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Dégringolade de la valeur de la livre: le PM libanais pointe du doigt le gouverneur de la BDL

Dégringolade de la valeur de la livre: le PM libanais pointe du doigt le gouverneur de la BDL
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Par AlAhed avec OLJ

Le Premier ministre Hassane Diab a tenu à l’issue du Conseil des ministres hier un discours particulièrement véhément dans lequel il a lié la dégringolade de la valeur de la livre libanaise par rapport au dollar chez les changeurs aux choix de politique monétaire du gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé.

Une critique qui intervient deux jours après une première sortie dirigée contre la Banque centrale, dont il a dénoncé le manque de coopération, au milieu d’une semaine où la monnaie nationale s’est brusquement dépréciée par rapport au dollar sur le marché secondaire. Hassane Diab a également confirmé le lancement prochain de l’audit des comptes de la BDL, conformément à l’engagement pris par les dirigeants libanais vis-à-vis des créanciers du pays en mars puis du Groupe international de soutien au Liban au début du mois. Une opération pour laquelle le ministre des Finances a proposé de mandater, non pas une, mais trois sociétés internationales, ce que le gouvernement a approuvé. Selon le compte rendu de la réunion, les trois acteurs sélectionnés sont le réseau de cabinets d’audit KPMG, basé aux Pays-Bas, le cabinet de conseil américain en stratégie Oliver Wyman, et Kroll, un autre cabinet américain spécialiste de la forensic accounting ou juricomptabilité.

Le Premier ministre a laissé transparaître dans son discours l’ampleur des tensions qui opposent son cabinet à la BDL, que ce soit sur le plan purement institutionnel ou au niveau politique. «Il y a une ambiguïté suspecte dans l’action du gouverneur de la BDL, et cela a accéléré la dévaluation de la livre sur le marché noir», a-t-il notamment déclaré. Une référence directe aux récentes décisions prises par la BDL, dont certaines (les circulaires n° 148, n° 149 et n° 150) qui semblent poser les bases d’un nouveau régime de change. Des textes dont la publication a été suivie par un décrochage brutal de la valeur de la livre sur le marché secondaire, où elle avait commencé à plonger depuis l’été dernier au moment où les premiers effets de la grave crise économique et financière que traverse le pays ont commencé à se ressentir sur l’économie. À environ 3 800 livres hier sur le marché noir, voire plus selon certaines sources, la monnaie nationale est ainsi à un niveau 2,5 fois supérieur à la parité officielle de 1 507,5 livres, toujours en vigueur pour une palette de services bancaires de plus en plus réduite.

Si plusieurs experts ont ouvertement fait le lien entre la publication des circulaires et la dépréciation, d’autres voix ont invoqué une manipulation du marché orchestrée par les changeurs – agréés ou non. Il reste que l’affaire n’a pas cessé de faire du bruit jusqu’à hier.

«Nous ne pouvons plus accepter les politiques monétaires qui se décident en coulisses. (...) Que Riad Salamé vienne sincèrement expliquer aux Libanais ce qui se passe», a encore déclaré le Premier ministre. De façon plus énigmatique, il a également pointé du doigt «ceux qui préparent un coup d’État en volant une seconde fois l’argent des Libanais et en augmentant le prix du dollar, et qui pensent que nous les regarderons faire», une déclaration à connotation fortement politique.

Le Premier ministre a également communiqué certains chiffres, indiquant que les pertes de la BDL avaient totalisé «7 milliards de dollars depuis le début de l’année» et que les dépôts bancaires avaient reculé de près de 6 milliards de dollars entre janvier et février, selon les seules données qui avaient pour le moment été transmises par les banques. Le Premier ministre a aussi évoqué un projet de loi en discussion qui prévoit de contraindre plusieurs catégories de personnes – dont des dirigeants et actionnaires de banques, et responsables publics – à rapatrier les fonds supérieurs à 50 000 dollars qu’ils auraient transférés hors du Liban à partir du 17 octobre dernier, date à laquelle le pays est devenu le théâtre de manifestations contre la classe politique. Il a enfin souligné que la mise en œuvre du plan de redressement que le gouvernement devrait finaliser la semaine prochaine était d’une «nécessité absolue» pour le pays, en situation de défaut (voir encadré).

Sur un autre plan, le gouvernement a décidé de prolonger jusqu’à la fin du mois de juin le doublement de la vitesse de la connexion internet et l’octroi de 100 gigabytes (GB) de téléchargement de plus par mois pour les clients de l’opérateur public Ogero, et ce sur demande du ministère des Télécoms. Une mesure prise dans le cadre de l’état d’urgence décrété le 15 mars pour contenir l’épidémie de Covid-19, état d’urgence qui a une nouvelle fois été prolongé hier jusqu’au 10 mai.

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