Crise institutionnelle en Afghanistan : «accord provisoire» entre le président et son rival
Par AlAhed avec AFP
Les faits Ashraf Ghani et Abdullah Abdullah, qui se disputent le poste de président de l’Afghanistan, ont abouti à un «accord provisoire» après des mois de querelle, a annoncé vendredi 1er mai, l’ancien chef de l’exécutif afghan.
Début mars, après l’annonce des résultats fin février, Ashraf Ghani et Abdullah Abdullah les deux candidats à la présidentielle de septembre en Afghanistan s’étaient déclaré présidents le même jour au même endroit, plongeant le pays dans une crise institutionnelle.
Mais seul le président sortant, Ashraf Ghani, officiellement vainqueur avec 50,64 % des votes à la présidentielle, a été reconnu par la communauté internationale. Abdullah Abdullah, qui n’avait réuni que 39,52 % des suffrages, avait qualifié ces résultats de «trahison nationale». Entre-temps, 16 500 plaintes pour irrégularités, avaient été déposées.
Coup de théâtre, vendredi 1er mai, Abdullah Abdullah déclare sur Twitter : «Nous avons fait des progrès dans les négociations et nous sommes parvenus à un accord provisoire. Le travail sur les détails est en cours pour finaliser l’accord.» «Nous espérons le finaliser au plus tôt afin de pouvoir accorder toute notre attention à la lutte contre la pandémie de Covid-19, à la garantie d’une paix juste, digne et durable (…) dans un esprit d’unité nationale et de solidarité», a-t-il encore tweeté.
Faut-il y croire ? Le bureau d’Ashraf Ghani n’a fait aucun commentaire. Mais la veille jeudi 30 avril, son deuxième vice-président, Sarwar Danish, avait toutefois indiqué que l’ex-chef de l’exécutif dirigerait le conseil de paix afghan. «Des efforts sont en cours pour finaliser un accord avec le Dr Abdullah» dans le cadre d’un gouvernement d’union nationale qui se verrait renommé « gouvernement de participation nationale », avait-il ajouté.
Éventuels pourparlers de paix
Selon un cadre gouvernemental interrogé vendredi par l’AFP, Abdullah Abdullah a fait une offre à plusieurs volets à Ashraf Ghani, dans laquelle il se verrait diriger d’éventuels pourparlers de paix avec les talibans, alors que la moitié des postes gouvernementaux reviendrait à ses alliés.
Ce conflit institutionnel est intervenu au pire moment, alors que les insurgés intensifient leurs attaques contre les forces afghanes malgré la signature fin février d’un accord avec les États-Unis portant sur le départ de toutes les troupes étrangères du pays sous quatorze mois.
L’Afghanistan fait aussi face à une aggravation de l’épidémie de nouveau coronavirus, qui pourrait devenir «un désastre sanitaire dans les prochains mois», selon un rapport américain paru vendredi.
Dans un pays aux structures de santé très dégradées, où un très faible nombre de tests a été réalisé, le Covid-19 avait fait vendredi matin 64 morts pour près de 2 200 malades.