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Coronavirus en Russie: nouveau record d’infections, le faible taux de mortalité interroge

Coronavirus en Russie: nouveau record d’infections, le faible taux de mortalité interroge
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Par AlAhed avec AFP

La Russie a annoncé jeudi 7 mai avoir enregistré un nouveau record de 11.231 infections au nouveau coronavirus, tandis que la mortalité semble toujours rester faible, avec 88 décès en 24 heures portant le total à 1625. Les autorités vantent leurs mesures précoces et des tests massifs, d'autres l'expliquent par des méthodes de comptage opaques.

Avec désormais 177.160 cas recensés, la Russie double la France pour se classer au 4e rang européen et au 5e rang mondial en nombre d'infections, selon le décompte établi jeudi par l'AFP.

L'envolée du nombre de contaminations depuis une semaine s'explique, selon les autorités, par la multiplication des tests de dépistage -4,8 millions selon le décompte de jeudi- qui permet de détecter les cas asymptomatiques notamment et qui ne sont pas nécessairement comptabilisés dans d'autres pays faute d'accès aux tests.

En termes de nouvelles contaminations journalières, la Russie se classe derrière les Etats-Unis qui enregistrent en moyenne entre 20 et 25.000 cas chaque jour actuellement, et juste devant le Brésil qui a comptabilisé 10.503 cas ces dernières 24 heures.

Rapidité de la réaction

Avec 1625 morts, la Russie reste par contre très loin des niveaux de mortalité enregistrés en France (plus de 25.000 morts pour 174.000 cas) et même moins frappée que l'Allemagne, qui avec un peu plus de 7000 décès pour 166.000 malades est considérée comme un pays ayant une réponse particulièrement efficace à la pandémie.

Le ministère de la Santé et l'agence sanitaire Rospotrebnadzor ont justifié coup sur coup cette semaine ces résultats, mettant en avant la rapidité de la réaction russe face à l'épidémie.

Dans un communiqué, Rospotrebnadzor notait notamment que «la Russie est à la 2e place mondiale en nombre de tests: plus de 4,46 millions». Pour l'agence, ils «ont permis de détecter et d'isoler en temps opportun les patients atteints de formes bénignes ainsi que les porteurs asymptomatiques, ce qui réduit considérablement la circulation du virus parmi la population et certains groupes à risque».

Tests massifs

Si des doutes ont été émis sur leur fiabilité, les tests sont accessibles à tous, via les laboratoires privés. Depuis fin avril, le géant des nouvelles technologies Yandex offre même d'en réaliser gratuitement à domicile. Or, réaliser plus de tests permet de comptabiliser plus de malades et fait automatiquement baisser les statistiques de mortalité.

Anonymement, un représentant de Rospotrebnadzor a indiqué à l'AFP que le faible taux de contamination des plus de 65 ans était un autre indicateur de la réussite russe. Car les personnes âgées ont été confinées chez elles dès la deuxième moitié de mars, en particulier à Moscou, principal foyer de l'épidémie.

«La Russie a fait de son mieux pour que l'épidémie s'y déclenche plus tard: nous avons fermé les frontières et commencé à suivre les personnes infectées immédiatement», estime le docteur Evguéni Timakov, spécialiste des maladies infectieuses et conseiller du ministère de la Santé.

Ces quelques semaines ont permis à la Russie de se préparer, notamment en «isolant les personnes à risques et planifiant les places en hôpitaux». Et selon lui, le taux de mortalité à la fin de l'épidémie sera d'environ 3%, «trois fois moins qu'en Europe».

Opacité des comptages

Reste que l'opacité du système de comptage jette le trouble.

Plusieurs témoignages parus dans la presse russe ont raconté l'histoire de décès catalogués comme «pneumonies» malgré des tests positifs au coronavirus.

C'est le cas d'Anastasia Petrova, une journaliste de 36 ans décédée le 31 mars à Perm (Oural): sa mort a été qualifiée de «double pneumonie» jusqu'à ce qu'une de ses amies révèle qu'elle avait été testée positive, forçant les autorités à revoir la cause du décès.

La première malade du coronavirus décédée en Russie symbolise ces tergiversations: annoncée dans la matinée du 19 mars, la mort de cette femme de 79 ans avait été requalifiée dans la journée, les autorités affirmant que c'est un «caillot sanguin» et non le virus qui l'avait tuée.

Sergueï Timonine, vice-directeur du Laboratoire international de recherche sur la population et la santé, relève que «si quelqu'un meurt d'un infarctus mais a été diagnostiqué porteur du Covid-19, la cause officielle de sa mort sera l'infarctus».

«En d'autres termes, toutes les décès de porteurs du coronavirus ne seront pas inclus dans la liste des morts du coronavirus», dit-il à l'AFP.

Au final, il faudra attendre la publication des statistiques démographiques pour constater s'il y a une surmortalité importante.

«Ce n'est que fin mai, quand arriveront les statistiques d'avril, que nous verrons les vrais chiffres de la mortalité du Covid-19 en Russie», prédit l'expert.

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