessamment de propager l'épidémie, alors que le gouvernement de sauvetage national a avorté ces tentatives, par des mesures de prévention, prises par le ministère de la Santé de l'Intérieur et de la haute commission de lutte contre les épidémies, depuis le premier jour du début de la crise.
Le porte-parole du ministère yéménite de la Santé, Youssef Al-Hadri, a affirmé à Al-Ahed que le ministère a entamé ses mesures depuis le début de la pandémie, selon les règles de la deuxième étape, à la suite notamment du recensement de cas de contamination, même si ces cas ne sont pas enregistrés.
Après l'apparition des infections au virus, le gouvernement a consolidé ses mesures et discuté des moyens à adopter en cas de la propagation de l'épidémie. Des démarches comprenant la fermeture de certains hôtels et clubs sportifs, de marchés et d'installations publiques, tout en menant des campagnes de désinfection des mosquées et des quartiers résidentiels.
Selon le responsable, le gouvernement a entamé une période de confinement expérimental pour une durée de 24 heures dans plusieurs quartiers surpeuplés de la capitale, en raison du flux des déplacés depuis cinq ans.
L'offensive américano-saoudienne propage le coronavirus au Yémen
Les forces de l'offensive et depuis les premiers jours de la crise sanitaire mondiale, ont entrepris d'ouvrir tous les passages qu'elles avaient fermés tout au long de cinq ans de blocus. Ces forces ont augmenté le nombre des vols vers les aéroports des gouvernorats occupés, au moment où plusieurs pays ont fermé leurs aéroports et passages frontaliers pour contenir la propagation du virus.
Ces forces ont également tenté d'introduire le virus au pays par le jet de quantités de masques suspects dans plusieurs gouvernorats libérés, par voie aérienne, notamment en mars dernier au-dessus de Sanaa, plusieurs semaines avant la déclaration du premier cas de contamination.
Selon Al-Hadri, plusieurs avions ont décollé de bases militaires saoudiennes vers le Yémen pour lancer des masques et des voiles, tandis-que les experts militaires savant bien combien coute une telle opération. Un fait qui prouve les objectifs hostiles de cette démarche.
La coalition de l'offensive avait pilonné les lieux de quarantaine dans les provinces Al-Bayda, Al-Hodeida et Saada, ce qui a permis la sortie de ceux qui ont survécu au bombardement, comme a été le cas dans le lieu Al-Salif d'Al-Hodeida, où 80 personnes placées sous la supervision médicale sont sorties, sans prendre des mesures de prévention.
En outre, malgré les mises en gardes onusiennes, les forces de l'offensive s'abstiennent de prendre les mesures de prévention du virus, transformant le Yémen en destination aux déplacés de différents pays, sans la prise d'aucune mesure de quarantaine et sans effectuer des tests.
Dans le même contexte, l'Arabie saoudite a extradé 800 Somaliens vers le gouvernorat Al-Jaouf, ignorant toute prise de mesure sanitaire ou de prévention, selon les déclarations du conseil supérieur des affaires humanitaires du gouvernement de sauvetage.
Face à cette insouciance systématique affichée par les pays de la coalition, le ministère de l'Intérieur a fermé 80 passages secondaires, utilisés pour la contrebande.
Les organisations onusiennes livrent le Yémen à l'épidémie
Le gouvernement a attribué aux pays de l'offensive la responsabilité totale de la propagation du coronavirus au Yémen, condamnant la position négative des Nations-Unis à cet égard. Une position en harmonie avec l'offensive américano-saoudienne visant à propager le virus dans le pays, selon le porte-parole du ministère de la Santé.
Au moment où l'Organisation des Nations Unies exprime sa préoccupation constante et les avertissements répétés concernant les craintes croissantes pour de millions de personnes au Yémen, en revanche, elle n'a point entrepris de fournir les fournitures préventives et curatives nécessaires pour affronter le coronavirus, même en étant pleinement consciente de l'effondrement de la situation sanitaire dans ce pays.
L'ONU n'a même pas fustigé la politique saoudienne d'expulser des milliers d'Africains de manière inhumaine, ce qui constitue une menace majeure pour la sécurité et la santé du Yémen.
L'Organisation des Nations Unies, confrontée à la plus grande catastrophe humanitaire au monde et, face au défi du coronavirus qui a exacerbé les souffrances du peuple yéménite, agit de manière irresponsable et continue d'imposer des conditions et des pressions dictées au gouvernement de sauvetage national pour mettre en œuvre le programme de la coalition des pays d'agression au Yémen. Elle a même réduit ses aides humanitaires de plus de 75%.
Al-Hadri a affirmé à Al-Ahed que l'ONU a exigé l'entrée de la pandémie du coronavirus au Yémen pour lui assurer des aides en matière de lutte et de prévention, tout en posant des conditions politiques pour assurer le soutien.
Les organisations onusiennes n'ont point répondu aux appels du ministère de la Santé depuis le début de la crise, refusant d'assurer le minimum de médicaments et de moyens de prévention.
Le Yémen se prépare à affronter la pandémie
Avec l'annonce du gouvernement des mercenaires de l'offensive sur la propagation du coronavirus dans le Sud, la menace s'est aggravée contre les gouvernorats libérés. De surcroit, le Yémen a souffert durant plusieurs années de l'offensive de plusieurs épidémies, dont le choléra.
Ces faits posent un défi majeur devant le gouvernement de sauvetage national qui lutte et affronte l'offensive du coronavirus en plus de l'offensive militaire, avec un budget zéro, comme a précisé le porte-parole du ministère de la Santé, dans le contexte du complot visant au transfert de la banque centrale de Sanaa à Aden et du blocus injuste qui se poursuit.
En plus de tous ces fardeaux et défis, la nature sociale et économique du peuple yéménite et ses propres conditions de vie, nécessitent des mesures de santé et de prévention proportionnées à cette conjoncture, car il est difficile dans la réalité yéménite d'appliquer les procédures universellement acceptées, puisque la majorité des fils du Yémen dépendent dans leurs revenus sur le travail quotidien, à la lumière de la persistance de l'interruption des salaires du gouvernement et du coût élevé de la vie, en l'absence d'épargnes qui permettent à des millions de personnes de rester chez elles et de respecter le confinement, sans parler du grand nombre de membres dans la famille yéménite qui atteignent souvent plus de 10 personnes vivant dans des maisons étroites et des mauvaises conditions de santé.
En dépit de tout ce qui précède, la société yéménite avance dans ses efforts pour affronter le virus, armée par sa croyance en Dieu, par sa résistance et patience, qui ont prouvé une efficacité exceptionnelle en face des circonstances les plus dures, sur la terre.
La pandémie du coronavirus n'est qu'une nouvelle arme utilisée par les forces américano-saoudiennes contre ce peuple, à l'ombre d'une complicité onusienne scandaleuse.